Acadie Nouvelle

GÉRALD LEBLANC: MOMENT DE NOSTALGIE

- SYLVIE MOUSSEAU

Le 30 mai 2005 décédait Gérald Leblanc, figure marquante de la littératur­e et du paysage culturel acadien. Quinze années après son départ, j’ai eu envie de replonger dans son oeuvre qui rassemble 12 recueils de poésie et un roman. Pour cette chronique, j’ai choisi son roman Moncton Mantra et ses Poèmes new-yorkais publiés en 2006 à titre posthume. Quoi de mieux que Les matins habitables de Marie-Jo Thério pour accompagne­r cette lecture en musique.

MONCTON MANTRA et POÈMES NEW-YORKAIS

Gérald Leblanc affirmait un peu à la plaisanter­ie qu’il n’y avait que deux villes au monde: Moncton et New York, souligne Herménégil­de Chiasson qui signe la préface de la réédition du roman en 2012. Son unique roman Moncton Mantra prend toute son essence dans cette ville qui l’a vu naître comme écrivain. En 1997, lorsque le roman est paru, je dois avouer que je l’avais lu avec une certain détachemen­t, avec davantage d’intérêt pour le personnage que pour le roman lui-même. Vingt-trois années plus tard, j’ai éprouvé un grand plaisir à relire ce roman, probableme­nt aussi parce que j’ai appris à connaître Moncton depuis que j’y habite. Ce roman qui dresse le portrait d’une époque ressentie par l’auteur se lit un peu comme une chronique. Fortement autobiogra­phique, Moncton Mantra raconte le parcours d’Alain Gautreau, l’alter ego de Gérald Leblanc, qui a eu une envie folle d’écrire. On assiste à sa venue au monde comme écrivain avec tous les doutes que cela comporte. C’est aussi les nuits folles et festives notamment au légendaire bar étudiant le Kacho. Sur sa route, le narrateur croise une foule d’artistes en devenir et de personnage­s que plusieurs lecteurs reconnaîtr­ont même si les noms ont été changés. Le récit nous permet de mieux comprendre non seulement l’écrivain, mais aussi les débats qui ont animé l’époque et façonné l’Acadie d’aujourd’hui. (Éditions Prise de Parole, BCF, 2012). Pourquoi avoir choisi Poèmes New-Yorkais? Parce que ce recueil nous invite à voyager à travers la ville de façon poétique. Gérald Leblanc revisite des lieux marquants, des quartiers, des rues, des places, des cafés de New York tout en rythmant sa poésie sur les musiques de Billie Holliday, Miles Davis, Zachary Richard et Nina Simone. Impossible de rester insensible en lisant cette marche poétique à travers une ville qui «invite à la démesure au dépassemen­t...», écrit le poète. (Éditions Perce-Neige, 2006). ♥♥♥♥

LES MATINS HABITABLES de Marie-Jo Thério

Sorti en 2005, ce troisième album de l’auteure-compositri­ce-interprète de Moncton qu’elle a dédié à son ami Gérald Leblanc reprend le titre d’un recueil du poète acadien. «J’habite un 3½ sur la rue de la luxure. De ma fenêtre, j’aperçois l’immense cathédrale de toutes les permission­s...» (tiré de la chanson Les matins habitables). Onze titres composent cet album qui, à mon avis, est l’un des plus accomplis de l’artiste acadienne. De Café Robinson à Évangéline, nous traversons divers univers musicaux avec le piano comme fil conducteur. Son oeuvre exprime de façon sensible la rencontre entre le poète et la chanteuse, tous deux épris de liberté, profondéme­nt inspirés par leur milieu et déterminés à faire entrer l’Acadie dans la modernité.

Au détour de chaque chanson flotte l’esprit du poète. ♥♥♥♥♥

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