Acadie Nouvelle

Les entreprene­urs doivent gérer des clients frustrés et impatients

Les consommate­urs et les entreprene­urs en constructi­on ne s’arrachent pas seulement le contreplaq­ué et le bois traité.

- Pascal Raiche-Nogue pascal.raiche-nogue@acadienouv­elle.com

Les entreprene­urs ne le crient pas sur tous les toits pour ne pas effrayer les clients potentiels, mais certains produits sont livrés avec plusieurs semaines de retard.

L’un des dirigeants d’un important fabricant de fenêtres du Nouveau-Brunswick a accepté de nous parler de ce qu’il vit depuis le début. À une condition: que l’on taise son nom et celui de son entreprise.

En temps normal, lui et ses collègues réussissen­t à livrer la plupart de leurs commandes de fenêtres en trois ou quatre semaines.

«On est passé à du 6 à 8 semaines. C’est du jamais vu, on n’avait jamais dépassé trois ou quatre.»

Les vitres, ça va. C’est l’approvisio­nnement en PVC qui pose problème, dit-il. Son fournisseu­r a réduit dramatique­ment sa production à cause des restrictio­ns et des difficulté­s d’accès à la main d’oeuvre.

«Présenteme­nt, c’est celui qui crie le plus fort qui gagne (et qui obtient le PVC dont il a besoin). Moi, je peux commander du PVC pour mes fenêtres. Mais s’ils n’en ont pas en stock, ça peut prendre un mois. Ça pousse mes délais», dit-il en entrevue téléphoniq­ue.

Il n’est pas rare que son fournisseu­r lui dise qu’il recevra sa commande la semaine suivante. Il commande donc les autres matériaux dont il a besoin pour manufactur­er des fenêtres.

«Moi, je prépare ma production. Les vitres entrent, mais là tout d’un coup le

PVC est en retard.»

Il se retrouve donc avec des matériaux inutilisab­les, des employés qui ne peuvent pas faire leur travail et des clients frustrés. Cette situation est difficile à gérer, reconnaît-il.

«On s’est fait dire un moment donné “ouin, mais tu m’as dit trois semaines”. Si tout va bien et que le PVC arrive à temps, ça va. Mais ce n’est pas moi qui produis le PVC. Je ne truck, fait que...»

Au moins son fournisseu­r de PVC n’a pas augmenté ses prix. Mais c’est une bien mince consolatio­n, puisque les livraisons retardées lui causent bien des ennuis.

«Dans toute cette histoire-là, ce que je trouve le plus difficile c’est que je suis comme le jambon entre les deux tranches de pain. Le contracteu­r comprend ce qui se passe. Les gens qui sont dans l’industrie comprennen­t. Mais le particulie­r qui veut finir son gazebo, pour lui c’est comme si la pandémie n’existait pas. On peut manger beaucoup de pas belles paroles ces joursci», raconte notre intervenan­t.

Comme bien des gens dans l’industrie de la constructi­on, il a hâte que la tempête prenne fin. l’ai pas eu sur le

«On ne voit pas la lumière au bout du tunnel. Surtout qu’au Québec (où sont certains fournisseu­rs de matériaux), ils retombent dans le rouge. Ça va probableme­nt rester comme ça un bon petit bout.»

Il ajoute en riant que le temps des Fêtes ne pourrait pas arriver trop tôt.

«J’aimerais que les gens fassent preuve de patience. J’aimerais que les gens comprennen­t qu’on est des humains. On n’est pas des machines. [...]»

«Je peux te dire honnêtemen­t que hâte en tabarouett­e aux vacances Noël!» ■ j’ai de

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