Lorsque nous ne sommes plus bienvenus
En préambule, il est essentiel de définir le «chez nous» et le «chez-soi». Pour les besoins des propos qui suivent, admettons que le premier indique l’endroit où nous sommes nés et le second, le cas échéant, notre domicile personnel. Évidemment, le «chez nous» et le «chez-soi» peuvent être dans la même localité. Plusieurs expatriés natifs de la Péninsule acadienne ont été forcés de s’exiler ailleurs soit pour poursuivre leurs études, pour entreprendre leurs carrières ou tout simplement pour gagner leur vie. Pour ma génération, c’était surtout Montréal ou Québec. Aujourd’hui, ça peut être Fort McMurray et d’autres régions nordiques du Canada.
Beaucoup de ceux-ci retournent au «chez nous» afin de revoir leurs familles ou encore au «chez-soi» qui lui peut être ailleurs. Malheureusement, il semble que nous ne soyons plus bienvenus ni au «chez nous» ni au «chezsoi».
Lors d’une déclaration télévisée récente, le premier ministre du Nouveau-Brunswick annonçait le maintien du rigoureux confinement provincial pour la saison estivale.
Il apparaît que la sortie de confinement ne sera pas pour l’instant progressive, contrairement à celle du Québec.
Ici, on a permis aux gens qui possédaient une résidence secondaire de retourner au «chez-soi». La décision du gouvernement du Nouveau-Brunswick signifie-t-elle qu’il faudra attendre la découverte d’un vaccin contre la COVID-19 avant de procéder à une sortie de confinement plus élargie? Un remède peut-être? Considérant le petit nombre de cas actuellement recensés, comment va-t-on pouvoir atteindre l’immunité collective?
Doit-on alors comprendre qu’il va falloir prendre son mal en patience et attendre possiblement un an ou plus réalistement une quinzaine de mois. Quinze mois, c’est ce que les spécialistes prévoient. Quinze mois avant que nous puissions retourner au «chez nous»? Presque cinq cents jours de plus!
Depuis plus de cinquante ans, je possède à Caraquet, mon «chez nous», une résidence secondaire, mon deuxième «chez-soi». Celle-ci est également mon atelier principal où je m’enferme chaque été afin de produire une quantité d’oeuvres qui me permettent par exemple de présenter des expositions solos et de rayonner à l’étranger. Cet environnement essentiel, serein et enchanteur me permet de travailler assidûment et efficacement.
Bien entendu, le bien-être des citoyens et citoyennes doit être l’enjeu principal d’un gouvernement. Jusqu’à présent, votre bilan est exemplaire. Cependant, le Nouveau-Brunswick pourrait nous ouvrir généreusement ses frontières qui sont également les nôtres pour la prochaine saison estivale. Les propriétaires de résidences secondaires pourraient être testés aux postes de contrôle routier à l’entrée de la province pour rassurer la population.
J’espère fortement être en mesure de retourner à mon «chez nous» et à mon «chez-moi» cet été comme je le fais depuis une cinquantaine d’années afin de profiter de l’enchantement bénéfique que la Péninsule acadienne peut nous offrir. Mission impossible?
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