SA CHIRURGIE ANNULÉE EN RAISON DE LA PANDÉMIE
Retarder une chirurgie de remplacement de genoux ou repousser un rendez-vous non urgent de quelques semaines en raison d’une éclosion de la COVID-19 – tout aussi désagréable cela soit-il – est une chose en soi. Mais reporter des traitements contre un cancer, est-ce bien judicieux?
Mélanie LePage n’en revient tout simplement pas, car c’est exactement la situation que vit sa mère, Gloria. Et ce ne sont pas les mots qui lui manquent pour exprimer son mécontentement: Incompréhensible… Discriminatoire… Manque de jugement… Ce n’est ici qu’un mince échantillon, car la liste est beaucoup plus longue.
La dame de Balmoral, âgée de 75 ans, souffre d’un cancer de la peau. Jeudi, elle devait se faire enlever un mélanome sur sa joue.
Les médecins ont diagnostiqué un cancer à Mme LePage, au printemps dernier. Elle a subi une première opération en juin, non sans avoir été annulée – celle-là également – en avril en raison de la COVID-19. Lors d’une récente consultation, son oncologue a jugé plus prudent de procéder à une seconde chirurgie afin d’enlever d’autres tissus suspects.
«C’est un type de cancer très agressif, on ne doit pas attendre parce qu’il se répand rapidement», explique Mélanie.
À la suite de l’annulation de l’intervention pour sa mère, jeudi, celle-ci a immédiatement contacté le Réseau de santé Vitalité pour porter plainte et obtenir des explications. On lui aurait alors indiqué que l’origine de l’annulation venait du chirurgien et non pas de l’établissement de Bathurst.
«On a appelé en personne le chirurgien et il dément catégoriquement cette affirmation. Selon lui, on l’a forcé à annuler tous ses rendez-vous et ses interventions prévus avec les patients de zones oranges dont la vie n’est pas en danger immédiat», rage Mme LePage.
Réalisant la gravité de la situation pour sa patiente, le chirurgien en question a du coup entrepris des démarches afin de la remettre à l’horaire pour qu’elle puisse subir son intervention. Celle-ci n’aura lieu que dans deux semaines, c’est-à-dire le 29 octobre.
«On est très content de voir que ça va se faire, mais on aurait aimé que ce soit beaucoup plus tôt, car avec un cancer de ce type, tous les jours comptent et c’est hier qu’elle devait se faire opérer. En raison de cette situation déplorable, on prolonge la période et on met davantage à risque la vie de ma mère et ça, c’est la faute du réseau et de ses politiques», poursuit Mélanie.
N’empêche, cette situation demeure inacceptable à ses yeux. Pour elle, sa mère est une victime collatérale des politiques liées à la COVID-19 entre régions de différentes phases d’alerte, mais peut-être aussi d’un certain zèle inapproprié de la part de l’administration de Vitalité et de l’Hôpital Chaleur.
«Nous nous sommes battus, nous avons formulé des plaintes et obtenu une forme de réparation, mais combien d’autres personnes n’ont pas la force de faire cela et abandonnent? C’est de la discrimination pure et simple. Je veux bien que l’on soit vigilant en temps de COVID-19, mais tout le monde a quand même droit à des soins de qualité. On ne devrait pas refuser de traitement en se basant sur la provenance des patients, peu importe qu’ils soient en phase jaune, orange ou rouge. Il y a autre chose que la COVID-19 après tout, d’autres maladies à traiter», clame Mélanie LePage, qui espère que l’histoire de sa mère fera bouger les choses… dans la bonne direction. ■
«Maman était déjà passablement nerveuse quelques jours avant la date prévue pour son intervention à Bathurst. Finalement, la veille de celle-ci, on l’a appelé pour l’annuler en raison des cas de COVID-19 dans la région 5 (Restigouche) et du fait que cette zone se trouve désormais en phase orange», raconte sa fille qui a toujours peine à en croire ses oreilles.