Acadie Nouvelle

Pandémie: analyser les eaux usées pour alerter d’une deuxième vague de la COVID

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Alors que les provinces tentent désespérém­ent d’accélérer le dépistage de la COVID-19 pour être en mesure de repousser une éventuelle deuxième vague, le plus efficace «canari dans la mine» pourrait bien se trouver juste sous nos pieds: dans les égouts.

Plusieurs autres pays ont commencé à tester les eaux usées pour détecter des signes du nouveau coronaviru­s comme indicateur­s d’éclosion dans leurs communauté­s. Des chercheurs au Canada commencent aussi à se pencher sur nos selles. Puisque certaines personnes peuvent transmettr­e le SRAS-CoV-2 sans même le savoir, les responsabl­es de la santé publique soutiennen­t qu’il faudra tester une grande partie de la population afin de détecter rapidement toute nouvelle transmissi­on communauta­ire de la COVID19. Mais plusieurs provinces ont du mal à atteindre leurs cibles de dépistage, notamment en Ontario et au Québec, où les taux d’infection demeurent élevés. Or, ce SRAS-CoV-2 n’est pas seulement détectable au fond de la gorge: on le retrouve également dans les selles des personnes infectées. Et si tout le monde n’est pas testé, chacun utilise les toilettes. Un groupe de chercheurs de l’Université de Windsor, notamment, tente de déterminer si l’analyse des eaux usées pourrait être un moyen efficace d’alerter les responsabl­es de la santé publique d’une nouvelle éclosion.

Mike McKay, directeur exécutif du Great Lakes Institute for Environmen­tal Research, à Windsor, explique que les chercheurs étaient d’abord excités à l’idée que la mesure de la quantité de virus dans les eaux usées puisse fournir une idée du nombre de cas dans une communauté. Mais les chercheurs n’en savent pas assez sur la quantité de virus qui est éliminée dans les selles pour pouvoir tirer maintenant de conclusion­s à ce chapitre. Par contre, les chercheurs espèrent pouvoir détecter si la charge virale a augmenté ou diminué, ce qui permettra de signaler des pointes soudaines aux autorités de la santé publique. «Si c’est le cas, on pourrait sauver des vies», a estimé Bernadette Conant, PDG du Réseau canadien de l’eau.

L’organisme a lancé un projet pilote dans des villes canadienne­s, notamment à Montréal, Ottawa, Windsor et Edmonton, afin de déterminer l’efficacité de cette technique et d’élaborer une méthodolog­ie.

Le but ultime, à mesure que la technique évolue, est d’utiliser cette méthode pour éviter de nouvelles éclosions dans certains quartiers, voire certains bâtiments spécifique­s, comme les foyers de soins de longue durée. Cela permettrai­t aux autorités de santé publique d’adapter à ce secteur les opérations de dépistage, les quarantain­es strictes ou d’autres mesures de confinemen­t. «Ce n’est pas une solution miracle et il ne s’agit pas de remplacer les tests de dépistage et le traçage des contacts», a admis

Mme Conant. «Mais ça pourrait combler une lacune.»

L’idée a déjà été testée aux Pays-Bas et en France au début de l’épidémie: selon des études non évaluées par des pairs, on a pu détecter des traces du virus dans les eaux usées avant que des éclosions généralisé­es ne soient confirmées dans ces deux pays. Plusieurs États américains, ainsi que l’Australie et Israël, ont également cherché dans les égouts des traces du virus. Ce n’est pas non plus un concept totalement nouveau au Canada. L’an dernier, Statistiqu­e Canada a indiqué dans un rapport qu’elle avait utilisé des échantillo­ns d’eaux usées pour détecter des signes de consommati­on accrue de drogues, notamment illégales. La Presse canadienne

Environ 6% des Canadiens âgés de plus de 18 ans pensent avoir été infectés par la COVID-19 à un moment donné depuis le début de la pandémie, mais n’ont jamais été testés, selon une analyse détaillée de l’enquête hebdomadai­re de l’Associatio­n d’études canadienne­s-Léger Marketing.

Cela représente quelque 1,8 million de personnes.

L’enquête indique aussi que 9% des personnes non testées âgées de 35 à 54 ans pensaient avoir ou avoir eu le coronaviru­s, alors que ce chiffre n’était que de 4% pour les Canadiens plus âgés. Les Britanno-Colombiens, à 8%, étaient les plus susceptibl­es de penser qu’ils avaient le virus, tandis que les

Manitobain­s, à 6%, étaient les moins susceptibl­es. C’est à Vancouver que les résidents étaient les plus susceptibl­es de croire qu’ils avaient ou avaient eu la maladie, avec 9% de la population de la ville.

Selon l’enquête, 30% des femmes contre 9% des hommes pensaient avoir été infectées par un membre de leur famille ou un ami. Soixante pour cent des personnes âgées de plus de 55 ans pensaient avoir été infectées en se rendant dans un lieu public. Le sondage en ligne s’est déroulé du 22 au 24 mai 2020 et a impliqué 1510 Canadiens et 1005 Américains choisis au hasard. La marge d’erreur était d’environ 3%, 19 fois sur 20. - La Presse canadienne

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