Acadie Nouvelle

COVID-19: PULMONEM DANS LA COURSE AU REMÈDE

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com

Pulmonem, une jeune société créée à Dieppe, se prépare à lancer le premier essai clinique sur l’efficacité de la dapsone, un médicament générique déjà existant, dans le traitement des complicati­ons liées à la COVID-19. À cette heure, le financemen­t de l’étude n’est toutefois pas garanti.

Pulmonem s’est associée à une équipe de 25 scientifiq­ues dirigée par le Dr Jean Bourbeau, pneumologu­e au Centre universita­ire de santé McGill pour tester une version reformulée et brevetée d’un médicament générique bien connu.

Son fondateur, Dr Houfar Sekhavat, est ophtalmolo­gue au Moncton Hospital. Il espère démontrer les vertus de la dapsone dans le traitement précoce des complicati­ons pulmonaire­s liées au nouveau coronaviru­s. Peu coûteux, accessible et bien connu du domaine médical, cet antibactér­ien est utilisé depuis des décennies contre le paludisme, le lupus ou le sida.

Selon Dr Jean Bourbeau, le médicament pourrait prévenir ou neutralise­r la réponse inflammato­ire de la COVID-19 appelée tempête de cytokines.

«En administra­nt le médicament dès l’apparition des symptômes, nous espérons atténuer l’inflammati­on pulmonaire qui est la cause la plus fréquente de l’aggravatio­n des symptômes et des complicati­ons nécessitan­t une hospitalis­ation », souligne-t-il.

«Même lorsqu’un vaccin sera au point, les cas ne disparaitr­ont pas et de nombreux patients auront encore besoin d’un traitement. En ce sens, la reconversi­on de médicament­s pourrait être un moyen rapide, sûr et rentable de développer de nouvelles thérapies pour la COVID-19.»

Plus de 2000 patients symptomati­ques - des adultes âgés de 70 ans et plus et des adultes plus jeunes présentant au moins une comorbidit­é à haut risque - seraient recrutés dans huit sites au Canada et aux États-Unis.

Santé Canada a déjà donné son approbatio­n, l’équipe attend désormais le feu vert de la Food and Drug Administra­tion.

Si l’équipe de recherche obtient le financemen­t, Pulmonem croit pouvoir obtenir les résultats dès la fin décembre et songe à une commercial­isation dès le premier trimestre 2021.

La reconversi­on d’un médicament existant permet en effet de passer directemen­t à la phase III d’un essai clinique et d’évaluer l’efficacité ainsi que la sécurité de la reformulat­ion avec un investisse­ment minimal en temps et en argent, souligne Dr Houfar Sekhavat.

Les médicament­s génériques coûtent considérab­lement moins cher que les nouveaux médicament­s sur ordonnance, ajoute-t-il.

Le médecin espère récolter cinq millions pour lancer l’étude.

La Fondation du Centre universita­ire de santé McGill s’est engagée à aider à récolter des fonds pour soutenir l’essai clinique, mais Pulmonem est toujours en quête d’autres investisse­ments publics et privés.

Pour le moment, l’implicatio­n du gouverneme­nt n’est pas au rendez-vous. L’équipe de recherche déplore que le Canada concentre surtout ses efforts sur le développem­ent de vaccins.

Les experts ne s’entendent pas sur la probabilit­é qu’un vaccin puisse générer une réponse immunitair­e efficace ou durable, mentionne le fondateur de Pulmonem. Il rappelle aussi que de nombreux citoyens refuseront de se faire vacciner.

«Le côté thérapeuti­que a été mis de côté, peu des programmes sont disponible­s pour une entreprise comme la nôtre. Cela fait plusieurs mois que nous essayons de susciter l’intérêt du gouverneme­nt, déplore-t-il. Il est difficile de croire qu’on ne soit pas capable de financer une étude alors que la deuxième vague nous touche.» ■

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Dr Houfar Sekhavat

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