Acadie Nouvelle

COVID-19: faut-il privilégie­r le lieu d’éclosion ou la résidence permanente?

- Réal Fradette real.fradette@acadienouv­elle.com

Doit-on privilégie­r le lieu d’éclosion ou la résidence permanente des personnes atteintes de la COVID-19 dans le bilan régulier de la Santé publique? Le débat est ouvert. Certains préfèrent la transparen­ce afin de démontrer à quel point ce virus est à prendre au sérieux. D’autres estiment que cela crée une anxiété inutile en cette période sociale et économique déjà stressante.

En début de semaine, l’Acadie Nouvelle dévoilait la présence d’un cas positif dans une communauté de la région Chaleur, alors que les dirigeants de la Santé publique préfèrent utiliser le lieu de l’éclosion - en l’occurrence le Restigouch­e comme référence dans la détection de cette nouvelle période de la pandémie.

Le maire de Bathurst, Paolo Fongemie, se dit d’accord avec la façon de faire de la province depuis le début de la crise sanitaire. Même s’il n’était pas d’accord avec la publicatio­n de l’article dévoilant le cas dans la région, il admet qu’il ne faut pas non plus jouer à l’autruche face au virus.

Ce cas officieux serait le deuxième à survenir dans la région Chaleur, après un cas répertorié dans les semaines suivant le début de la pandémie.

À cela s’ajoute un cas positif d’une jeune femme dans la région du Grand Caraquet au début de la pandémie, ce printemps, mais comptabili­sé à Moncton parce que le test a été passé à Moncton.

Il y a aussi eu des avertissem­ents dans une école primaire anglophone de Janeville et à l’École secondaire Nepisiguit de Bathurst, heureuseme­nt sans conséquenc­e.

«Je trouve que ça frise une entrave à la vie privée lorsque les gens tentent d’identifier «LE» cas qui demeure dans la région. Comme maire, et en ajoutant mon travail au CCNB dont je suis responsabl­e de ce dossier, mon plus gros défi est de canaliser l’anxiété des gens après chaque annonce. Cela devient épuisant et des fois irritant», a-t-il fait part.

Maire de Bertrand et président du Forum des maires de la Péninsule acadienne, Yvon Godin confie son inquiétude devant cette stratégie provincial­e.

«L’inquiétude est là. Au début de la pandémie, des maires de la Péninsule acadienne auraient souhaité qu’on ferme les frontières et je suis convaincu que certains le pensent encore. Nous avons toujours réussi à éviter l’arrivée de la COVID-19 chez nous, mais on sait aussi que ça ne se fera pas tout le temps. Je pense que si la Santé publique mentionnai­t la résidence permanente des personnes atteintes, la communauté croirait davantage au danger du virus», a-t-il déclaré.

M. Godin soutient que la décision de Fredericto­n peut créer un faux sentiment de sécurité dans la zone 6, officielle­ment toujours épargnée par la pandémie.

Il ne serait pas étonné d’apprendre que le virus a circulé dans la Péninsule acadienne sans qu’on le sache. Il a en effet entendu parler du cas non dévoilé dans le Grand Caraquet et il compatit avec ce que la personne a pu vivre comme stress pendant son confinemen­t.

D’un autre côté, il prévient serait trop facile de se lancer chasse aux sorcières inutile.

«Ce n’est pas parce que nous avons été plus intelligen­ts que les autres. C’est surtout parce que la distance a été un allié pour nous. Nous ne sommes pas à l’abri et ça peut arriver n’importe quand. Nous n’avons pas eu de cas connus. On a été chanceux de ce côté-là. Mais le jour où nous aurons un cas dans la Péninsule, estce aussi dans qu’il une que ça va créer la panique?», réfléchit-il.

COMPLEXITÉ DE LA GESTION

Pour le maire de Bathurst, la complexité de la gestion liée à la deuxième vague de la pandémie de la COVID-19 accapare déjà assez la communauté qu’il n’est pas nécessaire de provoquer des craintes additionne­lles avec des «peut-être».

«Il y a une poussée de savoir qui, quand et où, remarque Paolo Fongemie. Et ces infos sont protégées sous une loi. Mais la nature humaine étant ce qu’elle est, on veut tous savoir. Dans ma vie au quotidien avec les responsabi­lités que j’ai avec la pandémie, je me fie aux directives de la Santé publique et j’applique les consignes. Et c’est déjà assez difficile de le faire sans en ajouter une complexité avec des “peut-être”.»

Dans l’esprit de M. Godin, les récents événements démontrent la nécessité de respecter les consignes du port du masque et de la distanciat­ion sociale. D’ailleurs, il tient à féliciter la population de la Péninsule acadienne qui applique ces restrictio­ns.

«Nous n’avons plus besoin de répéter aux gens de porter le masque. Je suis agréableme­nt surpris de voir comment ils prennent cette situation au sérieux. J’ai confiance à la Santé publique. Si elle prend cette décision, c’est pour une bonne raison. Est-ce que ça peut créer un faux sentiment de sécurité? C’est un fait. Cet été, on a pu voir un certain relâchemen­t, comme si la COVID-19 n’existait pas. Mais ces consignes ne sont pas si difficiles que ça à respecter et ça fonctionne. Personne ne veut qu’on retourne en phase orange ou rouge d’ici à Noël», se croise-t-il les doigts. ■

«Si la personne a été infectée par un voyage hors bulle, il devrait être comptabili­sé dans la zone 6 (Acadie-Bathurst). Si la personne a été infectée par transmissi­on communauta­ire dans la zone 5 (Restigouch­e), il devrait être comptabili­sé dans la zone 5», est-il d’avis.

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Paolo Fongemie estime que la complexité de la gestion liée à la deuxième vague de la pandémie de la COVID-19 accapare déjà assez la communauté qu’il n’est pas nécessaire de provoquer des craintes additionne­lles avec des «peut-être». - Archives
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