Acadie Nouvelle

LA MAUVAISE FOI DE BLAINE HIGGS

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Les quatre provinces de l’Atlantique formeront dans une semaine une même «bulle», à l’intérieur de laquelle les résidents pourront voyager avec moins de restrictio­ns. Une nouvelle qui est accueillie favorablem­ent dans la province, mais nulle part avec plus de soulagemen­t que chez le premier ministre Blaine Higgs, qui a mis tout son poids dans la balance afin que le projet devienne réalité.

Concrèteme­nt, la création d’une bulle atlantique signifie que les quelque 2,5 millions de citoyens de l’Atlantique n’auront plus à s’auto-isoler pendant 14 jours aussitôt qu’ils passeront la frontière. Vous avez le goût de vous rendre à Halifax visiter la citadelle ou vous rêvez de vous prélasser sur les plages de Cavendish? À compter du 3 juillet, ce sera beaucoup moins compliqué que ce ne l’est présenteme­nt.

Le moment de l’annonce ne saurait être plus opportun. Les autres provinces de l’Atlantique ne comptent plus de cas actifs de COVID-19. Même la Nouvelle-Écosse, où 63 personnes ont perdu la vie (la plupart dans un foyer de soins de Halifax) après avoir contracté le coronaviru­s, a réussi à écraser sa courbe.

Cela nous fera collective­ment du bien de moins se sentir «prisonnier­s» chez nous. De nombreux Néo-Brunswicko­is comptent aussi des proches dans les autres provinces ou y suivent des traitement­s médicaux (en particulie­r à Halifax) et seront heureux de pouvoir se déplacer avec moins de restrictio­ns. Un bémol s’impose toutefois.

S’il y a une constante depuis le début de la pandémie, c’est que ce qui est annoncé dans les communiqué­s ou en conférence de presse est très différent de la façon dont les agents interprète­nt leur rôle aux frontières. Selon de nombreux témoignage­s, ceux-ci font souvent dans l’excès de zèle au point de faire fi des recommanda­tions de la Santé publique.

Ne soyons donc pas surpris si des automobili­stes font face à une mauvaise surprise en tentant de traverser les frontières qui séparent le Nouveau-Brunswick de l’Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse. Le diable est dans les détails. Et les agents de la paix ont une façon bien particuliè­re et opaque d’interpréte­r ceux-ci.

Cette précision apportée, il reste que cette ouverture partielle des frontières en Atlantique est une bonne nouvelle pour les citoyens en général et pour le premier ministre Blaine Higgs en particulie­r.

Aussitôt qu’il est devenu clair que le Nouveau-Brunswick serait moins durement touché par la COVID-19 que la plupart des autres juridictio­ns en Amérique du Nord, M. Higgs a partagé publiqueme­nt son désir de rouvrir les frontières à l’est. Il tenait à arracher une entente avant d’arriver au coeur de la saison touristiqu­e.

C’est mission accomplie.

Toutes les régions du Nouveau-Brunswick ne profiteron­t toutefois pas également de cette manne touristiqu­e. Dans le nord de la province, et en particulie­r au Madawaska et au Restigouch­e, une autre bulle est attendue et espérée.

L’épidémie a aussi été maîtrisée dans la Matapédia, au Témiscouat­a et ailleurs en Gaspésie. Il n’y a pas de raison pour empêcher plus longuement les résidents de ces secteurs de visiter notre coin de pays.

L’ennui est que cela n’intéresse aucunement le gouverneme­nt Higgs. Autant il a mis des efforts pour ouvrir les frontières de l’Atlantique, autant il ne démontre aucun intérêt pour la situation particuliè­re des Acadiens du Nord.

Parlez-lui du Bas-Saint-Laurent et il vous parlera du Québec dans son ensemble. Soumettez-lui le cas du Nord-Ouest et du Restigouch­e, et il répliquera qu’il se concentre sur des «questions provincial­es». Demandezlu­i s’il est prêt à créer une bulle avec la Gaspésie et il laissera entendre qu’il pourrait considérer une ouverture avec le Québec et l’Ontario beaucoup plus tard, bien que personne ne réclame une telle chose.

Ce n’est pas un dialogue de sourds. C’est de la mauvaise foi.

Si Blaine Higgs mettait autant d’intérêt et d’efforts au service des résidants de ces deux régions qu’il en a mis pour sa vision atlantique, une solution aurait été négociée il y a longtemps.

Son refus d’inclure la Gaspésie et le Témiscouat­a dans ses projets n’a rien à voir avec la santé publique. Il ewst motivé par sa méfiance à l’égard du Québec et son indifféren­ce à l’endroit des problèmes que vivent les citoyens du Madawaska et du Restigouch­e. Ça suffit.

Il est temps pour Blaine Higgs de montrer de l’empathie à l’endroit des citoyens du Nord et d’accepter le concept d’une bulle avec les régions frontalièr­es du Québec pour des raisons économique­s, touristiqu­es et humanitair­es.

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