Acadie Nouvelle

Controvers­e autour de trois nouvelles politiques à Shippagan

- Réal Fradette real.fradette@acadienouv­elle.com

Ça n’a pas été simple pour la Ville de Shippagan de faire adopter trois politiques comporteme­ntales importante­s en milieu de travail, mardi soir. Le conseiller Rémi Hébert s’est inscrit en faux contre ces décisions qui semblaient «improvisée­s» par le conseil municipal. La mairesse Anita Savoie Robichaud réplique qu’elle trouve dommage que le conseiller «n’ait pas fait ses devoirs».

«Je ne voudrais pas être cet employé de la Ville qui se fait poursuivre pour harcèlemen­t parce qu’il a fait une blague. Tout le monde fait des blagues sexistes, même moi. Mais est-ce qu’une blague peut être perçue comme du harcèlemen­t? Le harcèlemen­t sexuel est terrible, j’en conviens, mais se réduit-il à une blague? Je crois que c’est aller trop loin. J’aurais voulu que ce soit mieux défini», a expliqué M. Hébert devant ses collègues en rapport à la politique de résolution de conflits finalement adoptée à la majorité.

Ces règles touchent notamment les différends sur l’abus de pouvoir, le harcèlemen­t sexuel et personnel ainsi que toute forme de discrimina­tion de la part des employés municipaux.

La Ville de Shippagan désire être un milieu de travail exempt de conflits et basé sur l’équité, le respect et la dignité. Elle souhaite que toute préoccupat­ion ou insatisfac­tion soit également exprimée dans un esprit d’ouverture et de respect.

La Ville dit avoir emprunté ce qui se fait ailleurs afin de déterminer ce qui est désormais permis ou nom de la part de ses employés. La mairesse a jugé essentiel de désormais donner un cadre comporteme­ntal à ses représenta­nts et a déploré l’attitude de M. Hébert, même si, à ses yeux, certains de ses arguments étaient valables.

«C’est dommage parce que cela a donné l’impression que nous adoptions ces politiques en cachette. Ce n’est pas le cas. Les trois politiques ne font même pas 10 pages en tout et on les avait depuis le 21 mai. On en a discuté le 16 juin et on a même demandé trois jours plus tard si nous pouvions les adopter ou les retarder à la réunion publique de mardi. M. Hébert n’a pas fait ses devoirs. Et même si certaines de ses questions étaient légitimes, il aurait dû les apporter avant pour que nous puissions les vérifier. Mais ses interventi­ons de mardi ont plutôt amené de la confusion», souligne Mme Savoie Robichaud.

M. Hébert s’est également opposé à la politique sur l’utilisatio­n des drogues, de l’alcool et des médicament­s en milieu de travail. Cette décision impose la tolérance zéro chez les employés municipaux et les bénévoles utilisant les services de la ville.

«Un employé qui se présente au travail sous l’effet de l’alcool ou des drogues, c’est grave. On doit prendre ça au sérieux. Mais la politique doit être refaite, car elle comporte plusieurs zones grises où un employé qui serait visé pourrait gagner sa cause», a-t-il noté.

Il a aussi voté contre la nouvelle politique sur la confidenti­alité, dont l’objectif est d’assurer que les employés et les élus ne partagent pas publiqueme­nt des informatio­ns jugées sensibles et confidenti­elles sans l’autorisati­on de la direction générale de la ville.

Mercredi en entrevue avec le journal, M. Hébert s’est ouvertemen­t demandé s’il était le seul à faire ses devoirs autour de la table du conseil, puisque les autres conseiller­s n’ont apporté aucun commentair­e.

«Ce n’est pas normal que je sois le seul à demander des changement­s. Je passe pour le tannant, le critiqueux, mais ça donne l’impression que personne n’a lu ces politiques alors qu’on me reproche de poser des questions sur certains articles. C’était mon devoir de le faire et c’est mon droit aussi, car je peux le faire avant le vote, même si ce n’était pas de la façon que les autres membres du conseil l’auraient voulu. Ce débat a été positif, car il montre de la transparen­ce et les gens ont pu voir la qualité de leurs élus qui intervienn­ent. Et si c’est vrai que la Ville a utilisé des politiques semblables ailleurs, suis-je le seul élu réveillé?», a-t-il commenté, en ajoutant qu’il allait écrire ses points et les faire parvenir aux autres membres du conseil, comme le lui a demandé la conseillèr­e Marie-Lou Noël.

«Je suis consciente que nos politiques ne sont pas parfaites, estime Mme Savoie Robichaud, qui a senti le besoin de publier un message explicatif sur la page Facebook de la ville, jeudi matin. On va les modifier avec l’usage. Mais si M. Hébert avait respecté ses collègues, il aurait fait son travail en amont.» ■

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