Pêche de subsistance au N.-B.: «Avec ou sans» l’accord du fédéral
Un groupe de chefs mi’kmaqs du N.-B. promet d’instaurer une pêche de subsistance si les négociations avec le ministère des Pêches et océans n’aboutissent pas.
Le groupe Mi’gmawe’l Tplu’taqnn Inc, qui représente les chefs des neuf communautés mi’kmaques du N.-B., voit peu d’ouverture de la part du MPO dans les négociations visant à établir la portée de la pêche de subsistance par des premières nations dans la province.
Dans un message d’appui à la nation Sipekne’katik de la Nouvelle-Écosse partagé sur les réseaux sociaux à la mi-octobre, MTI fait savoir que le ministère «continue à faire des offres à prendre ou à laisser» et qu’il se montre inflexible dans les négociations entamées en 2017.
Dans le message, les chefs George Ginnish (Natoageneg/Eel Ground) et Rebecca Knockwood (Fort Folly), coprésidents de MTI, déplorent que leurs communautés se voient «systématiquement refuser» le droit de pêcher.
L’arrêt Marshall a confirmé en 1999 le droit des communautés mi’kmaques, malécites et passamaquoddy de l’est du Canada de pêcher pour s’assurer une «subsistance convenable».
«Nous allons continuer de consulter nos communautés sur la mise en place de notre propre pêche de subsistance. Si le MPO continue à échouer à donner suite à nos préoccupations, nous allons mettre notre pêche en oeuvre, avec ou sans leur appui», écrivent les chefs en terminant.
Derek Simon, avocat et négociateur principal de MTI, explique que le groupe a demandé une rencontre avec la ministre Bernadette Jordan et qu’il a reçu une réponse à la mi-octobre, bien que la lettre ait été datée de septembre.
Selon lui, la ministre accepte de rencontrer le groupe mais ne propose pas de date.
Le MPO a récemment nommé Allister Surette à titre de représentant spécial fédéral pour résoudre les conflits entre pêcheurs autochtones et non-autochtones en NouvelleÉcosse. Il a aussi la tâche de rencontrer d’autres communautés au cours des semaines et des mois à venir.
MTI préfère cependant rencontrer la ministre puisque c’est elle qui aura à prendre des décisions sur le sort de la pêche de subsistance dans leurs régions.
«Notre préférence serait de régler ceci et que la pêche soit auto-gouvernée, mais qu’elle fonctionne tout de même dans le cadre plus large de la pêche. On reconnaît qu’il y a d’autres intérêts en jeu», dit Derek Simon.
Il affirme cependant qu’il n’y aura pas de pêche de subsistance dans ces communautés en 2020, et que la mise en oeuvre d’une pêche à l’avenir dépendra des restrictions associées à la COVID-19.
À l’été 2019, la Première Nation Natoaganeg (Eel Ground) avait tenté d’établir une pêche du crabe des neiges de son propre gré, et des licenses avaient été distribuées à des pêcheurs autochtones de cette communauté, selon Derek Simon.
Il n’y en a pas eu cette année à cause de la pandémie, selon lui.
L’Acadie Nouvelle rapportait en juillet 2019 que des casiers de pêche au crabe avaient été mis en mer par la communauté en guise de protestation envers le gouvernement fédéral à la suite des négociations qui n’avaient pas abouti, et que ces casiers avaient été retirés par le MPO.
Lundi, le journal a demandé des précisions au ministère des Pêches et océans quant à sa réaction lors de ces événements, mais n’a pas reçu d’informations au moment de mettre sous presse. L’Acadie Nouvelle a également tenté de rejoindre le chef de Natoaganeg, George Ginnish, mais on n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue, lundi. ■