UN RECTEUR À LA HAUTEUR
Le nouveau recteur de l’Université de Moncton, Denis Prud’homme, qui est entré en fonction en pleine pandémie de la COVID-19 semble vouloir prendre le taureau par les cornes. Il n’a pas perdu de temps pour afficher ses couleurs. Notre Université doit faire son entrée dans le 21e siècle si elle veut garder sa pertinence pour l’Acadie du NouveauBrunswick.
Cette détermination du recteur Prud’homme lui vaudra bien des embûches et des difficultés. Sortir une institution universitaire de sa léthargie et de sa zone de confort va s’avérer une tâche des plus difficiles. Les forces de l’immobilisme qui ont empêché le renouveau de l’Université de Moncton devront être jugulées.
Trois grands chantiers devront être mis en place. Le premier est celui de la gouvernance et de la gestion. Les compromis politiques du passé ont fait en sorte que nous avons à toutes fins utiles trois universités avec trois budgets distincts et une multitude de services en triple. Le recteur a raison lorsqu’il dit qu’il faudra chercher des gains d’efficacité.
Le second chantier est celui de la carte des programmes. Un grand ménage s’impose pour dépoussiérer celle-ci. Notre université devra faire des choix stratégiques afin de mieux répondre aux nouveaux besoins de la communauté acadienne. Oui il est nécessaire de ne pas perdre de vue l’importance des disciplines et des programmes fondamentaux comme la philosophie et l’histoire. Toutefois, une université généraliste de petite taille se doit d’arrimer ceux-ci avec des formations professionnelles comme la criminologie et le service social.
Le troisième chantier concerne la livraison des programmes. En raison de la COVID-19 l’Université de Moncton a été contrainte de se tourner rapidement sur une pièce de 10 cents pour offrir la plupart de ses programmes en ligne. Cependant un coup d’oeil sur les cours offerts dans les trois campus permet de constater que plusieurs sont livrés en triple. On pourrait penser que certains programmes réseau comme les sciences infirmières seraient en mesure, en utilisant pleinement les plateformes numériques, de donner plusieurs cours en ligne pour l’ensemble des étudiants des trois campus.
Le recteur Prud’homme, qui est un médecin de formation, est en train de faire le diagnostic de notre Université. Le remède proposé risque d’être amer pour plusieurs, mais combien nécessaire. Ce dernier ne pourra accomplir seul sa mission. Toutes les forces vives de l’Acadie devront se mettre à la tâche.
La communauté universitaire devra prendre ses responsabilités et mettre son épaule à la roue. Le riche monde associatif acadien est lui aussi en mesure d’apporter sa contribution. L’Université de Moncton ne saurait exister pour elle-même. Comme institution fondamentale, elle doit être au diapason des besoins de la communauté.
Une fois que l’Université de Moncton aura fait son introspection, elle pourra s’adresser le cas échéant aux gouvernements pour la mise en oeuvre de ses réformes. Avant de demander davantage de ressources financières gouvernementales et de piger dans le porte-monnaie des étudiants, un sérieux coup de barre s’impose pour faire entrer celle-ci dans le 21e siècle.