BEAUTÉ DE LA BAIE DES CHALEURS
NDLR: Le tourisme sera local cet été. Notre journaliste Simon Delattre vous propose donc d’embarquer dans un périple à travers la province. Il amène avec lui sa curiosité, son goût pour les rencontres et une envie de découvrir les trésors méconnus du NouveauBrunswick. Les Mi’kmaqs l’appelaient Mowebaktabaak, ce qui signifie grande baie; Jacques Cartier la rebaptisa baie des Chaleurs. C’est ici qu’eut lieu le premier échange commercial entre Français et Autochones, lorsque l’explorateur arriva dans la région en juillet 1534. Aujourd’hui, je pars y faire une chasse aux panoramas.
Je laisse Kedgwick et les camions des scieries derrière moi pour filer sur la route 11, qui serpente entre les reliefs des Appalaches. Me voilà bientôt à Campbellton, campée entre la rivière Restigouche et le mont Sugarloaf.
La Miellerie de Charlo sera mon prochain arrêt. Jacques Lévesque, enseignant à la retraite, y produit chaque année près de sept tonnes de miel.
«C’est plutôt les abeilles qui font tout le travail», blague-t-il, avant de me faire visiter l’arrière-scène du petit centre d’interprétation touristique.
Sur ses terres se trouvent pas moins de 350 ruches, qui hébergent de 30 000 à 50 000 abeilles chacune... je vous laisse calculer le reste.
«C’est un monde à part», souffle l’apiculteur qui se passionne depuis des décennies pour la vie des colonies.
Pas de plantes, pas d’abeilles. La vue des immenses gazons rasés à deux millimètres dans le voisinage le décourage profondément.
«Si tu coupes toutes les fleurs, tu te bats contre les insectes, contre la nature», déplore Jacques Lévesque.
En prenant soudainement un air très sérieux, il avance que son miel est «l’un des meilleurs au monde», produit de la combinaison unique des fleurs sauvages du Restigouche. L’affirmation me fait sourire sans me convaincre totalement.
J’apprends en tout cas que la substance sucrée ne suffit pas à faire vivre l’apiculteur. Sa principale source de revenus lui vient plutôt de la location de ses ruches en vue de la pollinisation des champs de bleuets dans la Péninsule acadienne et la région de Renous.
Satisfait de ma visite, je quitte cette fois l’axe de circulation principal pour longer la baie. Naviguant à vue, je me laisse porter par une petite route ravissante. Quelques kilomètres plus loin, la vue de l’embouchure de la rivière Jacquet me décide à couper le moteur.
À son extrémité, le cours d’eau se divise en une multitude de bras sinueux entre lesquels viennent se nourrir plusieurs espèces d’oiseaux. Voilà un autre bijou naturel qui mériterait d’être mieux connu!
Renseigné par des jeunes du coin, je me mets désormais en quête des chutes de Nigadoo. Rien n’indique son emplacement mais l’endroit est devenu l’un des points de rendez-vous de la jeunesse de la région Chaleur. On vient y faire saucette, lézarder au soleil ou faire la fête toute la nuit.
Je résiste à l’envie de me baigner pour aller finalement rendre visite à deux compatriotes du côté de Beresford.
Originaires du sud-ouest de la France, Fabienne et Olivier Paillot ont fait leurs valises il y a deux ans pour s’installer de l’autre côté de l’océan avec leurs deux enfants.
Le couple s’est offert une splendide vue sur la baie et a créé la Bulle aux jeux, une entreprise spécialisée dans la vente de jeux de société et l’organisation d’événements ludiques. Les deux immigrants tentent depuis de transmettre leur passion lors de présentations au marché, dans les cafés, les écoles et les bibliothèques de la région.
Ils ont rapidement découvert que la culture du jeu de société n’est pas profondément ancrée dans la province.
«Souvent ce qui freine les gens, ce sont règles du jeu», observe Fabienne.
Il y en a pourtant pour tous les goûts, leur ludothèque compte plus de 200 boîtes colorées. les
Chaque jeu a ses mécanismes, son univers. Pour Olivier, chaque partie est une occasion de se retrouver et de partager un moment à plusieurs. On travaille en équipe, on communique, on découvre des personnalités…
«Ça nous permet de passer du temps avec nos jeux. On pose son téléphone et on fait quelque chose ensemble. Pour les enfants, c’est très stimulant, c’est une source d’apprentissage et ça travaille l’imagination», mentionne-t-il. ■