Marguerite Bourgeoys: pédagogue déconfinée bien avant l’heure
Elle demeure la chef de file de plusieurs enseignants dans nos écoles
Une première marguerite ré-enchante la saison. Elle n’est pas au ras du sol. Elle brille au firmament de l’Église. Encore aujourd’hui, elle a la capacité de nous faire quitter l’apathie et pour nous laisser entraîner par un esprit de courage et d’audace.
Cette fin de semaine aurait dû en être une de grandes célébrations pour la Congrégation de Notre-Dame. Cette année marque le 400e anniversaire de naissance de leur fondatrice, Marguerite Bourgeoys (1620-1700). Qui est cette héroïne de notre histoire?
En 1953, à l’invitation de Maisonneuve, Marguerite Bourgeoys quitte la belle ville de Troyes en Champagne pour VilleMarie. Du haut de ses 33 ans, elle est riche d’une expérience d’enseignante.
Dès son arrivée en Nouvelle-France, elle innove sur deux plans majeurs dans le monde de l’éducation: la formation sera destinée aux filles et, en plus, elle sera gratuite.
L’histoire retient que ses méthodes tranchent avec ce qui se fait à l’époque. Constamment, elle chercher à s’adapter à ses élèves; au lieu de punir, elle stimule par la récompense. La transmission des valeurs humaines vient couronner l’apprentissage de l’écriture, de la lecture et du calcul.
Aux jeunes femmes et aux Filles du Roi, elle innove avec la «formation aux adultes». Elle fera de même avec les mères des Iroquoises. Pas surprenant qu’elle soit nommée la «mère de la colonie».
Consciente qu’il faut aller là où les gens sont installés (c’est-à-dire le long de la vallée du St-Laurent), elle a besoin d’aide. Elle fonde alors une congrégation de femmes enseignantes non cloîtrés (ce qui est novateur à cette époque où les religieuses sont souvent confinées dans leur maison).
Les Constitutions de la Congrégation seront approuvées officiellement en 1698, deux ans avant la mort de la fondatrice.
Les filles de Marguerite Bourgeoys essaimeront partout autour de VilleMarie. Et elles iront ailleurs. En Acadie, elles commenceront leur oeuvre à Louisbourg, dès 1727.
De partout, on les réclame: elles iront à St-Louis-de-Kent, à Caraquet, à Pokemouche, etc. Partout, elles laissent leur marque dans le monde scolaire, culturel et paroissial.
Comme pour les apôtres envoyés par le Christ et poussés par l’Esprit de Pentecôte, les religieuses vont former spirituellement, socialement et intellectuellement de larges pans de la colonie. À cause de l’éducation prodiguée, ces femmes sont à l’avant-garde pour l’avancement de la cause féminine et pour une plus grande place des femmes dans l’Église et la société.
En 1982, Marguerite Bourgeoys est canonisée à Rome. Aujourd’hui, les soeurs de la Congrégation (près de 1000!) oeuvrent dans huit pays et sur quatre continents. Des associés (presque aussi nombreux que les religieuses) s’engagent à leurs côtés pour partager la Mission.
En Amérique du Nord, Marguerite Bourgeoys demeure la chef de file de plusieurs enseignants dans nos écoles, nos collèges et nos universités. Parmi ceux-ci, tous ne sont pas pédagogue. La pandémie en aura fait ressortir quelques-uns.
La grande majorité a cependant le désir de transmettre ce qu’ils ont euxmêmes reçu et goûtent la joie de voir qu’à la fin de l’année scolaire, les enfants sont meilleurs qu’ils l’étaient au début de l’année.
Nous ne pouvons pas adopter les manières de faire de Marguerite Bourgeois. Nous avons aujourd’hui des ressources technologiques et scientifiques qui sont le fruit du travail de nos devanciers. Refuser les avancés de la société dans le monde de la connaissance, c’est trahir leur oeuvre. Ce qui est demandé aux enseignants, c’est d’être aussi audacieux et novateurs qu’elle l’a été à son époque.
L’héritage de Marguerite, c’est aussi une communauté religieuse active en ce temps de pandémie.
À une autre époque, ces femmes auraient été sur la ligne de front pour guérir et réconforter les malades. De nos jours, elles continuent d’être essentielles d’une autre manière.
Par leur vie de prière, les religieuses soutiennent et portent les intentions du monde. En temps de pandémie, elles peuvent nous réconforter et nous éclairer en priant.
Au cours des dernières semaines, leur ministère de prière n’a peut-être pas été suffisamment reconnu. Que les religieuses de la Congrégation, et toutes les autres, soient vivement remerciées pour leur ministère discret et pour le témoignage de leurs vies données. ■