Spontaneous: unique, drôle, rythmé et songé
Peu importe qui, quand et où elle frappe, la mort est aussi imprévisible qu'injuste. C'est ce que nous rappelle la très réussie comédie Spontaneous (disponible en location).
Un jour, lors d'un cours de mathématique donné dans l'école secondaire d'une ville anonyme, une adolescente explose. Littéralement.
Quand un deuxième étudiant du même groupe explose à son tour quelques jours plus tard, la psychose s'empare de la ville.
Virus? Bactérie? Nouvelle maladie? Télékinésie? Malédiction? Les autorités sont incapables de déterminer la cause de ces décès.
Alors que tous les étudiants de la classe angoissent à l'idée d'être le prochain à y passer, Mara (Katherine Langford) et Dylan (Charlie Plummer) se rapprochent.
Face à la mort qui peut frapper d'un instant à l'autre, ils décident de vivre pleinement leur vie.
UN HUMOUR À POINT
Avec Spontaneous, Brian Duffield signe ici un premier long métrage extrêmement prometteur.
La première partie est rythmée et désopilante. Les dialogues sont remplis de petites perles et d'efficaces références à un paquet de films cultes. Du bonbon.
Sans exagérer, les 45 premières minutes de Spontaneous sont parmi les meilleures que j'ai vues au cinéma cette année.
L'oeuvre de Duffiel emprunte à It Follows (2014), Carrie (1976) et Warm Bodies (2013), mais parvient à se doter d'une identité propre, principalement en raison de son humour noir.
Il faut dire que Katherine Langford est exceptionnelle dans le rôle la très rebelle Mara. Celle qu'on a notamment vue dans 13 Reasons Why (2017-2020) est dotée d'un sens de la répartie unique et d'un doux je-m'en-foutisme qui n'est pas sans rappeler celui de Kat Dennings.
La complicité entre Langford et Plummer est aussi à point - infiniment meilleure que dans la comédie romantique adolescente typique.
UNE RÉFLEXION INTÉRESSANTE
Le ton explosif du premier acte change complètement à la demie, alors que le film ralentit énormément. L'humour adolescent fait place à des thèmes beaucoup plus sombres et adultes.
À la défense de Duffiel, il lui aurait été difficile d'agir autrement compte tenu de la nature de son film.
C'est aussi dans cette lourde deuxième moitié que la beauté du film s'exprime réellement. Ce qui était une comédie devient un essai aussi original et qu'éloquent sur la fragilité de la vie et l'injustice de la mort - autant pour ceux qui partent que pour ceux qui restent.
Difficile de ne pas y voir un troublant parallèle avec la COVID-19, qui attaque les plus vulnérables de notre société et qui laisse des familles endeuillées avec plus de questions que de réponses...
À voir, pour rire et réfléchir. ■