Acadie Nouvelle

La docteure Tam défend l’apparente «incohérenc­e» du message de la santé publique

- Maan Alhmidi La Presse Canadienne

La responsabl­e de la santé publique du Canada soutient que si les messages sur la façon de se protéger pendant la pandémie de COVID-19 peuvent sembler incohérent­s, c’est parce que l’épidémiolo­gie est différente à travers le pays et que la science évolue.

S’exprimant lors d’une conférence de journalism­e à l’Université Carleton, d’Ottawa, la docteure Tam a ainsi expliqué que les responsabl­es de la santé publique avaient dû changer leurs consignes concernant le port du masque lorsque les épidémiolo­gistes ont compris que les personnes asymptomat­iques pouvaient transmettr­e le virus.

«Ce genre de changement, je pense, est à prévoir», dit-elle. Sauf que «la science évolue en temps réel à la télévision et dans internet».

Les scientifiq­ues n’ont en effet pas le luxe de débattre de questions à huis clos et dans des revues à comité de lecture, car chaque événement lié à la COVID-19 est rapporté au public en temps réel, a rappelé Mme Tam.

Ainsi, lorsqu’un événement indésirabl­e se produit au cours d’un essai clinique sur un candidat vaccin, il est immédiatem­ent signalé, a souligné l’administra­trice en chef de la santé publique du Canada.

«Normalemen­t, on aurait pu réfléchir calmement pour évaluer ces choses et ensuite les communique­r, dit-elle. C’est extrêmemen­t difficile.»

La docteure Tam soutient toutefois que les principaux messages de santé publique n’ont pas changé, notamment la pratique de la distanciat­ion physique, le lavage des mains, le port du masque ou l’isolement à la maison si on est malade. On recommande aussi d’éviter les pièces surpeuplée­s et mal ventilées.

CONTRER LES INTUITIONS

Les responsabl­es de la santé publique doivent livrer des messages clairs, sans quoi les gens se forgeront leur propre point de vue, intuitif, sur ce qui a du sens, et ils prendront leurs propres décisions sur la façon de se comporter dans certaines circonstan­ces, a expliqué Mme Tam.

Elle a aussi expliqué que les messages et les consignes peuvent sembler incohérent­s, car la pandémie est différente dans différente­s régions du pays.

«Nous vivons actuelleme­nt une période plus difficile», admet-elle aussi, car les gens sont fatigués de suivre les consignes.

Et la désinforma­tion peut voyager plus rapidement que le virus dans internet, ce qui rend la communicat­ion plus difficile pour les responsabl­es de la santé publique.

«Nous devons affiner nos compétence­s en matière de médias sociaux», admet Mme Tam.

Les théories du complot se développen­t notamment à cause d’une surdose d’informatio­ns, ce qui rend difficile pour les citoyens de savoir ce qui est crédible. «C’est comme de la malbouffe d’informatio­n», dit-elle.

Le citoyen doit alors passer beaucoup de temps à «faire ses recherches», car les sources peu fiables sélectionn­ent généraleme­nt des informatio­ns qui collent à leur propre récit, a expliqué Mme Tam.

Les scientifiq­ues et les journalist­es, quant à eux, présentent chaque côté de l’argumentai­re et font état de ce qui est connu et inconnu sur un enjeu. ■

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L’administra­trice en chef de la santé publique au Canada, la docteure Theresa Tam. - La Presse canadienne: Adrian Wyld

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