L’ACADIE VUE PAR GEORGETTE BOURGEOIS
De l’Acadie d’autrefois à aujourd’hui, en passant par la France, l’artiste Georgette Bourgeois propose un survol de son parcours en peinture dans une exposition au Centre des arts et de la culture de Dieppe.
Depuis plusieurs mois, l’artiste-peintre de Moncton a aménagé son studio au CACD. Celle qui avait entrepris une résidence de création en janvier a dû l’interrompre pendant plusieurs semaines en raison de la pandémie. Elle est maintenant de retour au Centre afin de poursuivre son travail en vue d’une exposition qui sera présentée dans la galerie cet automne. D’ici là, elle propose un bref survol de son travail en 21 tableaux qui sont exposés dans le corridor qui mène à son studio. On y retrouve plusieurs nouvelles oeuvres qui témoignent d’un style et d’une démarche toujours en changement. Celle qui illustre l’Acadie et la région du Grand Moncton, rurale et urbaine, dans ses toiles explore quatre thèmes dans cette exposition. La rivière Petitcodiac, Le Verger Belliveau, les arts du cirque et l’Acadie contemporaine versus la France.
À travers les différentes séries, on constate l’évolution de la démarche de Georgette Bourgeois. Dans la série sur la France versus l’Acadie, elle emprunte une démarche très différente de son travail habituel. En alliant le collage, la photographie, le papier transparent et la peinture, elle intègre des textures, donnant aussi un aspect un peu diffus à ses paysages. Elle a créé cette série à la suite de deux voyages en France notamment dans les régions d’Aix-en-Provence, Marseille et Poitiers. Aux paysages de la France, viennent se greffer des images de l’Acadie contemporaine. Des acrobates de Circus Stella se retrouvent donc dans des décors plutôt inusités. Derrière un surfeur de la Petitcodiac, on peut apercevoir un jardin d’un palais en France.
«J’avais vraiment besoin d’explorer d’autres médias. Des fois, il faut que je sorte de ma boite de création et que je ne crée pas de la même façon. Ç’a donné ce genre et mon style est changé. C’est très différent.»
Elle a d’ailleurs commencé à utiliser cette technique de collage dans ses oeuvres sur le Circus Stella. Cette nouvelle approche se répercute aussi dans ses peintures qui sont différentes. Elle présente trois nouvelles toiles sur le Verger Belliveau qu’elle a créées à la suite de sessions de peinture en direct pendant le Festival Parlures d’icitte. Mais peu importe le style, Georgette Bourgeois accorde toujours autant d’importance au ciel et à ses différentes teintes.
PROJET HISTORIQUE
Pendant tout l’été, elle poursuivra la création d’un projet d’envergure sur l’Acadie d’autrefois. Elle a réalisé, entre autres, deux grandes oeuvres sur une Seigneurie; une peinture qui lui a demandé plusieurs heures de recherches et de travail.
«Il a fallu que je fasse les recherches historiques pour me rendre à ça. Il y a très peu d’images sur internet. À peu près toutes les seigneuries en Acadie ont été détruites. Elles sont toutes au Québec. Finalement, j’en ai trouvé une pour me rendre à ce que j’ai créé», raconte l’artiste qui me présente la montagne de croquis qu’elle a réalisée avant d’entreprendre l’oeuvre finale. Elle tenait à rendre justice à cet établissement, tant dans la structure que dans l’esprit.
Il s’agit de la Seigneurie d’Acadie dans la région de Pugwash qui date d’avant 1755 et qui avait un lien avec le Fort Louisbourg. Elle a reçu cette commande d’une fondation en Nouvelle-Écosse et les deux tableaux seront installés au nouveau centre francophone à Halifax aussitôt qu’il sera construit, soit dans environ une année et demie.
D’ici là, le public de la grande région de Dieppe pourra voir les tableaux qui feront partie de son exposition à la Galerie d’art du CACD cet automne. Depuis le début de sa résidence, l’artiste a reçu beaucoup de visites dans son atelier. Elle a également donné des ateliers à des enfants qui ont réalisé trois séries de dessins que l’on peut voir aussi au Centre des arts. ■