Acadie Nouvelle

COVID-19: l’industrie de la constructi­on dans la tourmente

- Pascal Raiche-Nogue pascal.raiche-nogue@acadienouv­elle.com @raichenogu­e

L’industrie de la constructi­on néobrunswi­ckoise brûle toujours la chandelle par les deux bouts, sept mois après le début de la pandémie de COVID-19. Explosion des prix du bois, approvisio­nnement difficile, demande énorme pour les nouvelles maisons; les entreprene­urs en ont plein les bras. L’un d’eux témoigne.

Pierre Martell n’en revient toujours pas.

Depuis 15 ans, cet entreprene­ur spécialisé dans la constructi­on sur mesure de résidences – qui dessert le Sud et la région de Miramichi – fait son bout de chemin. Il a plus de 1000 maisons au compteur.

Son carnet de commandes ne cesse de s’épaissir ces temps-ci. Ses nouveaux clients sont entre autres des gens qui ont vendu leur maison en Floride ou en Arizona (parce qu’ils ne peuvent plus s’y rendre depuis plusieurs mois). Il y a aussi plusieurs Québécois et Ontariens qui quittent les grands centres pour venir s’établir au Nouveau-Brunswick.

La demande pour ses services est aussi alimentée par le fait qu’il y a très peu de logements à vendre dans les centres urbains du Sud. L’inventaire est en effet à son niveau le plus bas en plus de dix ans à Moncton, à Saint-Jean et à Fredericto­n.

Pierre Martell ne s’en plaint pas, sans surprise. Mais il reconnaît que la situation actuelle amène son lot de défis. Par exemple, l’accès au bois d’oeuvre est plus difficile depuis quelques mois.

«La vente au détail de bois traité sous pression a augmenté très rapidement parce que les clients réguliers ne pouvaient pas voyager. Ils ont décidé de rebâtir leur patio, de faire toutes sortes de travaux. On a eu vraiment une grosse pénurie», explique-t-il.

Son fournisseu­r doit encore faire des pieds et des mains pour répondre à ses besoins, sept mois après le début de la pandémie. Tout le monde doit s’adapter et faire preuve de patience en ce moment.

«L’une des maisons que l’on construit en ce moment est dotée d’un patio absolument énorme d’à peu près 900 pieds carrés. Ç’a pris trois semaines et demie et sept différente­s livraisons pour recevoir tout le bois traité dont on avait besoin.»

Pierre Martell raconte qu’avant de faire l’une des livraisons – qui ne comptait que pour environ 15% de sa commande – le camion de son fournisseu­r a dû s’arrêter à quatre succursale­s afin de ramasser du bois.

«La semaine d’après, c’était trois autres magasins pour un autre 15 ou 20% de la commande. C’est vraiment un gros problème.»

Et encore, il s’estime heureux d’avoir un fournisseu­r dont l’inventaire n’est pas à sec et avec qui il a une bonne relation d’affaires.

«C’est incroyable. Je n’ai jamais été aussi occupé. C’est du jamais vu dans le monde de la constructi­on», explique le PDG de Martell Custom Homes.

LE PRIX DE CERTAINS TYPES DE BOIS A PLUS QUE DOUBLÉ

En plus de perturber l’approvisio­nnement, la COVID-19 a fait exploser les prix de certains types de bois d’oeuvre au cours des derniers mois. La hausse est phénoménal­e.

«Présenteme­nt je pense qu’on est rendu à 118% d’augmentati­on depuis le mois de mars. [...] Je n’ai jamais vu les prix si élevées qu’aujourd’hui», dit-il.

Cette flambée des prix a évidemment une influence sur le prix des nouvelles maisons construite­s par son entreprise. Il n’y échappe pas.

Il explique qu’il développe présenteme­nt un quartier de résidences jumelées haut de gamme dans le nord de Moncton qui cible les «empty nesters» (des parents dont les enfants sont adultes et ont quitté le domicile familial).

«C’est à prix fixe. Et durant l’été, au fur et à mesure que les prix augmentaie­nt, on n’avait pas le choix d’augmenter nos prix. On vient juste de faire une pleine réévaluati­on des prix du bois aujourd’hui. Et pour une bâtisse – donc deux unités – le prix a augmenté de 32 000$. (...) C’est 16 000$ par unité juste en bois.»

D’autres clients ont vu leur facture augmenter encore plus, dit-il. Évidemment, plus une maison est grande, plus il faut de bois pour la construire. Et plus il y a de bois, plus le prix total du projet augmente.

«On bâtit régulièrem­ent des maisons de 700 000$ et 800 000$. Je viens juste de signer un contrat pour (construire une maison de) 982 000$. Et dans ce cas-là, je pense que c’était 44 000$ de plus que s’ils l’avaient bâtie l’année passée, juste à cause du bois.»

Il ne s’agit vraiment pas d’un cas isolé. Un peu partout au pays, le prix des nouvelles maisons augmente ces derniers mois en raison de la flambée du coût des matériaux, dont le bois d’oeuvre.

La bonne nouvelle, c’est que le fournisseu­r de Pierre Martell lui a dit qu’il y a des chances que le prix du bois devrait diminuer au cours des prochains mois, avec le ralentisse­ment de demande.

«Ça fait comme trois semaines que le prix n’a pas changé. Je pense qu’on va commencer à voir ça diminuer. [...] Je pense que dans les prochains mois, ça va être un peu plus près de la normale», se réjouit-il. ■

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Gracieuset­é Le PDG de Martell Custom Homes, Pierre Martell, n’a jamais été aussi occupé.
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