HIGGS SUSCITE ESPOIR ET APPRÉHENSION
FONDS RURAL VS FONDS DU NORD
La décision du gouvernement de Blaine Higgs de mettre un terme au Fonds de développement économique et d’innovation pour le nord du N.-B. ainsi que celui de la Miramichi et de les remplacer par de nouvelles initiatives de développement régional est accueillie à la fois avec espoir et appréhension dans le milieu municipal.
L’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick (AFMNB) a indiqué avoir été récemment consultée par le gouvernement provincial sur la refonte en profondeur des fonds existants.
«L’intention était bonne au départ. Les fonds ont aidé les entreprises, mais ils dépérissent depuis quelques années et ont mauvaise réputation en raison de leur gestion un peu opaque et des retombées qui sont difficiles à évaluer», a affirmé Frédérick Dion, le directeur général de l’AFMNB.
L’organisme qui représente une cinquantaine de municipalités à travers la province n’est pas contre l’idée de la création d’un fonds pour l’économie et l’investissement rural en remplacement.
L’AFMNB estime toutefois que les sommes disponibles devraient être limitées aux régions qui sont confrontées à des défis socio-économiques importants et uniques.
«Il faut revenir à l’idée d’origine de ces programmes d’aide et les améliorer. Les critères d’admissibilité ne sont pas clairs et les montants de 20 millions $ et de 5 millions $ (par année) disponibles dans les deux fonds ne sont même pas dépensés en entier. C’est complètement absurde parce que les besoins sont là», croit Frédérick Dion.
Il estime également que le montant total du fonds doit être bonifié au-delà des sommes engagées dans les deux précédents fonds, question de ne pas pénaliser les régions du
Nord et de la Miramichi qui éprouvent déjà des difficultés économiques.
Selon Frédérick Dion, un fonds annuel de 40 millions $ pour les trois premières années serait nécessaire pour mener à bien la réalisation de projets d’envergure dans les régions admissibles.
À Grand-Sault, le maire est également d’avis qu’il faut revoir les critères d’admissibilité qui représentent selon lui un fardeau pour les entreprises et les municipalités désirant en bénéficier.
«Les critères sont tellement larges que ça donne l’impression que c’est un programme dont personne n’a besoin. En fait, je n’ai même pas souvenir d’un projet d’entreprise ou municipal qui a été réalisé grâce au fonds du Nord», affirme Marcel Deschênes.
Le maire de Miramichi, Adam Lordon, s’inquiète quant à lui de l’annonce imminente de la disparition du Fonds de développement économique et d’innovation pour la région de Miramichi.
«Ces fonds sont extrêmement importants pour notre région et pour le nord du Nouveau-Brunswick, qui affichent des taux de chômage supérieurs et une situation économique moins reluisante que le sud de la province.»
«Nous ne sommes pas opposés à des réformes qui pourraient faciliter l’accès à ces programmes, mais l’idée de déplacer un fonds de développement économique dédié à la région de Miramichi n’est peut-être pas nécessairement une bonne chose», confie Adam Lordon.
Le maire de Miramichi dit espérer pouvoir bientôt faire part au gouvernement des attentes de sa communauté à l’endroit d’un éventuel fonds pour l’économie et l’investissement rural.
«Si l’idée est simplement d’abolir le fonds du Nord sans le remplacer par quelque chose qui peut vraiment aider les régions les plus défavorisées, je suis contre la mesure. Par contre, si c’est plus flexible et que ça peut venir en aide aux régions rurales, je ne vois pas de problèmes à d’éventuels changements», souligne pour sa part Jean-Pierre Ouellet, le maire de la Communauté rurale de HautMadawaska.
Quant à la mairesse de Campbellton, elle se dit déçue des intentions du gouvernement Higgs.
«Je trouve ça vraiment décevant, il va falloir que les projets du Nord compétitionnent avec les trois gros centres et les plus gros projets. Encore une fois c’est le Nord qui va perdre. Ce fonds a été établi pour encourager les entreprises du Nord, et non pas pour amener les entreprises à s’en aller dans le Sud», affirme Stephanie Anglehart-Paulin dans une déclaration écrite. ■