Acadie Nouvelle

La COVID-19 et la protection de la vie privée

- Dr Jennifer Russell Médecin hygiéniste en chef

Au cours des derniers jours, certaines personnes nous ont posé des questions pour obtenir des renseignem­ents précis sur la façon dont les dernières éclosions de la COVID-19 dans la zone 1, la région de Moncton, et la zone 5, la région de Campbellto­n, sont survenues.

Je comprends le désir de vouloir connaître ce qui s’est passé et je comprends également que les gens veulent savoir pourquoi nous ne pouvons pas fournir des renseignem­ents plus précis.

À titre de médecin-hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick, j’ai l’obligation de faire tout mon possible pour protéger la santé publique. Je prends cette responsabi­lité très au sérieux. En cas d’éclosion, mon personnel et moimême faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour fournir aux gens l’informatio­n dont ils ont besoin pour rester en sécurité et réduire le potentiel d’exposition au virus.

J’ai également le devoir de veiller au respect de la vie privée des personnes. Trouver cet équilibre est une tâche délicate, mais la protection des renseignem­ents médicaux confidenti­els de chaque Néo-Brunswicko­is est toujours notre priorité, même en cas d’éclosion.

Au cours de la semaine dernière, on m’a demandé de fournir des détails qui, s’ils étaient rendus publics, pourraient identifier une personne par inadvertan­ce.

Nous savons que de nombreuses personnes estiment que c’est mal vu d’avoir contracté la COVID-19, même si ce n’est la faute de personne. Toute personne peut contracter le virus; c’est la raison pour laquelle il est si important de prendre toutes les précaution­s raisonnabl­es pour se protéger. Mais même en prenant des précaution­s, il est toujours possible de contracter le virus, et personne ne devrait avoir honte d’être malade.

Tout le monde doit continuer de se sentir à l’aise de contacter Télé-Soins 811 ou son médecin de soins primaires pour signaler tout symptôme potentiel de la COVID-19. Il est également essentiel que toute personne dont la présence du virus est confirmée fournisse tous les renseignem­ents pertinents sur les endroits visités et les personnes avec lesquelles il y a eu un contact dans les jours précédant son test positif.

Si les gens craignent d’être ostracisés ou insultés au sein de leur collectivi­té, ils sont beaucoup moins susceptibl­es de se présenter pour un test de dépistage. Ils pourraient également hésiter à fournir des renseignem­ents clés pouvant aider à la recherche des contacts et nous permettre de contenir rapidement les éclosions.

Cela pourrait mener à d’autres éclosions à grande échelle, exposant ainsi le public à un risque accru d’entrer en contact avec le virus.

Pendant cette pandémie, j’ai toujours fourni les renseignem­ents pertinents dont la population a besoin pour prendre des mesures afin de se protéger. J’ai été aussi transparen­te que possible, tout en m’assurant de protéger les renseignem­ents confidenti­els.

Nous faisons preuve de collaborat­ion lorsque nous savons qu’il y a eu un risque d’exposition dans un lieu public comme une épicerie ou un restaurant et nous fournirons des renseignem­ents sur les dates et les heures auxquelles il pourrait y avoir eu une exposition, permettant ainsi aux gens du Nouveau-Brunswick de bien se surveiller pour déceler l’apparition de symptômes, le cas échéant.

Cependant, dévoiler des noms ou fournir les renseignem­ents identifica­toires d’une personne ne nous aidera pas à gérer les éclosions. Cette pratique ne fait que causer des problèmes aux personnes, encourage le public à moins collaborer et rend les éclosions plus difficiles à gérer.

Alors que la pandémie se poursuit, toutes les personnes doivent avoir l’assurance qu’elles ne seront pas stigmatisé­es si elles reçoivent un résultat positif à la COVID-19. Nous continuero­ns à avoir davantage de cas dans la province. Cela pourrait facilement vous toucher ou toucher un membre de votre famille ou un ami proche.

Je vais continuer de fournir les renseignem­ents nécessaire­s pour ralentir la propagatio­n du virus. Les Néo-Brunswicko­is qui ont potentiell­ement été exposés au virus par des interactio­ns avec un cas positif continuero­nt d’être avisés au moyen de la recherche des contacts. Toutes les fois que l’exposition potentiell­e est dans un lieu public, je continuera­i d’aviser le public pour veiller à ce que toutes les personnes qui pourraient être touchées soient contactées.

Cette année, les gens du Nouveau-Brunswick ont dû vraiment me faire confiance, ainsi qu’à mon équipe, et je tiens à vous dire que j’apprécie beaucoup cette confiance. Je continuera­i de tenir le public informé des nouveaux cas confirmés, tout en protégeant toujours les renseignem­ents médicaux privés de chaque personne.

Depuis mars, j’ai souvent demandé aux gens du Nouveau-Brunswick de faire preuve de gentilless­e et de compassion et de penser à ce qu’ils peuvent faire pour aider leurs voisins. Ce message n’a pas changé. Continuons de ne pas oublier que nous avons tous un rôle à jouer et que nous sommes tous confrontés à la même situation. ■

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La Presse canadienne: Ryan Remiorz Selon la médecin hygiéniste en chef de la province, «de nombreuses personnes estiment que c’est mal vu d’avoir contracté la COVID-19, même si ce n’est la faute de personne». -

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