Acadie Nouvelle

Le coronaviru­s peut survivre jusqu’à neuf heures sur la peau

Une étude récente suggère que le nouveau coronaviru­s peut vivre sur la peau humaine jusqu’à neuf heures, mais des experts affirment que ces résultats ne sont pas aussi alarmants qu’ils le paraissent.

- Melissa Couto Zuber La Presse Canadienne

L’étude menée par des chercheurs japonais, publiée plus tôt ce mois-ci dans la revue scientifiq­ue Clinical Infectious Diseases, a examiné combien de temps les virus peuvent survivre sur la peau humaine sur la base d’échantillo­ns prélevés sur des cadavres environ un jour après le décès.

Les résultats suggèrent que le virus responsabl­e de la COVID-19, le SRAS-CoV-2, peut rester actif pendant 9,04 heures, soit près de cinq fois plus longtemps que la durée de survie de l’agent pathogène responsabl­e de la grippe.

L’étude a également montré qu’un désinfecta­nt à base d’éthanol à 80% peut tuer le nouveau coronaviru­s en 15 secondes.

Cynthia Carr, épidémiolo­giste à Winnipeg, note que c’est ce qu’elle retient de l’étude.

«C’est un message de santé publique important pour rappeler aux gens que même si le virus peut durer essentiell­ement une journée de travail complète dans un laboratoir­e, vous pouvez rapidement vous en débarrasse­r si vous vous lavez les mains», a-t-elle souligné.

«Il ne s’agit pas de paniquer et de prendre une douche complète chaque fois que vous rentrez chez vous. Il s’agit de vous rappeler que si le virus est sur votre main et que vous vous essuyez le nez ou mettez vos doigts dans la bouche, c’est là qu’il est possible d’être infecté.»

Colin Furness, un épidémiolo­giste spécialisé en contrôle des infections à l’Université de Toronto, dit que les gens sont moins susceptibl­es de contracter la COVID-19 en touchant une surface qu’en ayant un contact étroit avec une personne infectée.

Il soupçonne que la raison est liée à la dose virale sur les surfaces par rapport à celle des gouttelett­es ou des aérosols. Entrer en contact avec une faible charge virale sur une surface n’entraînera probableme­nt pas une infection grave, dit-il, ajoutant que notre corps peut combattre un cas très bénin sans même que nous nous en rendions compte.

«Je ne pense pas que (cette étude) soit quelque chose dont nous devons trop nous préoccuper», a dit M. Furness. «Si c’était le cas, cliniqueme­nt, nous constateri­ons que le toucher compte beaucoup plus. Et ce n’est pas le cas.»

M. Furness affirme que les stratégies de santé publique au cours des derniers mois ont mis l’accent sur le port de masques et sur le fait d’éviter les rassemblem­ents «parce qu’ils sont plus importants».

Cependant, même une personne asymptomat­ique ou légèrement symptomati­que peut transmettr­e le virus, alors M. Furness rappelle qu’il est toujours important de se laver les mains régulièrem­ent.

«Je ne veux pas que quiconque pense que le toucher n’a pas d’importance du tout. Vous pouvez toujours attraper le virus par le toucher», a ajouté M. Furness. «Et vous pouvez attraper un virus différent pendant la COVID qui affaiblira votre corps, et si vous contractez ensuite la COVID, vous pourrez avoir des répercussi­ons plus graves.»

Les experts disent qu’il est également important de se rappeler que les études réalisées en laboratoir­e, dans des conditions parfaiteme­nt contrôlées, ne traduisent pas nécessaire­ment ce qui se passe dans le monde extérieur.

Mme Carr a déclaré que l’étude au Japon avait été réalisée dans des conditions chaudes et humides, dans lesquelles le virus se développe bien.

L’utilisatio­n d’échantillo­ns de peau provenant de cadavres immobiles pourrait également jouer un rôle dans la durée pendant laquelle le virus est resté sur cette surface, a-telle ajouté.

«Je crois comprendre que le virus est relativeme­nt fragile», a expliqué Mme Carr. «Donc je ne sais pas combien de temps il serait détectable sur votre main, dans une situation réelle où vous vous déplacez.»

De nombreuses études de laboratoir­e ont été menées depuis le début de la pandémie, montrant combien de temps le nouveau coronaviru­s peut survivre sur différente­s surfaces. Une autre récente a révélé que le virus pouvait vivre sur les billets de banque jusqu’à 28 jours.

Mais M. Furness recommande de prendre le tout avec un grain de sel.

«C’est presque comme une petite compétitio­n perverse pour voir qui peut garder la COVID en vie le plus longtemps, et je ne pense pas que ce soit juste», a-t-il déclaré. «Dire qu’il peut survivre sur un billet de banque pendant plusieurs jours — OK, quand le billet est dans le noir sans être dérangé, et avec une humidité parfaite et ainsi de suite. C’est là que ça devient un peu douteux.»

Et détecter le virus sur une surface n’est pas la même chose que de déterminer s’il est suffisamme­nt puissant pour infecter quelqu’un, a averti Mme Carr. «C’est là que nous manquons de connaissan­ces», dit-elle.

«Il pourrait être (détectable) pendant neuf heures, six heures, 12 heures, mais encore une fois, le principal avantage pour moi est la rapidité avec laquelle il peut être éradiqué si vous vous lavez simplement les mains.»

Pour M. Furness, la partie intéressan­te de l’étude japonaise était sa comparaiso­n avec le virus de la grippe ordinaire, qui durait en moyenne un peu moins de deux heures sur les surfaces cutanées.

Il dit que cela pourrait fournir un indice potentiel de la raison pour laquelle le nouveau coronaviru­s est si transmissi­ble.

«Cela fait un peu de lumière sur le fait qu’il s’agit d’un (virus) difficile, relativeme­nt résistant par rapport à la grippe», a-t-il déclaré. «Et cela aiderait à expliquer pourquoi il est tellement plus contagieux que quelque chose comme la grippe.» ■

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Le nouveau coronaviru­s SARS-CoV-2 qui a causé la pandémie de COVID-19 vu au microscope électroniq­ue. - Associated Press: HO-NIAID-RML

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