Bibliothèques publiques: pas d’enquête sur l’embauche du nouveau directeur
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick refuse de lancer une enquête indépendante à propos de l’embauche du nouveau directeur des bibliothèques publiques, Kevin Cormier. Sa prédécesseure, Sylvie Nadeau, a reçu la nouvelle par courriel de la part de la sous-ministre des Ressources humaines, Kelly Cain.
«Je suis vraiment déçue par cette décision, lâche la jeune retraitée qui avait demandé une révision du processus d’embauche de M. Cormier en avril. C’est incompréhensible de nommer quelqu’un qui n’a pas les qualifications officiellement demandées pour un poste de la haute fonction publique.»
Le successeur de Mme Nadeau a étudié deux ans le pilotage dans une école de Moncton, puis une autre année dans un programme de gestion de l’Université York, à Toronto. Il a ensuite vécu plusieurs expériences en tant que gestionnaire, parfois liées au marketing et à la publicité.
Le ministère de l’Éducation postsecondaire aurait officiellement préféré un candidat possédant une maîtrise en bibliothéconomie ou en sciences de l’information ainsi que huit ans d’expérience, dont au moins trois en gestion. Il a toutefois précisé dans son offre d’emploi qu’il pouvait accepter des équivalences.
M. Cormier reçoit un salaire de 103 000$ à 114 000$ par année. Mme Nadeau a expliqué que le service gouvernemental des ressources humaines a fixé cette rémunération d’après un questionnaire de description de poste (QDP) auquel elle a répondu.
Or, l’ancienne directrice aurait exclu la possibilité qu’un candidat la remplace sans avoir une maîtrise en bibliothéconomie ou en science de l’information ainsi que neuf années d’expérience, notamment en gestion de bibliothèques.
«Ce sont deux sous-ministres qui ont signé le QDP, ce n’est pas rien, s’exclame Mme Nadeau. C’est un document officiel important qui doit être respecté.»
Mme Cain a souligné que le gouvernement a respecté la loi dans son processus d’embauche, pour lequel il a utilisé le programme de gestion des talents, permettant à un fonctionnaire provincial d’accéder à un poste de direction sans concours.
«Ça me frustre un peu, réagit Mme Nadeau. Ils ont utilisé un court-circuit.»
La sous-ministre des Ressources humaines a toutefois indiqué que l’administration examinerait les façons d’améliorer son programme de gestion des talents. Elle devrait terminer son analyse à la fin du mois.
«Chaque employé nommé à un poste est évalué après une période de probation de six mois, ajoute la communicante du Conseil du Trésor, Vicky Deschênes. Cette évaluation est faite par le gestionnaire immédiat de la personne en question. L’employé sera évalué sur des tâches précises, des objectifs à atteindre et des dossiers à compléter. Dans le cas de M. Cornier, sa période de probation se terminera en août.»
Une porte-parole du cabinet du premier ministre, Nicolle Carlin a déclaré en avril à CBC que Blaine Higgs aurait une conversation avec Mme Nadeau. Celle-ci assure toutefois n’avoir reçu aucune invitation.
«Nous sommes très déçus d’apprendre qu’il n’y aura pas de révision indépendante de la nomination de Kevin Cormier, commente le député libéral Guy Arseneault. Nous pensons toujours que le favoritisme a joué un rôle dans le processus d’embauche. Cette révision indépendante aurait été l’occasion pour le gouvernement de défendre sa nomination. C’est dommage qu’il ait choisi de ne pas le faire.»
Le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick, David Coon espère en demander une cette semaine à l’Assemblée législative.
«C’est assez incroyable, s’écrie-t-il. La résistance du gouvernement à ce sujet est inexplicable. La population doit comprendre ce qui s’est passé dans cette affaire.»
Mme Nadeau a déjà effectué une demande d’accès à l’information pour connaître l’identité du fonctionnaire qui a rédigé l’offre d’emploi pour son remplacement, celle du responsable qui a approuvé l’annonce, celles des membres du comité de présélection et celles des représentants des ressources humaines aux entretiens d’embauche. ■