Sports et pandémie: «Ça devient frustrant parce que personne n’a de réponse»
Depuis le début du confinement, les responsables de plusieurs sports de la province font régulièrement la causette dans le cadre de conférences téléphoniques. Grosso modo, l’exercice consiste à tenter de trouver des réponses aux 1001 questions que la majorité d’entre eux se posent.
Le directeur général de la Société des Jeux de l’Acadie, Luc Arseneau, participe régulièrement à ces rencontres et avoue que les échanges deviennent parfois émotifs.
Et selon lui, la troisième phase du déconfinement annoncé par le gouvernement est loin de tout régler.
«Oui ça représente un retour progressif, mais il y a encore beaucoup de zones grises, dit-il. Surtout au niveau des limitations que nous pouvons nous offrir. D’autant plus que les choses changent tellement rapidement et que c’est très difficile de se mettre à jour. Et comme nous ne sommes pas des experts en pandémie, personne ne veut commettre une erreur. Ça devient frustrant parce que personne n’a de réponse.»
S’ils concèdent que le plus important, bien avant de présenter des compétitions, est de faire bouger les jeunes, il n’en demeure pas moins que certains sports auront une adaptation plus grande à gérer. Les sports de combat et le hockey compétitif, par exemple.
Quand on sait qu’il est interdit de regrouper davantage que 50 personnes dans un même lieu, une fois qu’on a comptabilisé les athlètes, les entraîneurs et les arbitres, il ne reste plus beaucoup de place pour les spectateurs.
«Je ne peux pas te cacher que perdre une finale pourrait avoir un impact plus important que les gens s’imaginent. Je pense surtout à nos commanditaires. Bien qu’ils soient toujours à nos côtés durant cette période difficile, auront-ils les coffres aussi profonds qu’auparavant?», questionne Luc Arseneau.
«À plus long terme, nous risquons aussi de perdre plusieurs bénévoles, en plus d’entraîneurs et d’arbitres. Ce sont là des personnes d’une valeur inestimable pour chaque sport. Les gens ont tendance à l’oublier, mais la majorité des sports sont gérés par des bénévoles», souligne-t-il.
Luc Arseneau soutient que la pandémie démontre plus que jamais à quel point notre système sportif est faible. Aussi vulnérable qu’un château de cartes.
«Les changements effraient les gens. Mais dans le monde du sport, qui ne procède pas régulièrement à des changements peut facilement tomber derrière. Cette crise nous démontre d’ailleurs que nous sommes plusieurs années en retard avec notre système sportif dans la province», indique Luc Arseneau.
Pour y remédier, il croit que la création d’un comité d’action serait déjà un gros pas de l’avant. Surtout que lors d’une conversation, le gouvernement se serait montré ouvert à un tel comité.
«Nous voulons être des alliés dans la stratégie sur le plan de la santé en général. Il me semble que l’occasion est également belle pour nous restructurer. Nous devrions nous inspirer de ce qui se fait au Québec qui est bien en avance sur nous. La ministre (Isabelle Charest) a déjà annoncé qu’un plan de match était établi pour la plupart des sports», ajoute Luc Arseneau. ■
«Des sports comme le vélo ou la course à pied peuvent toujours s’en tirer en organisant des épreuves contre la montre, révèle Luc Arseneau. Mais pour la majorité des autres sports, c’est plus compliqué. Plusieurs sports sont actuellement très vulnérables.»