Acadie Nouvelle

UN RECTEUR À LA HAUTEUR

- ROGER OUELLETTE

Le nouveau recteur de l’Université de Moncton, Denis Prud’homme, qui est entré en fonction en pleine pandémie de la COVID-19 semble vouloir prendre le taureau par les cornes. Il n’a pas perdu de temps pour afficher ses couleurs. Notre Université doit faire son entrée dans le 21e siècle si elle veut garder sa pertinence pour l’Acadie du NouveauBru­nswick.

Cette déterminat­ion du recteur Prud’homme lui vaudra bien des embûches et des difficulté­s. Sortir une institutio­n universita­ire de sa léthargie et de sa zone de confort va s’avérer une tâche des plus difficiles. Les forces de l’immobilism­e qui ont empêché le renouveau de l’Université de Moncton devront être jugulées.

Trois grands chantiers devront être mis en place. Le premier est celui de la gouvernanc­e et de la gestion. Les compromis politiques du passé ont fait en sorte que nous avons à toutes fins utiles trois université­s avec trois budgets distincts et une multitude de services en triple. Le recteur a raison lorsqu’il dit qu’il faudra chercher des gains d’efficacité.

Le second chantier est celui de la carte des programmes. Un grand ménage s’impose pour dépoussiér­er celle-ci. Notre université devra faire des choix stratégiqu­es afin de mieux répondre aux nouveaux besoins de la communauté acadienne. Oui il est nécessaire de ne pas perdre de vue l’importance des discipline­s et des programmes fondamenta­ux comme la philosophi­e et l’histoire. Toutefois, une université généralist­e de petite taille se doit d’arrimer ceux-ci avec des formations profession­nelles comme la criminolog­ie et le service social.

Le troisième chantier concerne la livraison des programmes. En raison de la COVID-19 l’Université de Moncton a été contrainte de se tourner rapidement sur une pièce de 10 cents pour offrir la plupart de ses programmes en ligne. Cependant un coup d’oeil sur les cours offerts dans les trois campus permet de constater que plusieurs sont livrés en triple. On pourrait penser que certains programmes réseau comme les sciences infirmière­s seraient en mesure, en utilisant pleinement les plateforme­s numériques, de donner plusieurs cours en ligne pour l’ensemble des étudiants des trois campus.

Le recteur Prud’homme, qui est un médecin de formation, est en train de faire le diagnostic de notre Université. Le remède proposé risque d’être amer pour plusieurs, mais combien nécessaire. Ce dernier ne pourra accomplir seul sa mission. Toutes les forces vives de l’Acadie devront se mettre à la tâche.

La communauté universita­ire devra prendre ses responsabi­lités et mettre son épaule à la roue. Le riche monde associatif acadien est lui aussi en mesure d’apporter sa contributi­on. L’Université de Moncton ne saurait exister pour elle-même. Comme institutio­n fondamenta­le, elle doit être au diapason des besoins de la communauté.

Une fois que l’Université de Moncton aura fait son introspect­ion, elle pourra s’adresser le cas échéant aux gouverneme­nts pour la mise en oeuvre de ses réformes. Avant de demander davantage de ressources financière­s gouverneme­ntales et de piger dans le porte-monnaie des étudiants, un sérieux coup de barre s’impose pour faire entrer celle-ci dans le 21e siècle.

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- Archives Le nouveau recteur de l’Université de Moncton, Denis Prud’homme.
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