SÉCHERESSE: LES RÉSERVES D’EAU POTABLE SOUS SURVEILLANCE
Le Nouveau-Brunswick est l’une des provinces les plus touchées par la sécheresse au Canada, selon les données du ministère fédéral de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire. Plusieurs villes demandent à leurs habitants d’économiser l’eau.
En 41 ans de service, le contremaître des eaux et égouts de Caraquet, Nicolas Légère, avait connu la publication d’un seul avis de restriction de la consommation d’eau. Le 12 août, il a vu l’émission du second.
Il constate que le précieux liquide atteint 5,6 pieds de haut sur 12 dans la source municipale.
«Ça nous indique que le niveau est bas et que nous sommes en train de pomper dans la deuxième et la troisième nappe d’eau souterraine, précise-t-il. Et à ce rythme-là, on va monter nos minéraux dans l’eau et ce n’est pas bon pour la santé. S’il y a trop de minéraux, il faut que tu fasses des traitements et ça entraîne des coûts.»
AIDER L’INDUSTRIE
La Ville de Caraquet ordonne à ses habitants de ne pas laver les voitures ni les cours asphaltées des maisons et d’arroser les jardins seulement entre 19h et 21h.
«On demande aux résidents de baisser leur consommation d’eau pour aider les usines à poissons, qui fonctionnent à plein régime, détaille M. Légère. Si les citoyens coopèrent, on aura moins de misère à en avoir jusqu’à l’an prochain. On espère beaucoup de pluie cet automne et beaucoup de neige cet hiver pour remettre les pendules à l’heure.»
La Ville d’Edmundston a communiqué des directives comparables le 13 août. Les mairies de Grand-Sault et de Saint-Quentin ont publié les leurs dès le 23 et le 19 juin.
La Ville de Moncton a assuré que ses réservoirs (qui alimentent aussi les municipalités de Dieppe et Riverview) n’étaient pas affectés par la chaleur le 11 août. Elle a cependant invité le lendemain ses clients à limiter leur consommation d’eau pour réduire le risque d’éclosion d’algues bleues toxiques dans l’un d’eux (en préservant sa fraîcheur et la dilution de ses nutriments).
Le maire de Bouctouche, Roland Fougère a indiqué ne pas avoir reçu d’informations inquiétantes à propos des réserves d’eau de sa municipalité. Il a toutefois rapporté de nombreuses préoccupations de propriétaires de puits individuels.
ATTENDRE LA PLUIE
Le ministère fédéral de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire indique que l’ouest de l’Atlantique a continué de recevoir des précipitations très inférieures à la normale en juillet, intensifiant les conditions de sécheresse dans toute la région. Il précise que la province a reçu de 40 à 60% de la quantité de pluie moyenne au cours des deux à trois derniers mois.
Si les agriculteurs souffrent particulièrement du manque d’eau, le ministère provincial de l’Environnement précise que la consommation des Néo-Brunswickois n’en serait pas la cause.
«La majorité des agriculteurs du NouveauBrunswick comptent sur les pluies pour fournir l’humidité nécessaire à leurs cultures», explique l’agente des communications du gouvernement, Vicky Lutes.
Le Nouveau-Brunswick était la deuxième province du Canada avec la plus forte utilisation moyenne d’eau par habitant au quotidien en 2017 (615 litres). La moyenne nationale était de 427 litres.
Les Néo-Brunswickois utilisent seulement 5% de leur consommation d’eau à la maison pour s’hydrater et cuisiner, selon le gouvernement provincial (ils en font passer 30% dans leur chasse d’eau).
«Le taux de consommation d’eau en été augmente de manière vertigineuse, déclare le ministère de l’Environnement sur son site internet. Pendant l’été, la demande en eau est presque le double de ce qu’elle est habituellement. La conservation de l’eau est donc essentielle». ■