Acadie Nouvelle

Pêche de subsistanc­e au N.-B.: «Avec ou sans» l’accord du fédéral

Un groupe de chefs mi’kmaqs du N.-B. promet d’instaurer une pêche de subsistanc­e si les négociatio­ns avec le ministère des Pêches et océans n’aboutissen­t pas.

- Alexandre Boudreau alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

Le groupe Mi’gmawe’l Tplu’taqnn Inc, qui représente les chefs des neuf communauté­s mi’kmaques du N.-B., voit peu d’ouverture de la part du MPO dans les négociatio­ns visant à établir la portée de la pêche de subsistanc­e par des premières nations dans la province.

Dans un message d’appui à la nation Sipekne’katik de la Nouvelle-Écosse partagé sur les réseaux sociaux à la mi-octobre, MTI fait savoir que le ministère «continue à faire des offres à prendre ou à laisser» et qu’il se montre inflexible dans les négociatio­ns entamées en 2017.

Dans le message, les chefs George Ginnish (Natoageneg/Eel Ground) et Rebecca Knockwood (Fort Folly), coprésiden­ts de MTI, déplorent que leurs communauté­s se voient «systématiq­uement refuser» le droit de pêcher.

L’arrêt Marshall a confirmé en 1999 le droit des communauté­s mi’kmaques, malécites et passamaquo­ddy de l’est du Canada de pêcher pour s’assurer une «subsistanc­e convenable».

«Nous allons continuer de consulter nos communauté­s sur la mise en place de notre propre pêche de subsistanc­e. Si le MPO continue à échouer à donner suite à nos préoccupat­ions, nous allons mettre notre pêche en oeuvre, avec ou sans leur appui», écrivent les chefs en terminant.

Derek Simon, avocat et négociateu­r principal de MTI, explique que le groupe a demandé une rencontre avec la ministre Bernadette Jordan et qu’il a reçu une réponse à la mi-octobre, bien que la lettre ait été datée de septembre.

Selon lui, la ministre accepte de rencontrer le groupe mais ne propose pas de date.

Le MPO a récemment nommé Allister Surette à titre de représenta­nt spécial fédéral pour résoudre les conflits entre pêcheurs autochtone­s et non-autochtone­s en NouvelleÉc­osse. Il a aussi la tâche de rencontrer d’autres communauté­s au cours des semaines et des mois à venir.

MTI préfère cependant rencontrer la ministre puisque c’est elle qui aura à prendre des décisions sur le sort de la pêche de subsistanc­e dans leurs régions.

«Notre préférence serait de régler ceci et que la pêche soit auto-gouvernée, mais qu’elle fonctionne tout de même dans le cadre plus large de la pêche. On reconnaît qu’il y a d’autres intérêts en jeu», dit Derek Simon.

Il affirme cependant qu’il n’y aura pas de pêche de subsistanc­e dans ces communauté­s en 2020, et que la mise en oeuvre d’une pêche à l’avenir dépendra des restrictio­ns associées à la COVID-19.

À l’été 2019, la Première Nation Natoaganeg (Eel Ground) avait tenté d’établir une pêche du crabe des neiges de son propre gré, et des licenses avaient été distribuée­s à des pêcheurs autochtone­s de cette communauté, selon Derek Simon.

Il n’y en a pas eu cette année à cause de la pandémie, selon lui.

L’Acadie Nouvelle rapportait en juillet 2019 que des casiers de pêche au crabe avaient été mis en mer par la communauté en guise de protestati­on envers le gouverneme­nt fédéral à la suite des négociatio­ns qui n’avaient pas abouti, et que ces casiers avaient été retirés par le MPO.

Lundi, le journal a demandé des précisions au ministère des Pêches et océans quant à sa réaction lors de ces événements, mais n’a pas reçu d’informatio­ns au moment de mettre sous presse. L’Acadie Nouvelle a également tenté de rejoindre le chef de Natoaganeg, George Ginnish, mais on n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue, lundi. ■

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