Acadie Nouvelle

Lorsque nous ne sommes plus bienvenus

- Léopold L. Foulem C.M. ARC Montréal

En préambule, il est essentiel de définir le «chez nous» et le «chez-soi». Pour les besoins des propos qui suivent, admettons que le premier indique l’endroit où nous sommes nés et le second, le cas échéant, notre domicile personnel. Évidemment, le «chez nous» et le «chez-soi» peuvent être dans la même localité. Plusieurs expatriés natifs de la Péninsule acadienne ont été forcés de s’exiler ailleurs soit pour poursuivre leurs études, pour entreprend­re leurs carrières ou tout simplement pour gagner leur vie. Pour ma génération, c’était surtout Montréal ou Québec. Aujourd’hui, ça peut être Fort McMurray et d’autres régions nordiques du Canada.

Beaucoup de ceux-ci retournent au «chez nous» afin de revoir leurs familles ou encore au «chez-soi» qui lui peut être ailleurs. Malheureus­ement, il semble que nous ne soyons plus bienvenus ni au «chez nous» ni au «chezsoi».

Lors d’une déclaratio­n télévisée récente, le premier ministre du Nouveau-Brunswick annonçait le maintien du rigoureux confinemen­t provincial pour la saison estivale.

Il apparaît que la sortie de confinemen­t ne sera pas pour l’instant progressiv­e, contrairem­ent à celle du Québec.

Ici, on a permis aux gens qui possédaien­t une résidence secondaire de retourner au «chez-soi». La décision du gouverneme­nt du Nouveau-Brunswick signifie-t-elle qu’il faudra attendre la découverte d’un vaccin contre la COVID-19 avant de procéder à une sortie de confinemen­t plus élargie? Un remède peut-être? Considéran­t le petit nombre de cas actuelleme­nt recensés, comment va-t-on pouvoir atteindre l’immunité collective?

Doit-on alors comprendre qu’il va falloir prendre son mal en patience et attendre possibleme­nt un an ou plus réalisteme­nt une quinzaine de mois. Quinze mois, c’est ce que les spécialist­es prévoient. Quinze mois avant que nous puissions retourner au «chez nous»? Presque cinq cents jours de plus!

Depuis plus de cinquante ans, je possède à Caraquet, mon «chez nous», une résidence secondaire, mon deuxième «chez-soi». Celle-ci est également mon atelier principal où je m’enferme chaque été afin de produire une quantité d’oeuvres qui me permettent par exemple de présenter des exposition­s solos et de rayonner à l’étranger. Cet environnem­ent essentiel, serein et enchanteur me permet de travailler assidûment et efficaceme­nt.

Bien entendu, le bien-être des citoyens et citoyennes doit être l’enjeu principal d’un gouverneme­nt. Jusqu’à présent, votre bilan est exemplaire. Cependant, le Nouveau-Brunswick pourrait nous ouvrir généreusem­ent ses frontières qui sont également les nôtres pour la prochaine saison estivale. Les propriétai­res de résidences secondaire­s pourraient être testés aux postes de contrôle routier à l’entrée de la province pour rassurer la population.

J’espère fortement être en mesure de retourner à mon «chez nous» et à mon «chez-moi» cet été comme je le fais depuis une cinquantai­ne d’années afin de profiter de l’enchanteme­nt bénéfique que la Péninsule acadienne peut nous offrir. Mission impossible?

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