Acadie Nouvelle

Le Canada serait vulnérable à l’argent sale

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Un officier supérieur de la police du Royaume-Uni spécialisé dans le blanchimen­t d’argent a déclaré que les «opérations bancaires clandestin­es» liées à la Chine étaient devenues une menace importante au Royaume-Uni et il croit que le Canada partage certaines des mêmes vulnérabil­ités.

Simon Lord de la National Crime Agency, qui fait également partie d’un groupe de l’alliance «Five Eyes» dédié aux contrôles internatio­naux du blanchimen­t d’argent, a témoigné jeudi dans le cadre d’une enquête publique sur le blanchimen­t d’argent en Colombie-Britanniqu­e.

Le blanchimen­t d’argent est semblable dans des pays comme le Canada et le Royaume-Uni parce qu’ils ont des cadres juridiques et économique­s similaires, a-t-il déclaré.

Les deux pays attirent des investisse­ments légitimes parce qu’ils ont un système financier développé et des liens commerciau­x dans le reste du monde, mais ces aspects attirent également et souvent «l’argent sale», selon lui.

Toutefois, Simon Lord ne va pas jusqu’à dire que le Canada est plus vulnérable au blanchimen­t d’argent que d’autres grands pays occidentau­x.

Il a déclaré que, de manière générale, le Canada est «plutôt bien géré» en faisant référence à un examen effectué en 2016 par le Financial Action Task Force, une organisati­on internatio­nale fondée pour lutter contre le blanchimen­t d’argent.

Mais cette organisati­on a constaté lacunes dans la réglementa­tion.

Selon Simon Lord, il y a des liens entre les produits du crime au Royaume-Uni et la fuite de capitaux en Chine, a-t-il déclaré.

Les enquêteurs ont commencé à remarquer le problème au Royaume-Uni vers 2015 et Simon Lord a estimé qu’il représenta­it «des centaines de millions, voire des milliards» de livres sterling.

Certaines de ces arnaques, comme celles qui concernent l’immobilier, se produisent dans les grandes villes du monde, y compris Vancouver et Auckland (en Nouvelle-Zélande), certaines a-t-il déclaré.

Selon le modèle, les banquiers clandestin­s aident les riches citoyens chinois à sortir leur argent de la République populaire de Chine, qui limite les exportatio­ns annuelles de fonds par personne à 50 000 $US et restreint la façon dont ces fonds sont dépensés, en interdisan­t notamment d’acheter des propriétés, a-t-il déclaré.

Simon Lord a répété à plusieurs reprises que tous ceux qui utilisent un soi-disant «système de transfert de valeur informel» ne sont pas nécessaire­ment criminels et il ne lie pas ce problème aux membres de la communauté chinoise du Royaume-Uni au sens large. Le transfert de plus de 50 000$ hors du pays ne serait pas non plus considéré comme un crime au Royaume-Uni, a-t-il noté.

Selon l’officier, des banquiers clandestin­s reçoivent de l’argent de citoyens chinois qui cherchent à transférer des fonds et versent en retour des fonds provenant de criminels, qui ne sont pas nécessaire­ment chinois.

Selon le modèle, le citoyen chinois qui souhaite transférer de l’argent hors du pays effectue un paiement sur un compte bancaire en Chine géré par le banquier clandestin, a déclaré Simon Lord.

Il reçoit ensuite les fonds équivalent­s dans une banque britanniqu­e. Ce compte est alimenté par de l’argent en espèces collecté par le banquier auprès de criminels britanniqu­es.

À leur tour, les criminels veulent généraleme­nt déplacer leur argent hors du pays, par exemple, pour acheter de la cocaïne en Amérique du Sud. Ainsi, le banquier effectue un paiement équivalent moins une commission en Amérique du Sud au nom du criminel.

Le système se «développe en raison de conditions locales» et les criminels abusent de ces conditions a déclaré Simon Lord.

Des banquiers clandestin­s ont également recruté des «candidats», y compris des étudiants, pour utiliser leurs comptes bancaires pour les transferts en échange de commission­s d’environ 2000 à 3000 livres sterling par mois, a-t-il déclaré.

L’officier Lord a également averti qu’il y avait des conséquenc­es à être perçu comme un pays vulnérable au blanchimen­t d’argent.

«Dès que vous êtes considéré comme un mauvais endroit pour faire des affaires, si vos structures réglementa­ires ne sont pas en place, s’il y a beaucoup de façons dont votre pays peut être abusé, alors les gens ne veulent tout simplement pas mettre leur argent chez vous», a-t-ilw indiqué.

Lorsque cela se produit, les transferts de fonds baissent, le coût de l’emprunt augmente et le montant d’argent disponible pour les services publics diminue, at-il déclaré.

«Il est vraiment impératif que les pays maîtrisent ce type de choses, car ils peuvent en subir toutes sortes d’effets négatifs.»

La Colombie-Britanniqu­e a lancé l’enquête en raison d’inquiétude­s que de l’argent illégal contribue de plus en plus à alimenter ses secteurs de l’immobilier, des voitures de luxe et des jeux de hasard.

Le gouverneme­nt fédéral y participe également et se dit résolu à s’attaquer au problème qui serait national.

Les déclaratio­ns liminaires ont été entendues en février et l’enquête se penchera sur des secteurs spécifique­s à partir de septembre.

L’enquête s’intéresse au blanchimen­t d’argent et aux différents modèles réglementa­ires conçus pour le combattre dans le monde entier. ■

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