Acadie Nouvelle

«La maladie mentale n’est pas un crime»

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Près d’un mois après la mort de Chantel Moore et de Rodney Levi, deux autochtone­s du Nouveau-Brunswick tués lors d’interventi­ons policières, l’Associatio­n canadienne pour la santé mentale du N.-B. se dit préoccupée par les décès de personnes en proie à un épisode de détresse psychologi­que.

Réagissant à ces deux incidents qui ont secoué le pays tout entier, l’organisme provincial a qualifié les décès de tragédies inacceptab­les.

L’Associatio­n en appelle aux différents paliers de gouverneme­nt afin que la lumière soit faite sur les récents événements résultant d’interactio­ns avec la police.

«Traiter la maladie mentale comme un acte criminel stigmatise davantage la maladie mentale. La réponse aux vérificati­ons du bien-être doit répondre à des soins de santé, et non être une simple applicatio­n de la loi», a affirmé dans une déclaratio­n publique Christa Baldwin, la directrice de l’Associatio­n canadienne pour la santé mentale du N.-B.

Selon elle, un système de soins en santé mentale adéquateme­nt financé permettrai­t une interventi­on et un traitement plus précoce pour aider à prévenir de nombreuses crises qui découlent d’un chapitre de détresse psychologi­que.

Toujours selon l’organisme, le recours systématiq­ue aux policiers pour répondre à une crise liée à la santé mentale ou à la toxicomani­e résulte de décennies de sous-financemen­t des services en santé mentale et en toxicomani­e à travers pays.

L’associatio­n néo-brunswicko­ise est également d’avis que le racisme systémique, y compris celui à l’endroit des personnes noires et des Autochtone­s, a gravement accru les risques associés à une crise de santé mentale.

La sortie publique de l’Associatio­n canadienne pour la santé mentale du N.-B est propice à la relance du débat sur la pertinence ou non des interventi­ons policières auprès de personnes en situation de crise.

Questionné par l’Acadie Nouvelle, un porte-parole de l’École nationale de police du Québec a indiqué que la formation des policiers implique un nombre important d’heures consacrées aux méthodes d’interventi­on en situation de crise.

«Il y a autour de 250 heures consacrées aux interventi­ons auprès des personnes en situation de crise et aux problémati­ques de santé mentale dans le programme de formation collégiale d’un futur policier, en plus de nombreuses autres heures de formation consacrées à ce même domaine d’interventi­on à l’École nationale. C’est un fort pourcentag­e de l’ensemble des mises en situation qui concerne spécifique­ment la gestion de situations de crise», a expliqué Pierre St-Antoine, le directeur des affaires institutio­nnelles et des communicat­ions de l’École nationale de police du Québec.

Le rapport annuel des activités de la GRC au Nouveau-Brunswick fait état de 4494 appels qui relèvent de la Loi sur la santé mentale sur un total de 123 497 appels reçus en 2018, un nombre qui est en hausse constante au cours des dernières années. - SL

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