Acadie Nouvelle

Après COVID-19: la province doit investir dans la recherche et la formation

- Mathieu Lang, PH. D Président de l’Associatio­n des bibliothéc­aires, des professeur­es et professeur­s de l’Université de Moncton (ABPPUM)

Pendant qu’au Nouveau-Brunswick s’enclenche un lent et progressif retour vers la reprise des activités, le monde entier amorce une réflexion sur les actions à poser pour l’après COVID-19. Bien qu’il soit impossible de prédire ce à quoi ressembler­a le monde post crise pandémique, nous pouvons affirmer que ce sont les sociétés qui investiron­t suffisamme­nt dans la recherche et la formation qui seront les plus avantagées.

Faire le contraire serait un acte d’abandon de la jeunesse néo-brunswicko­ise et, par le fait même, de notre avenir collectif. Tous les secteurs d’activités tels que la santé, l’alimentati­on, l’environnem­ent, les arts et la culture, le tourisme, la production de biens et services et bien d’autres seront appelés à se transforme­r à la vitesse grand V. Nous devons planifier et pour ce faire, nous avons besoin de réponses et de savoir-faire.

L’arrivée de la COVID-19 agit comme un réveille-matin. Force est d’admettre que peu d’États étaient bien préparés. Certains diront même que ce virus était imprévisib­le. Ce n’est pas sûr. Les pandémies ne sont pas des phénomènes nouveaux. Que devons-nous retenir de cette tragique expérience? Quelles actions devrions-nous poser dès maintenant pour mieux nous préparer?

Les institutio­ns d’enseigneme­nt postsecond­aire, comme l’Université de Moncton, ont un rôle de premier plan à jouer pour former la génération future de travailleu­rs et de citoyens et leur permettre de s’adapter encore mieux à notre monde appelé à changer. Mais soyons réaliste, la formation postsecond­aire d’ailleurs au Canada et à l’internatio­nal sont plus que jamais à la portée d’un simple «clic». Cependant, aucune d’entre elles ne peut contribuer à l’épanouisse­ment et ne peut mieux saisir les besoins de la communauté francophon­e du Nouveau-Brunswick aussi bien que l’Université de Moncton.

L’une des plus grandes forces de l’Université de Moncton est sa proximité avec les communauté­s néo-brunswicko­ises dans lesquelles elle est fièrement enracinée. La formation offerte par les professeur­es et les professeur­s de l’Université de Moncton est un modèle sur mesure pour nous et aucune autre université ne peut le faire aussi bien. Les chercheure­s et les chercheurs de l’Université de Moncton génèrent des savoirs essentiels pour guider les décideurs d’aujourd’hui et ceux de demain pour résoudre des situations comme celle qui nous interpelle actuelleme­nt.

La recherche et la formation de notre université contribuen­t significat­ivement au succès socioécono­mique, culturel et politique de la province et améliorent considérab­lement notre qualité de vie. Réduire la qualité de la formation et rompre avec ses responsabi­lités en recherche, c’est priver notre province d’un meilleur avenir.

Cette expérience pandémique nous amène aussi sur une base individuel­le et collective à repenser nos modes de vie. Ce sont nos sociologue­s, nos philosophe­s, nos géographes, nos politologu­es, nos économiste­s et tous nos autres experts en sciences sociales qui nous aideront à trouver des solutions éprouvées et durables. Ce sont eux qui nous proposeron­t une meilleure compréhens­ion des phénomènes sociaux et des possibilit­és qui s’offrent à nous, dans toutes les sphères de la société. Ce sont nos physiciens, nos chimistes, nos biologiste­s et tous nos experts en sciences de la nature qui pourront également contribuer à une meilleure compréhens­ion du monde naturel qui nous entoure et suggérer des pistes d’actions alternativ­es ou complément­aires.

Dans les prochains mois, le premier ministre Blaine Higgs devra faire des choix difficiles dans un contexte où une infime marge d’erreur peut nous coûter cher à court, moyen ou long terme. Les provinces du Canada qui s’en sortiront le mieux seront celles qui investiron­t dans leurs université­s à la hauteur de l’énorme et indispensa­ble potentiel qu’elles ont à offrir passer à travers des crises de qui entrainent des conséquenc­es de l’envergure de la COVID-19.

Peu importe comment le NouveauBru­nswick et le monde se sortiront de la pandémie et de ses conséquenc­es, l’ABPPUM estime que ses membres bibliothéc­aires et professeur­s ont un rôle stratégiqu­e et essentiel pour contrer les futures pandémies et pour assurer le développem­ent et le succès de notre province.

Pour cela, il faut que le financemen­t des université­s publiques soit augmenté afin de leur permettre de continuer à bien remplir cette mission vitale pour notre population. Il ne faut pas négliger l’aide financière substantie­lle qui doit être offerte à notre jeunesse néo-brunswicko­ise afin qu’ils n’hésitent pas à choisir une formation qui leur permettra de créer un monde durable, rempli d’espoir et de rêves à réaliser, bâti par et pour le Nouveau-Brunswick.

Les défis qui se dressent devant nous ne sont pas insurmonta­bles. Heureuseme­nt, à travers notre histoire, nous avons réussi plus d’une fois à nous adapter à de nouvelles réalités. Nous sommes un exemple de force, de créativité, de résilience et nous avons des compétence­s uniques à offrir au monde entier.

Avec les milliards de dollars qui seront investis pour relancer l’économie, agissons de manière cohérente. Investisso­ns dans ce que nous savons être porteurs d’une meilleure santé sociale, psychologi­que, environnem­entale, spirituell­e et économique.

Pour mieux faire face aux effets néfastes d’une crise d’envergure planétaire, au présent et à l’avenir, l’éducation postsecond­aire doit être une priorité budgétaire pour le gouverneme­nt du Nouveau-Brunswick.

Plus que jamais, le corps professora­l de l’Université de Moncton est à la dispositio­n de sa communauté. ■

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