Campbellton rejette le projet de terrain de soccer synthétique d’une école
L’école primaire francophone le Galion des Appalaches a essuyé un refus de la part du conseil municipal de Campbellton dans sa tentative d’obtenir les fonds manquants pour doter la région d’un terrain de soccer synthétique.
À l’issue d’un vote serré lundi, la majorité des membres du conseil municipal de Campbellton a rejeté la demande d’aide financière de l’établissement scolaire. Le Galion espérait convaincre la Ville d’injecter un montant de 100 000$ dans l’aventure.
Ce vote fait suite à une demande formelle soumise au conseil en mars dernier. Lundi, il a été proposé d’utiliser une partie des surplus du fonds de réserve de la Ville pour financer une partie de ce terrain. La motion a toutefois été battue.
Les conseillers Marco Savoie, Frédéric Daigle et Gary Parker se sont montrés favorables au projet. Les autres conseillers – incluant la mairesse, Stéphanie Anglehart-Paulin – ont voté contre.
Le conseiller Sterling Loga a admis que l’idée d’un terrain synthétique était intéressante, mais aussi qu’il ne se sentait pas à l’aise d’investir l’argent des contribuables pour cette fin.
«Nous avons déjà des terrains à notre disposition, est-ce que nous avons vraiment besoin d’un autre, et particulièrement à ce coût?», a lancé le conseiller, évoquant au passage que les utilisateurs ne seraient pas uniquement de Campbellton.
«Encore une fois, nous financerions une infrastructure alors que les autres communautés environnantes en profitent sans contribuer, comme notre Centre civique. Notre argent devrait être utilisé pour des considérations plus urgentes comme l’entretien de nos routes, de nos trottoirs, etc.», a-t-il poursuivi.
Ces commentaires sont toutefois loin d’être partagés par son confrère, Frédéric Daigle.
«Si on attend de ne plus avoir de défis financiers, on n’investira plus dans rien. On ne cesse de dire que Campbellton doit être le centre de la région, la plaque tournante du Restigouche. Mais cette ambition a un coût. Ici, on a la chance de faire un investissement au profit de notre communauté et de toute notre région et, de surcroît, avoir un retour financier positif à long terme sur celui-ci. On est gagnant», croit le conseiller.
Son confrère, Marco Savoie, croit lui aussi qu’il est de mauvaise foi de jouer la carte de l’utilisateur-payeur dans ce dossier.
«Cette école aurait pu être construite ailleurs que sur notre territoire. C’est nous qui en bénéficions largement par l’entremise de la taxe foncière», a-t-il indiqué, sous-entendant qu’il est normal que Campbellton – et non les régions avoisinantes – soit sollicitée pour ce projet.
DÉCEPTION
Au district scolaire, on a été informé de la décision de la municipalité.
Membre du district scolaire Nord-Est, Éloi Doucet est l’un de ceux qui ont présenté le projet au conseil en mars dernier. Joint au téléphone, il était visiblement déçu de la tournure des événements.
«On ne se le cachera pas, ce n’est pas la décision que nous espérions. Nous sommes étonnés, car nous étions persuadés – et nous le sommes toujours – que ce projet est positif pour Campbellton tant à court, moyen que long terme. Mais nous n’avons toutefois pas jeté la serviette. On a demandé une rencontre avec les membres du conseil afin de mieux saisir les fondements de cette décision et pour réévaluer le tout avec eux», indique-t-il.
Mais est-ce que cette décision vient compromettre le projet?
«C’est difficile à dire pour le moment, car on misait beaucoup sur l’appui de la Ville pour avancer. Ce refus complique les choses, surtout que nous étions pratiquement prêts à commencer les travaux. On se donne encore quelques semaines avant de prendre position et retourner si nécessaire à la planche à dessin», indique M. Doucet.
Selon lui, il n’est pas rare que des municipalités contribuent financièrement à la vitalité des établissements scolaires qui se trouvent sur leur territoire. Il cite notamment la construction du gymnase double de Balmoral, du terrain de soccer de PetitRocher et de la salle de spectacle de Tracadie.
Le projet de terrain de soccer synthétique a été dévoilé en 2018. Celui-ci est évalué à environ 700 000$.
On retrouve actuellement quatre terrains de soccer à Campbellton. De ce nombre, un est toutefois appelé à disparaître (pour faire place à la future école primaire anglophone) et deux sont en mauvais état et nécessitent des investissements importants.
Selon les tenants du projet, un terrain synthétique comblerait les besoins tout en assurant une meilleure jouabilité (meilleur drainage) et en prolongeant la saison de quelques semaines.
Jusqu’à présent, l’école a pu récolter la somme de 540 000$ grâce à différents donateurs (Uni, Club Richelieu, Filles Marie-del’-Assomption) ainsi qu’une contribution de 200 000$ de la province. Il ne manquerait donc plus que 160 000$, d’où la demande envers la Ville.
À noter que selon les calculs des représentants de l’école Galion des Appalaches, la Ville regagnerait son investissement en à peine dix ans par le biais de la hausse de la valeur foncière engendrée par le nouveau terrain de soccer (environ 13 000$ par année). Par la suite, ces montants seraient des revenus annuels directement dans les coffres de la municipalité. ■