Un chef mi’kmaq interpelle Trudeau
Justin Trudeau doit faire plus que d’envoyer des messages sur Twitter s’il veut vraiment régler le litige de plus en plus violent autour de la pêche au homard «autoréglementée» par des Autochtones en Nouvelle-Écosse, a soutenu jeudi un chef mi’kmaq.
«Il faut passer de la parole aux actes», a soutenu le chef Mike Sack, de la Première Nation Sipekne’katik, en conférence de presse à Digby, en Nouvelle-Écosse - à une quarantaine de kilomètres de l’endroit où un vivier à homards a été endommagé par des manifestants, cette semaine. «Ils sont assis dans leurs bureaux (à Ottawa), aussi en sécurité que possible, en disant: la sécurité doit régner là-bas. Mais envoyez la police! Faites votre boulot! Protégez les Canadiens!», a lancé le chef Sack. «Ne vous contentez pas d’écrire sur Twitter.»
La GRC a confirmé qu’environ 200 personnes étaient présentes lors de deux violents affrontements, mardi, devant des installations de producteurs de homard à New Edinburgh et Middle West Pubnico. Qualifiant ces événements de «crime haineux», le chef Sack a demandé jeudi au premier ministre Trudeau de déployer des policiers supplémentaires dans la région.
M. Sack a parlé de «racisme systémique» pour décrire le travail de la GRC. «Est-ce que Trudeau se soucie de notre peuple? Se soucie-t-il de la réconciliation? Ils en parlent beaucoup, mais je ne vois aucun geste concret (...) La GRC a échappé le ballon.»
Le chef Sack a par ailleurs annoncé que son conseil avait décidé d’intenter une
poursuite contre ceux qui interfèrent avec la pêche autoréglementée amorcée par sa communauté. «Nous nous défendrons contre tout le monde», a-t-il prévenu, ajoutant que sa nation envisageait de faire appel à des guerriers autochtones de partout au pays.
Les manifestants non autochtones s’opposent à la décision des Mi’kmaqs de lancer une pêche commerciale au homard en septembre avant la saison prévue par la réglementation fédérale, vers la fin de novembre.
M. Sack soutient que les peuples autochtones du Canada atlantique et du Québec ont le droit de pêcher où et quand ils le souhaitent, conformément à un arrêt de la Cour suprême du Canada de 1999, qui se base sur des traités signés par la Couronne au 18e siècle. Cependant, de nombreux détracteurs non autochtones citent une clarification publiée quatre mois après l’arrêt de 1999 selon laquelle les droits issus de ces traités sont tout de même assujettis aux règles fédérales, afin d’assurer la conservation de la ressource.
Colin Sproul, directeur de l’Association des pêcheurs côtiers de la baie de Fundy, a condamné en entrevue les actes de violence. Mais il estime que ces gestes sont le produit d’années d’inquiétude croissante quant à l’état des stocks de homard.
Il a aussi critiqué la GRC pour n’avoir pris aucune mesure contre des pêcheurs autochtones qui avaient, il y a quelques semaines, tenté de monter à bord d’un bateau non autochtone dans la baie Sainte-Marie.
La GRC a confirmé jeudi avoir augmenté le nombre de policiers dans la région à la suite des violents incidents de mardi soir. La Presse canadienne