Un outil plus efficace qu’une arme et un uniforme pour désamorcer les crises
Les contrôles-santé exercés par la police font l’objet de vifs débats depuis la mort tragique de Chantel Moore et de Rodney Levi.
Les policiers essuient de nombreuses critiques en ce a trait à la façon dont ils procèdent. On leur reproche de ne pas avoir les bons outils pour désamorcer les crises. On dit aussi qu’ils finissent souvent par aggraver la situation.
Or, ils ont la lourde tâche de se rendre sur les lieux, parfois en pleine nuit, et d’intervenir auprès de personnes en crise ou intoxiquées. Les troubles mentaux sont souvent entremêlés à l’usage de stupéfiants. Près de 5% des appels qu’ils reçoivent sont liés à la santé mentale.
Juste le fait de se présenter armé et en uniforme est perçu au départ par la personne en crise comme un geste menaçant, surtout si elle a eu, par le passé, des démêlés avec la police.
On évoque toujours la question du manque de formation adéquate des policiers, mais le problème est davantage lié au fait qu’ils interviennent par défaut parce que le nombre de professionnels en santé mentale est trop limité.
La question du sous-financement sempiternel du système de santé mentale et des services en toxicomanie doit être examinée, certes, de même que la pertinence des traitements précoces, mais il faut aller plus loin.
Ce que nous proposons, c’est l’adoption d’un protocole entourant les contrôlessanté, ce système qui consiste à vérifier l’état de santé mentale des individus en crise.
Évaluer une situation de crise dans le but de voir au bien-être de la personne exige une intervention d’appoint, à commencer par lui offrir les premiers soins, si nécessaire, puis la déplacer vers un lieu sûr pour une assistance médicale d’urgence.
Il faut, en plus, des rapports d’intervention qui décrivent la situation de crise et qui comprennent l’évaluation clinique, le mode d’intervention et les recommandations de l’intervenant.
Un tel protocole obligerait les policiers à intervenir de concert avec les professionnels en santé mentale. Ils auraient alors en main un outil plus efficace que leur arme et leur uniforme pour désamorcer les situations de crise. ■