PLUIE: LES FERMIERS SOULAGÉS
Il a plu! Les agriculteurs ne sautent pas de joie dans les flaques d’eau, mais deux d’entre eux se réjouissent des pluies survenues après la sécheresse des dernières semaines. Ils espèrent maintenant profiter d’une humidité suffisante lors du reste de l’été.
«Les pluies sont bien venues, mais ça va en prendre pendant plusieurs jours, s’exclame le propriétaire de la ferme PouceVert d’Acadieville, Roger Richard. Il faudra que ça commence, que ça s’arrête et que ça recommence pour que la terre absorbe l’eau. L’humidité d’un seul gros orage, ça ne pénètre pas beaucoup le sol.»
Le fermier rappelle que la sécheresse survenue au mois de juin est un événement rare et nuisible au moment des plantations, de la germination des semences et de la croissance des fraises. D’habitude, il attend plutôt le manque de pluie aux mois de juillet et août.
«J’ai un système d’arrosage au goutte-àgoutte pour les légumes, qui poussent assez bien, mais pour les fraises, je n’ai pas d’arroseurs automatiques, alors on n’en récoltera pas beaucoup», prévoit M. Richard.
Il précise que la vente de ces fruits rouges représente de 15 à 20% de son chiffre d’affaires. Il reste quand même optimiste.
NORMALITÉ DE L’IMPRÉVU
«Il y a toujours quelque chose d’imprévu qui survient. Ce sont les défis auxquels les agriculteurs doivent faire face, relativise-t-il. On essaye de faire du mieux qu’on peut pour avoir des récoltes, parce qu’avec la pandémie de cette année, les gens vont peut-être vouloir acheter plus local.»
La présidente de l’Union nationale des fermiers au Nouveau-Brunswick, Rébeka Frazer Chiasson, se dit aussi contente du retour de la pluie, également présente dans les prévisions météorologiques des deux prochaines semaines.
Membre de la Coopérative la Ferme Terre Partagée à Rogersville, elle raconte que ces derniers mois ont été très secs.
«Nous avons eu beaucoup de pertes, un semi de choux-fleurs planté pendant une période chaude par exemple, même si nous l’avons arrosé le lendemain de sa plantation, déplore-t-elle. Le manque d’eau peut aussi avoir des conséquences sur la grosseur des légumes.»
Mme Frazer Chiasson avance que les Néo-Brunswickois constateront une plus faible diversité des aliments végétaux cultivés dans leur province (qui représentent 8% de ceux qu’ils consomment en moyenne).
PARI SUR LES PROCHAINS MOIS
«On mise quand même beaucoup sur les prochains mois et les récoltes automnales (de panais, carottes, courges et brocoli), nuance-t-elle. On espère que nos clients vont comprendre et qu’ils ne vont pas se décourager. En revanche, si on fait face à une deuxième sécheresse, les conséquences seront pires que dans les années passées.»
Le professeur de sciences analytiques en agroalimentaire à l’Université de Dalhousie à Halifax, Sylvain Charlebois affirme qu’il est trop tôt pour prévoir une année 2020 désastreuse pour les agriculteurs.
«Souvent, on a des étés pluvieux qui ramènent les choses à la normale», assure-t-il en précisant toutefois que les conséquences de la sécheresse dépendent des plantes cultivées.
M. Charlebois admet néanmoins que le début de l’été a été sec. Le chercheur ajoute que les changements climatiques rendent la météo incertaine. ■