Plus de services mais pas davantage de plaintes
Plus de la moitié des consultations menées par les infirmières du programme SANE concernent des mineurs.
«On voit toutes les catégories de personnes, adultes, enfants, personnes âgées, hommes, femmes, membres de la communauté LGBTQ+. La population âgée de 17 à 25 ans est beaucoup plus représentée. On voit aussi beaucoup d’enfants de moins de 12 ans», se désole Roxanne Paquette.
Depuis son entrée en poste, en 2014, elle a vu une nette augmentation des patients ayant recours au service, entre 50 et 80 de plus chaque année. L’an dernier, les infirmières SANE ont été appelées à 450 reprises.
Mme Paquette explique cette hausse par une plus grande accessibilité du programme, disponible dans le nord de la province depuis 2015, et par le fait qu’il soit désormais mieux connu.
«Le mouvement #MeToo, relayé par les médias, a aussi pu donner le courage à certaines personnes de venir chercher de l’aide. Mais je crois qu’on continue de ne voir qu’un minimum de victimes», ajoute-t-elle. Malgré cette tendance, le nombre de plaintes déposées à la police demeure stable. La GRC du NouveauBrunswick a enregistré 490 plaintes d’agression sexuelle en 2017, puis 519 en 2018 et 504 en 2019.
Très peu de dossiers se retrouveront en cour et encore moins se concluront par une condamnation judiciaire. Dans une enquête réalisée sur une période de 20 mois et publiée en 2017, le Globe and Mail a découvert que les services policiers au Nouveau-Brunswick
concluaient que les plaintes d’agression sexuelle étaient non fondées 32% du temps, alors que la moyenne nationale était de 19,39%.
Mme Paquette constate que certains préjugés persistent au sujet des crimes sexuels.
«Il faut par exemple comprendre pourquoi la victime a réagi ainsi. Le fait qu’elle ne se soit pas débattue, qu’elle n’ai pas crié, qu’elle n’ai pas eu telle réaction s’explique par des raisons neurobiologiques! La majorité des victimes de violence sexuelle ne se battront pas contre leur agresseur.»
L’infirmière observe toutefois une évolution des mentalités sur le terrain.
«On ne changera peut-être pas le système de justice, mais on constate plus d’ouverture à recevoir de l’éducation de la part des policiers et des juristes», nous dit-elle. - SD