CRISE DE LA SÉCURITÉ DANS LES HÔPITAUX
Deux agressions d’infirmières ont retenu l’attention ces derniers mois au Nouveau-Brunswick. Mais il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg, selon des données obtenues en vertu de la Loi sur le droit à l’information.
Dans une lettre d’opinion que nous publions aujourd’hui en page 22, la présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du N.-B., Paula Doucet, lance un cri du coeur pour dénoncer ce qu’elle qualifie de «crise de la sécurité» dans les hôpitaux du N.-B.
Elle explique comment l’entreprise privée chargée d’assurer la sécurité dans la plupart de ces établissements ne parvient pas à recruter et garder suffisamment d’agents pour couvrir tous les quarts de travail. Selon elle, cela met en danger les soignants.
Paula Doucet affirme que la situation presse. Elle exhorte le gouvernement provincial et les réseaux de la santé à agir avant qu’il ne soit trop tard et qu’une infirmière soit tuée dans l’exercice de ses fonctions.
«Nous n’acceptons pas qu’un travailleur de la santé doive mourir avant qu’un changement n’intervienne enfin. Le gouvernement doit agir et doit le faire maintenant, avant que les Néo-Brunswickois se réveillent devant le grand titre que nous voyons tous venir, mais qu’aucun d’entre nous ne pourra supporter», écrit-elle.
Elle rappelle que deux de ses consoeurs ont déjà eu la frousse de leur vie, en mars 2019 au CHU Dumont de Moncton et plus tôt ce mois-ci à l’Hôpital régional de Miramichi.
Selon elle, rien n’a changé malgré ces fâcheux incidents et malgré les démarches soutenues de son organisation au cours des derniers mois.
LA POINTE DE L’ICEBERG
Les deux cas dont parle Mme Doucet ont retenu l’attention de la population et des médias par leur grande violence.
Mais la situation est-elle si grave qu’elle l’affirme? Des incidents violents surviennentils souvent dans les hôpitaux? La réponse à ces deux questions est oui, si l’on se fie à divers indicateurs qui permettent de mieux saisir l’ampleur du problème.
Ils proviennent de documents obtenus par le Syndicat grâce à des demandes d’accès à l’information auprès des réseaux de la santé et de Travail sécuritaire NB. Documents qui nous ont ensuite été transmis.
Les données sont assez frappantes. On constate par exemple qu’au cours de l’année 2018-2019, plus de 600 incidents violents ont été répertoriés dans les établissements du Réseau de santé Vitalité.
C’est au Centre hospitalier du Restigouche (CHR), au CHU Dumont de Moncton et à l’Hôpital régional Chaleur qu’ont eu lieu le plus grand nombre d’incidents violents.
Le portrait n’est guère plus réjouissant dans le Réseau de santé Horizon, qui a recensé 792 incidents violents au cours des neuf premiers mois de l’année 2018-2019. De ce nombre, 274 étaient des cas d’abus verbal (ou d’altercations) et 518 étaient des cas d’agression.
Un autre indicateur est assez évocateur: le nombre de réclamations découlant d’incidents violents acceptées par Travail sécuritaire N.-B. (soit le régime d’indemnisation des travailleurs de la province).
De 2013 à 2019, 43% de ces demandes étaient liés à des incidents dans des hôpitaux ou des foyers de soins. Concrètement, 573 demandes liées à des incidents violents ont été acceptées. ■