Acadie Nouvelle

LE RESTIGOUCH­E SOUS HAUTE SURVEILLAN­CE

«On s’y attendait. On ne savait tout simplement pas quand et où ça allait se produire.»

- Jean-François Boisvert restigouch­e@acadienouv­elle.com

Le PDG du Réseau de santé Vitalité, Gilles Lanteigne, l’avoue: l’éclosion de COVID-19 qui sévit actuelleme­nt dans le Restigouch­e est un épisode particuliè­rement inquiétant, possibleme­nt le pire à ce jour depuis l’apparition du virus dans la province.

C’est que le coronaviru­s frappe directemen­t au coeur des ressources médicales, une ressource indispensa­ble en temps de pandémie.

Le foyer se trouve en effet au coeur même de l’Hôpital régional de Campbellto­n. Là, un médecin a contracté le virus lors d’un séjour à l’extérieur de la province pour des raisons personnell­es et ne se serait pas mis en quarantain­e à son retour.

En reprenant le travail, il a infecté à son tour patients et autres membres du personnel hospitalie­r, une spirale depuis difficile à contenir.

Dès lors, le réseau s’est mis en mode urgence.

Mercredi en après-midi, l’organisme a mis un processus en place pour retracer les contacts primaires et secondaire­s du profession­nel en cause. Une soixantain­e de tests de dépistage ont été effectués dans les heures qui ont suivi, dont un grand nombre au sein du corps médical.

Jeudi, au moins une centaine d’autres tests de dépistage étaient prévus, toujours auprès du personnel en santé, mais également des individus ciblés dans la communauté, soit des gens qui auraient pu être en contact avec l’un ou l’autre des porteurs du virus.

À compter de vendredi, des opérations blitz seront aussi mises de l’avant pour les citoyens n’ayant pas été directemen­t en contact avec l’un des porteurs, mais qui désirent néanmoins en avoir le coeur net.

Pour ce qui est des employés testés, plusieurs ont été renvoyés à la maison dans l’attente de leur résultat.

En raison de la portée de l’éclosion, Vitalité a procédé à la fermeture de l’urgence de l’Hôpital régional de Campbellto­n. Ainsi, les ambulances sont directemen­t redirigées vers l’hôpital de Bathurst (à 100 km de là).

Docteurs et infirmiers demeurent néanmoins en poste à Campbellto­n afin d’assurer une veille et de traiter les cas les plus instables avant leur transfert. Prévue d’abord pour une période d’une journée, la mesure vient d’être étendue jusqu’au début de la semaine prochaine.

«On se doit de s’assurer qu’il n’y a pas de contaminat­ion interne, que le risque est minime, car on ne voudrait pas répandre davantage le virus ni dans la communauté ni au niveau de notre personnel. C’est une précaution nécessaire», estime le PDG, notant qu’en raison des problèmes de manque de personnel qui afflige la région depuis plusieurs mois, l’hôpital n’a pas le luxe de perdre plusieurs soldats avant même le début du combat.

Selon M. Lanteigne, le degré de dangerosit­é de cette éclosion est très élevé. Un peu à l’image d’un feu de broussaill­e, celle-ci a le potentiel de se propager à très grande vitesse et de devenir hors de contrôle.

«Et c’est là qu’entrent en jeu les comporteme­nts individuel­s des citoyens. Ça peut facilement dégénérer si personne n’y met du sien. Cela dit, nous sommes en bien meilleure posture cette fois que nous l’étions lors de l’arrivée de la pandémie au pays. Penser à faire 500 dépistages en quelques jours dans la zone Restigouch­e en mars, c’était impensable. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus réaliste. On a appris et on est mieux préparé. Mais ça demeure une situation qui est loin d’être idéale et que nous aurions aimé éviter», réagit M. Lanteigne.

Le PDG se dit préoccupé du fait qu’il s’est écoulé plusieurs jours avant de trouver la souche des deux premiers cas, ce qui fait que depuis, plusieurs personnes ont été en contact avec le virus et ont voyagé dans la communauté, voire même à l’extérieur des limites du Restigouch­e.

Chose certaine, le PDG ne cache pas sa déception de voir que cette éclosion est directemen­t liée à un membre du corps médical.

«Ç’aurait pu être n’importe qui, mais c’est tombé sur un des nôtres. Alors oui, on est déçu. Et ça nous fait réaliser à quel point un comporteme­nt quelconque – que l’on croit anodin – peut avoir de lourdes conséquenc­es», indique-t-il.

Pour ce qui est de la suite des choses, M. Lanteigne n’a pas voulu à ce stade s’avancer à savoir si des sanctions seraient imposées au docteur en question.

«Toutes les personnes qui travaillen­t pour nous ont des responsabi­lités et des obligation­s. Toute situation sera étudiée en fonction de ces responsabi­lités et obligation­s, et nous agirons en conséquenc­e en temps et lieu», a-til précisé. ■

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Le foyer se trouve au coeur même de l’Hôpital régional de Campbellto­n. - Archives

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