Littoral acadien: 91 tonnes de déchets retirées... et encore beaucoup qui restent à enlever
Un littoral acadien sans déchets, est-ce possible? Il y a 20 ans, la réponse aurait été un non catégorique. Mais depuis, grâce au travail d’organisations telles Verts Rivages, Gestion H20 ou encore Nature NB, on peut voir poindre la lumière au bout du tunnel, puisque que plus de 91 tonnes de matières polluantes ont été retirées des berges.
Début août, une femme se promène le long de la plage près de Cap-Bateau, dans la Péninsule acadienne. Il fait beau, le paysage fait de dunes de pierres est magnifique...
Mais pas pour longtemps. Elle aperçoit une montagne de détritus de construction et du matériel de pêche en décomposition. Quelqu’un a cru bon de se débarrasser de ça à cet endroit. Elle aurait pu passer son chemin. Elle a plutôt préféré en aviser les autorités compétentes.
«On a encore du pain sur la planche», admet la directrice générale de Verts Rivages, Lisa Fauteux, quand elle voit ces photos désolantes. Mais il en faut plus pour miner son optimisme à en arriver, dans un jour pas si lointain, à nettoyer l’ensemble des berges côtières de la région.
Par exemple, de récentes corvées de nettoyage, dont deux dans les secteurs de Savoie Landing et de Miscou, ont permis de recueillir plus de 20 tonnes de débris. Oui, 20 tonnes, et probablement davantage, lorsque les estimations des entrepreneurs de récupération de la ferraille seront rentrées.
«À Miscou, il y avait beaucoup d’engins de pêche échoués sur la côte. Le tonnage monte vite dans ce temps-là», explique la responsable, qui travaille également en collaboration avec Homarus, la division scientifique de l’Union des pêcheurs des Maritimes, et les organisations locales de pêcheurs côtiers.
UN BON COUP DE POUCE
Du côté de Gestion H20, la coordonnatrice Janice Hébert a le sentiment profond d’avoir réussi à donner un bon coup de pouce à la Terre depuis deux décennies. L’organisation basée à Caraquet gère entre autres le programme Ménage ton rivage à travers l’ensemble du littoral de la côte acadienne et mis en place en 2000.
Les données recueillies sont éloquentes: plus de 19 200 participants, 12 580 kilomètres de berges nettoyées, 7044 sacs de poubelle pleins de détritus et 182 332 livres de matières polluantes. Plus de 91 tonnes en seulement 20 ans…
«C’est immense, assure Mme Hébert. Et on ne parle de ce que les bénévoles ont fait en 20 ans. Ajoutez-y toutes les interventions citoyennes personnelles et ça doit dépasser 100 tonnes. Ça fonctionne, c’est incroyable!»
Seulement cet automne, et malgré les ennuis causés par la COVID-19, Gestion H20 a pu recruter les élèves de 18 nouvelles écoles. Bientôt, ils iront, avec leurs enseignants, faire leur part pour l’environnement.
«On ne peut changer le monde du jour au lendemain, mais on voit les jeunes prendre la relève. Ils ne veulent plus de déchets le long des côtes. Ce n’est pas beau et ça pollue. Ils ont conscience des conséquences et se ramasser devient une bonne habitude de vie. Ils posent un beau geste et incitent leurs parents à embarquer», a-t-elle pu remarquer.
C’est loin d’être un combat sans fin, assure Lisa Fauteux. Surtout que depuis quelques années, les citoyens sont davantage conscientisés devant les impacts des déchets le long de la côte acadienne, fait-elle remarquer.
«Il n’y a pas si longtemps, les gens jetaient et brûlaient les déchets dans la nature et personne ne s’en occupait. Prenez ces photos de la femme à Cap-Bateau. Avant, on aurait laissé aller. Maintenant, on identifie le problème et on cherche une solution. La préoccupation des gens face à cet environnement est relativement nouvelle. Par exemple, un pêcheur de Pigeon Hill a choisi d’offrir des bouteilles réutilisables aux membres de son équipage cet été, plutôt que des bouteilles de plastique à usage unique. À force de faire des corvées de ramassage, on se rend compte qu’on peut en venir à bout. Ce n’est plus quelque chose d’inatteignable», prétend Lisa Fauteux, qui admet que l’intrusion du plastique en quantités industrielles a fortement compliqué les choses en seulement une décennie sur le littoral acadien. ■