Rue Main réservée aux piétons: une proposition qui divise
Derrière son comptoir et sa vitre en plexiglas, Van Pham ouvre de grands yeux. La fille du propriétaire du restaurant vietnamien Vien Dong vient d’entendre que Moncton songeait à interdire aux voitures le segment de la rue Main où son lieu de travail se trouve.
«Je ne pense pas que ce soit une bonne idée s’inquiète la jeune femme. Ça pourrait avoir des conséquences négatives sur notre service de repas à emporter. Les livreurs auraient aussi plus de difficultés à accéder à notre restaurant.»
Mme Pham raconte que l’exposition estivale de voitures et la parade du père Noël, qui bloquent à deux reprises la rue Main au cours de l’année, perturbent l’activité de son établissement.
Les fonctionnaires de Moncton ont pourtant proposé l’interdiction des automobiles sur l’artère du centre-ville, entre ses intersections avec les rues Lutz et Botsford par exemple, afin de venir en aide aux restaurants et aux cafés.
SALLES À MANGER FERMÉES
Le directeur du développement économique de la municipalité, Kevin Silliker a rappelé que les règles de santé publique auront des conséquences sur le nombre de tables à disposition des clients.
Il a exposé des solutions pour permettre d’en disposer sur les trottoirs, les places de stationnement latérales voire la chaussée de la rue.
«Nous ne pensons pas avoir un patio de toute façon, car nous avons assez de tables à l’intérieur, alors ça ne nous concerne pas, lâche Mme Pham dont la salle à manger est d’ailleurs fermée. Nous vendons beaucoup de repas à emporter.»
STATIONNEMENT RÉCLAMÉ
À proximité de la rue Botsford, le propriétaire du restaurant Pink Sushi, Myong Pyo sert aussi désormais seulement des plats à déguster chez soi.
«Je pense à la deuxième vague, murmuret-il au sujet du nouveau coronavirus. Alors, ouvrir les patios, je ne sais pas… La rue Main est vraiment étroite. C’est peut-être très dangereux.»
Dans le magasin de mode Stile, les propriétaires Gracia Williston et Michelle Parker se rassemblent pour débattre des propositions municipales.
«Une rue à sens unique serait ce dont on a besoin, avec deux heures de stationnement gratuit, conclut la première. Les gens sont en recherche de places où se garer dans la rue Main. C’est la mentalité de notre ville…»
À quelques pas de leur boutique, la résidente Kirstyn Russell s’arrête pour donner son opinion. Elle réclame aussi à la municipalité une pensée pour les conducteurs qui doivent ranger leur véhicule, bien que plus de 40% de la surface du centre-ville de Moncton soit destinée à cet usage.
«J’aime les patios, remarque-t-elle toutefois. Je viens d’Ottawa, où il y en a beaucoup. C’est bénéfique à la communauté.»
Un autre passant, Christian Girouard se montre favorable à l’étalement des terrasses. Il propose une fermeture de la rue Main en fin de semaine pendant l’été.
«Je pense que c’est correct, si le boulevard de l’Assomption demeure libre», précise-t-il.
Patientant à un arrêt de bus, Richard Balfour se montre enthousiaste à l’idée.
«Ça serait super de permettre à plus de gens de profiter de l’extérieur et d’avoir des interactions, tout en préservant leur sécurité grâce aux distances», applaudit-il.
La gérante du magasin de souvenirs My Home Mercantile, Tara Steeves, encourage aussi la piétonnisation de la rue Main.
«Ça pourrait attirer des gens au centreville, croit-elle en précisant profiter de l’exposition estivale de voitures et le défilé du père Noël. C’est le moment adéquat pour essayer, parce que beaucoup d’employés ne sont pas encore de retour au bureau. Il y a donc moins de trafic.» ■