COVID-19: PULMONEM DANS LA COURSE AU REMÈDE
Pulmonem, une jeune société créée à Dieppe, se prépare à lancer le premier essai clinique sur l’efficacité de la dapsone, un médicament générique déjà existant, dans le traitement des complications liées à la COVID-19. À cette heure, le financement de l’étude n’est toutefois pas garanti.
Pulmonem s’est associée à une équipe de 25 scientifiques dirigée par le Dr Jean Bourbeau, pneumologue au Centre universitaire de santé McGill pour tester une version reformulée et brevetée d’un médicament générique bien connu.
Son fondateur, Dr Houfar Sekhavat, est ophtalmologue au Moncton Hospital. Il espère démontrer les vertus de la dapsone dans le traitement précoce des complications pulmonaires liées au nouveau coronavirus. Peu coûteux, accessible et bien connu du domaine médical, cet antibactérien est utilisé depuis des décennies contre le paludisme, le lupus ou le sida.
Selon Dr Jean Bourbeau, le médicament pourrait prévenir ou neutraliser la réponse inflammatoire de la COVID-19 appelée tempête de cytokines.
«En administrant le médicament dès l’apparition des symptômes, nous espérons atténuer l’inflammation pulmonaire qui est la cause la plus fréquente de l’aggravation des symptômes et des complications nécessitant une hospitalisation », souligne-t-il.
«Même lorsqu’un vaccin sera au point, les cas ne disparaitront pas et de nombreux patients auront encore besoin d’un traitement. En ce sens, la reconversion de médicaments pourrait être un moyen rapide, sûr et rentable de développer de nouvelles thérapies pour la COVID-19.»
Plus de 2000 patients symptomatiques - des adultes âgés de 70 ans et plus et des adultes plus jeunes présentant au moins une comorbidité à haut risque - seraient recrutés dans huit sites au Canada et aux États-Unis.
Santé Canada a déjà donné son approbation, l’équipe attend désormais le feu vert de la Food and Drug Administration.
Si l’équipe de recherche obtient le financement, Pulmonem croit pouvoir obtenir les résultats dès la fin décembre et songe à une commercialisation dès le premier trimestre 2021.
La reconversion d’un médicament existant permet en effet de passer directement à la phase III d’un essai clinique et d’évaluer l’efficacité ainsi que la sécurité de la reformulation avec un investissement minimal en temps et en argent, souligne Dr Houfar Sekhavat.
Les médicaments génériques coûtent considérablement moins cher que les nouveaux médicaments sur ordonnance, ajoute-t-il.
Le médecin espère récolter cinq millions pour lancer l’étude.
La Fondation du Centre universitaire de santé McGill s’est engagée à aider à récolter des fonds pour soutenir l’essai clinique, mais Pulmonem est toujours en quête d’autres investissements publics et privés.
Pour le moment, l’implication du gouvernement n’est pas au rendez-vous. L’équipe de recherche déplore que le Canada concentre surtout ses efforts sur le développement de vaccins.
Les experts ne s’entendent pas sur la probabilité qu’un vaccin puisse générer une réponse immunitaire efficace ou durable, mentionne le fondateur de Pulmonem. Il rappelle aussi que de nombreux citoyens refuseront de se faire vacciner.
«Le côté thérapeutique a été mis de côté, peu des programmes sont disponibles pour une entreprise comme la nôtre. Cela fait plusieurs mois que nous essayons de susciter l’intérêt du gouvernement, déplore-t-il. Il est difficile de croire qu’on ne soit pas capable de financer une étude alors que la deuxième vague nous touche.» ■