La création d’un fonds rural se fera-t-elle au détriment des régions du Nord?
Les partis d’opposition craignent que le Nord et la région de Miramichi n’obtiennent pas leur juste part des investissements gouvernementaux avec l’abolition des fonds qui leur sont dédiés.
Le choix du gouvernement provincial de mettre fin aux Fonds de développement économique et d’innovation pour le nord du Nouveau-Brunswick et pour la région de Miramichi n’a pas fini de faire des vagues.
Le Parti libéral et le Parti vert dénoncent une décision opaque et insensible de la part des progressistes-conservateurs qui risque de faire mal aux régions concernées.
«Je n’ai pas de problème avec le fait que l’on révise les programmes, c’est même sain de le faire. Mais de là à dire qu’on va complètement retirer l’argent et qu’on va mettre ça dans un fonds général… c’est là où j’ai un peu plus de misère», confie le député libéral Keith Chiasson.
La ministre responsable de la Société de développement régional, Andrea AndersonMason, a indiqué la semaine dernière que son gouvernement a révisé six fonds - dont ceux du Nord et de la Miramichi - et qu’il les remplacera bientôt par d’autres fonds, dont un qui sera destiné au développement économique de toutes les régions rurales.
À son avis, cette restructuration permettra de simplifier l’accès à l’aide financière gouvernementale tout en rendant le processus plus transparent.
M. Chiasson craint toutefois que le Nord et la région de Miramichi se retrouvent en compétition avec les régions rurales du Sud qui se trouvent beaucoup plus près des grands centres.
«Si on met un projet du Nord avec celui du Sud, ça cause une compétition entre les régions et c’est justement ça que l’on veut éviter», déplore le député de Tracadie-Sheila.
«Dans le nord de la province, le moteur qui fait tourner l’économie n’est pas de la même grosseur que celui qui fait tourner l’économie à Moncton, à Fredericton ou à Saint-Jean.»
Dans sa plus récente version qui date de 2015, le fonds du Nord doit disposer d’un budget de 20 millions $ par année jusqu’en 2021. L’enveloppe du fonds de la région de Miramichi pour la même période est de 5 millions $ annuellement.
Le député Kevin Arseneau, du Parti vert, croit lui aussi que des sommes devraient continuer d’être réservées pour ces deux régions afin de combler leurs retards «historiques» et «structuraux».
«Souvent, les gouvernements successifs n’ont pas pris en compte les spécificités des régions. Le Nord n’a pas les mêmes besoins. C’est beaucoup plus facile d’être une région rurale dans le triangle d’or entre Fredericton, Moncton et Saint-Jean», affirme le député Arseneau.
À son avis, ces fonds devraient toutefois être accompagnés de plans de développement économique régional élaborés avec les intervenants de chaque région.
Keith Chiasson conteste les propos de la ministre Anderson-Mason selon lesquels les fonds du Nord et de la région de Miramichi ne sont pas suffisamment transparents.
«Ce sont des fonds publics et le public peut aller chercher cette information. Il n’y a rien de caché. Je trouve ça déplorable qu’elle essaye d’utiliser cet argument pour justifier pourquoi il faut mettre fin au fonds du Nord.»
Selon lui, c’est plutôt la façon de procéder du gouvernement qui manque de transparence.
«Ça fait peut-être un an et demi qu’on pose des questions sur le fonds du Nord et nous n’avons jamais eu de réponse claire. Ils sortent l’information au compte-goutte et il faut leur tirer les vers du nez. Ils mettent fin à ces fonds de façon sournoise. Ils ne veulent pas faire de vague.» ■