L’AAAPNB se retire d’un comité de relance
L’Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick (AAAPNB) se retire d’un comité provincial de relance du secteur culturel parce qu’elle doute de son efficacité. Au lieu d’entreprendre de grandes réflexions, l’AAAPNB juge qu’il est temps de passer à l’action pour mettre en place des mesures rapidement afin d’aider le milieu artistique à traverser la crise de la COVID-19.
Dans une lettre envoyée au ministre du Tourisme, du Patrimoine et de la Culture, Bruce Fitch, (dont l’Acadie Nouvelle a reçu une copie), l’AAAPNB annonce son retrait du comité. Les responsables expliquent qu’au départ, l’association était contente de participer à une première rencontre du groupe de réflexion appelé «Think Tank en arts et culture», mais qu’après deux réunions, ils considèrent que le travail n’avance pas assez rapidement et que les objectifs de ce groupe sont mal définis. Selon l’AAAPNB, le mandat du comité devrait être de développer un plan d’urgence de reprise du secteur culturel pour la situation actuelle. Le président de l’AAAPNB, Philippe Beaulieu, estime que le milieu culturel ne peut pas se permettre d’attendre au prochain budget en mars 2021 pour mettre en place des initiatives concrètes. Le comité a tenu une première réunion le 1er mai. Par la suite, l’association a consulté ses membres et ses partenaires afin d’identifier des pistes de solutions.
«Tous les acteurs du milieu nous ont dit qu’il est primordial que des actions concrètes et rapides soient mises en place maintenant, sinon les dommages seront probablement irréparables», ont précisé les porte-parole de l’AAAPNB dans leur lettre.
«Le mot sur les lèvres de tout le monde, c’est l’urgence, on crève, il faut agir», a soulevé le président.
Lors de la deuxième rencontre le 29 juin, l’AAAPNB s’attendait à ce qu’ils discutent d’actions et de propositions, mais ils en étaient encore à la formation et au mandat du comité, au dire de M. Beaulieu. Le ministère avait invité d’autres organismes à se joindre au comité. Le président considère que c’est fini le temps des grandes réflexions, il faut agir rapidement.
«Il a été question de comités et de souscomités. Puis Carmen Gibbs (directrice de l’AAAPNB) et moi, chacun notre tour, nous avons vraiment argumenté l’urgence.»
L’association ne participera donc pas à la prochaine réunion du comité prévue le 16 juillet. Ça ne veut pas dire pour autant que l’Association coupe les ponts avec le gouvernement provincial et les différents intervenants. L’organisme entend soumettre aux gouvernements provincial et fédéral le fruit des consultations qu’il a tenues avec ses membres des différentes disciplines artistiques. Des pistes de solution pour la reprise des activités ont été évoquées pendant ces rencontres. Elles seront d’ailleurs dévoilées publiquement jeudi.
Philippe Beaulieu précise que le comité ne peut pas fonctionner comme si on était en situation normale.
«Les politiciens et les gouvernements doivent aussi se réinventer, pas juste les artistes qui doivent faire ça, on se doit d’innover. On est face à une crise. La COVID-19 est encore là. C’est maintenant qu’il faut agir. La province a une responsabilité envers ses citoyens que sont les artistes et les travailleurs culturels et les industries culturelles. Ce sont 8000 emplois. Ce n’est pas rien. On contribue beaucoup. On ne peut pas se permettre d’avoir de gros comités et des sous-comités. Avant on faisait ça comme ça, on pouvait prendre le temps, mais là, on est face à une crise.»
En quittant le comité, Philippe Beaulieu ne croit pas nuire à la cause parce que d’après lui, au rythme où vont les choses, il y a peu de chance que ce groupe engage des actions concrètes à court terme. L’Association considère aussi que le gouvernement ne peut pas investir dans une reprise à partir des budgets réguliers du ministère du Tourisme, du Patrimoine et de la Culture parce qu’il y aura assurément d’autres intervenants qui seront pénalisés. Selon l’organisme, un fonds de relance doit être créé pour remettre en marche le secteur culturel.
Le milieu culturel a été l’un des premiers secteurs d’activité à être lourdement affecté par la pandémie et il sera probablement l’un des plus lents à s’en remettre, note M. Beaulieu. ■