Acadie Nouvelle

Visite dans les foyers: «De nouvelles directives dans une semaine»

- Réal Fradette real.fradette@acadienouv­elle.com

Alors que le Québec et l’Ontario ont récemment permis aux proches aidants de se rendre au chevet de leurs êtres chers malgré la présence dévastatri­ce de la COVID-19, Bernard DeGrâce se questionne pourquoi le Nouveau-Brunswick n’a pas encore accepté d’aller dans la même direction.

L’ancien arbitre de la Ligue nationale de hockey et membre du Temple de la renommée sportive du Nouveau-Brunswick demande à la médecin-hygiéniste en chef, Dre Jennifer Russell, de redonner un peu de dignité à des couples séparés depuis plus de deux mois en raison de la pandémie du coronaviru­s.

«Il faut que ça bouge», insiste l’homme originaire de Shippagan, dont le père, JeanCamill­e DeGrâce, âgé de 78 ans, nécessite des besoins spéciaux à la résidence Monseigneu­r Chiasson, où il a été placé depuis la mi-mars.

Mais la COVID-19 s’est invitée dans le portrait sanitaire. Yvette, mère de Bernard, ne peut plus avoir de contacts directs et agir en tant que proche aidante auprès de son époux et ancien maire de l’établissem­ent.

«Ça me fait mal au coeur. Mon père est là, dans la résidence, à se morfondre. Ma mère peut seulement le regarder par la fenêtre. Mon père est tellement rendu solitaire qu’il a la ville, à l’intérieur de de la misère à la regarder. Il peut mourir tout seul», affirme le fils.

D’où sa requête pressante au gouverneme­nt Higgs de permettre l’accès contrôlé aux proches aidants, comme vient de le faire le Québec notamment.

Il a essayé d’obtenir une réponse des autorités et on lui aurait dit qu’une décision viendrait dans quelques semaines.

«Si cela avait été un, deux ou trois jours, j’aurais accepté. Mais là, on parle de semaines. On me répond que ça s’en vient, mais qu’on ne sait pas quand. Tout ce que l’on demande, c’est une structure pour permettre à ma mère et aux proches aidants d’aller les voir. On l’a fait dans deux provinces avec tous ces cas de la COVID-19, mais alors que tout va bien chez nous, on ne fait rien. Est-ce cela que nous voulons pour nos aînés?», se demande ouvertemen­t celui qui a officié dans 350 rencontres durant son engagement dans la LNH, de 1989 à 2001.

Lundi, Dre Russell a déclaré qu’une annonce est prévue sous peu concernant la visite des proches dans les foyers de soins, ajoutant que c’était «une question de semaines».

Le journal a obtenu des précisions auprès de la médecin-hygiéniste en chef.

«Nous en discutons avec le groupe de travail sur la COVID-19 et nous devrions annoncer de nouvelles directives sur les visites dans les foyers de soins et dans les hôpitaux dans une semaine», confie-t-elle.

«Nous avons déjà changé les règles pour les personnes en soins palliatifs. Nous comprenons aussi que c’est une question de santé mentale pour les résidants et leurs proches. Nous ne voulons pas avancer trop vite, car nous ne désirons pas vivre une situation où la COVID-19 entrerait dans un foyer de soins et causerait beaucoup de décès. Nous préconison­s une approche très sécuritair­e», a expliqué Dre Russell à l’Acadie Nouvelle.

«Ma mère a amené mon père à la résidence parce qu’elle savait qu’il allait être bien soigné par des personnes extraordin­aires et qu’elle pourrait le voir tous les jours en tant que proche aidante», précise Bernard DeGrâce, qui habite maintenant la région de Gatineau.

«Elle allait le nourrir, le laver, le coiffer, assurer son bien-être et être de bonne compagnie pour lui. Je comprends la situation des employés de foyers de soins. Il manque de personnel, ils sont sous-payés et ils doivent faire des choses additionne­lles à cause de la situation. Ma mère est prête à passer tous les tests de dépistage si ça lui permet d’aller voir son mari. Ce n’est pas un cas unique. J’ai parlé à plusieurs autres personnes qui vivent les mêmes peurs.» ■

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Bernard DeGrâce

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