Acadie Rock: un spectacle sous le signe de la diversité
Le poète lauréat de Moncton, JeanPhilippe Raîche, fonde beaucoup d’espoir dans la relève littéraire au Nouveau-Brunswick. Le coanimateur de la Soirée Prélude du Festival Frye salue la puissance et la pertinence du discours des poètes émergents.
«Nous avons de jeunes poètes qui questionnent avec énormément d’énergie et ça me donne espoir par rapport à la relève littéraire au Nouveau-Brunswick, mais aussi beaucoup d’espoir par rapport à la contribution que la poésie peut apporter au discours public, à qui on est comme pays, qui on est comme province et qui on est comme ville», a déclaré en entrevue JeanPhilippe Raîche.
En compagnie de la poète Kayla Geitzler, il animera deux événements phares du Festival Frye, la Soirée Prélude et le Frye Jam, présentés dans le cadre du Festival Acadie Rock.
Ces deux spectacles littéraires multilingues filmés récemment sont retransmis sur Facebook depuis la salle Bernard-LeBlanc. Un total de 12 poètes de divers horizons et de différentes cultures participent aux deux spectacles.
Mettant en lumière des voix émergentes, la Soirée Prélude a comme fil conducteur l’identité, souligne JeanPhilippe
Raîche. Que ce soit l’identité de genre avec Xavier Gould qui propose un discours très revendicateur ou encore l’identité culturelle avec des poètes comme Thandiwe McCarthy.
«Ils ont des discours très puissants et ça, ça me donne énormément d’espoir quand je vois que c’est ça la relève parce que la poésie parle de la beauté, de l’intimité, mais la poésie, c’est aussi un discours sur qui on est collectivement. La poésie est aussi politique. À l’heure actuelle, au Nouveau-Brunswick, on a quand même eu la mort de deux autochtones aux mains de la police. Il faut commencer à s’interroger sur la société dans laquelle on vit. Qu’est-ce qu’on refuse d’y voir? Il faut commencer à déconstruire un certain racisme systémique et une transphobie aussi systémique. Nous sommes tous confrontés à ça. Il faut éviter de dire que le racisme c’est l’autre.»
Judy Marie Augustine, Marie-Christine Collin, Reem Fayyad Abdel-Samad et Léonore Bailhache font aussi partie de la sélection. Léonore Bailhache qui est une poète d’origine normande utilise le langage des signes. Sa poésie s’inscrit dans la tradition du slam. Les deux spectacles sont très variés, note l’animateur.
«Ce que je trouve intéressant, c’est qu’il y a de l’anglais et du français, il y a plusieurs cultures qui sont représentées. Ça donne une image actuelle de ce qu’est Moncton et sa région. C’est très ouvert et multiculturel. Je trouve que c’est intéressant parce que ça permet de créer des ponts entre les différentes cultures et les différentes littératures.»
Les lectures du Frye Jam seront accompagnées de la musique des Païens. Paul Bossé, Georgette LeBlanc, Jonathan Roy, Jennifer Houle, Emily Skov-Nielsen et Shoshanna Wingate en sont les auteurs. Le tout se terminera avec la lecture du poème de clôture de Jean-Philippe Raîche et Kayla Geitzler, poètes lauréats de Moncton.
«On parle de la COVID. Kayla a décidé de parler de l’âme et de l’esprit. Et moi, je travaille plus sur le corps et le poème que j’ai fait est sur comment la COVID a transformé notre vision du corps.»
Comme les deux événements ont été filmés dans une salle pratiquement vide en raison de la pandémie, le poète confie que bien que la présence du public lui manque, il a ressenti une immense liberté.
«Nous avons été privés de la présence physique (pendant le confinement) et c’est ce qui est intéressant en lisant devant une salle vide. D’être à nouveau privé de cette présence physique là, alors pour moi, ç’a donné une grande intensité parce que la seule façon que j’avais d’atteindre et de toucher les gens, c’était par la parole.»
Ces deux spectacles littéraires sont diffusés ce vendredi à compter de 20h sur la page Facebook du Festival Frye. ■