Acadie Nouvelle

COMPORTEME­NT NÉGLIGENT: LES CONSÉQUENC­ES

L’éclosion de COVID-19 dans le Restigouch­e soulève une question importante: à quelles conséquenc­es juridiques s’exposent les personnes qui font fi des règles et qui contribuen­t à la propagatio­n du virus? L’Acadie Nouvelle l’a posée à deux avocats.

- Pascal Raiche-Nogue pascal.raiche-nogue@acadienouv­elle.com @raichenogu­e

Tous les projecteur­s sont présenteme­nt braqués sur la région du Restigouch­e, théâtre d’une éclosion du nouveau coronaviru­s.

Deux nouveaux cas confirmés ont été rapportés dans le coin vendredi, ce qui porte à huit leur nombre total. Deux de ces personnes sont aux soins intensifs. Leur état est qualifié de «stable».

Ces huit cas – les seuls cas actifs au N.-B. - sont liés à un médecin de la région qui ne s’est pas auto-isolé à son retour d’un voyage au Québec. Il a ensuite vu des patients et travaillé à l’hôpital.

Jeudi, Blaine Higgs a rapporté que le dossier de profession­nel de la santé a été transmis à la GRC afin de «déterminer exactement ce qui est arrivé, et si des accusation­s sont justifiées».

Quelles conséquenc­es possibles dans un cas de ce genre?

L’avocat Mathieu N. Picard, du cabinet Fidelis de Moncton, a accepté de répondre à nos questions pour nous aider à comprendre ce qui peut se passer dans une telle affaire.

Il précise d’entrée de jeu qu’il ne souhaite pas commenter le cas du médecin de la région de Campbellto­n. Rappelons que ce dernier ne fait face à aucune accusation et que l’on a toujours peu d’informatio­n sur ce qui s’est produit.

«Je ne veux pas jeter des pierres à quelqu’un alors qu’on ne connaît pas encore la fondation factuelle de son dossier. Ce qu’on entend, ce sont des ragots et des commérages. Je ne vais pas commencer à juger cette personne-là sur la foi de racontars», dit-il.

Mais on peut tout de même se demander ce qui peut se produire lorsqu’une personne – qu’elle soit profession­nelle de la santé ou pas – enfreint les règles mises en place par le gouverneme­nt provincial afin de ralentir la propagatio­n de la COVID-19.

«Si la personne sait qu’elle est porteuse d’un virus ou d’une condition contagieus­e et qu’elle décide, sans égard à la santé et à sécurité d’autrui, décide de s’exposer à des gens; cette personne s’expose – à mon avis – à des conséquenc­es sur le plan pénal, criminel et civil», affirme Me Picard.

On parle donc de la possibilit­é d’amendes, d’accusation­s criminelle­s ou de poursuites au civil. Ces dernières pourraient être intentées par des personnes ou des entités qui estiment avoir été lésées par les actions de l’individu.

Son confrère Mathieu S. Boutet, avocat criminalis­te au cabinet Fowler Law P.C. de Moncton, abonde dans le même sens.

Il croit lui aussi – sans parler d’un cas en particulie­r – qu’une personne qui met des gens en danger en enfreignan­t les règles liées à la COVID-19 risque de faire face à de gros ennuis.

«Si un individu – sachant qu’il pourrait mettre quelqu’un à risque – ne prend pas les précaution­s nécessaire­s pour protéger d’autres individus, il pourrait faire face à des accusation­s criminelle­s assez sérieuses.»

Méfait public, négligence criminelle; plusieurs accusation­s assez graves pourraient être déposées dans un cas de ce genre.

Et pire encore si les actions de l’individu mènent à la mort d’un de ses concitoyen­s.

«Il pourrait même y avoir des accusation­s d’homicide involontai­re. Si une personne décède, ça peut ouvrir des portes dangereuse­s pour la personne qui a choisi d’exposer d’autres personnes au virus», affirme Me Boutet. ■

«Si quelqu’un, par son comporteme­nt négligent, occasionne des pertes économique­s à des gens qui ont été exposés (au virus), cette personne-là pourrait s’exposer à une poursuite civile qui vise à récupérer l’argent perdu.»

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