Acadie Nouvelle

La crise sanitaire ferait reculer les droits des femmes dans le monde

- Mike Blanchfiel­d La Presse Canadienne

Des dirigeants autoritair­es dans le monde se servent de la crise de la COVID-19 pour restreindr­e les droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre, affirme l’ambassadri­ce du Canada pour les femmes, la paix et la sécurité.

Jacqueline O’Neill, qui témoignait lundi devant le Comité de la défense de la Chambre des communes, a déclaré avoir constaté un nombre croissant d’attaques contre les défenseurs des droits des femmes et des personnes LGBTQ2, ce qui met en péril les progrès dans ce domaine, a-t-elle dit.

«La pandémie et les réponses particuliè­rement autoritair­es à la COVID-19 représente­nt des menaces existentie­lles pour de nombreuses femmes qui construise­nt la paix et pour des organisati­ons locales», a affirmé Mme O’Neill.

Elle a également souligné que dans certaines régions du monde, l’inclusion des femmes dans la consolidat­ion de la paix et la résolution des conflits reste encore un défi.

«Les femmes de partout dans le monde, par exemple en Afghanista­n, se battent toujours pour être représenté­es directemen­t dans les pourparler­s de paix.»

Mme O’Neill a indiqué qu’il existe un nombre croissant de données montrant que les femmes améliorent l’efficacité opérationn­elle des forces de sécurité parce qu’elles peuvent offrir une perspectiv­e plus large sur ce qui se passe dans une communauté, ce qui augmente la conscience de la situation.

Pourtant, les femmes ne représente­nt que 6% des Casques bleus de l’ONU, et bon nombre d’entre elles sont confrontée­s à des conditions de travail inacceptab­les, a-t-elle déploré.

Mme O’Neill a affirmé que cette situation persiste même si le monde souligne lundi le 20e anniversai­re de la résolution de l’ONU affirmant le rôle des femmes dans la prévention des conflits, la négociatio­n de la paix, le maintien de la paix et la reconstruc­tion des sociétés après les guerres.

LES FEMMES AU COEUR DES CONFLITS

L’ambassadri­ce a également écarté l’idée voulant que les questions de genre soient une «option» dans les discussion­s sur la paix et la sécurité, parce que les femmes ont un rôle clé à jouer dans la constructi­on de la paix et qu’elles sont également des combattant­es actives dans les conflits à travers le monde.

«Je parle souvent de la façon dont nous avons des adversaire­s à travers le monde qui ne voient pas cela comme une question optionnell­e. Prenez Boko Haram, les deux tiers de leurs kamikazes sont des femmes. Du côté de Daech, un combattant étranger sur cinq parti d’Amérique du Nord ou d’Europe pour se battre était une femme», a-t-elle souligné, en référence à la milice rebelle au Nigeria et au groupe État islamique actif principale­ment en Syrie.

Jacqueline O’Neill a été nommée par le premier ministre Justin Trudeau en juin 2019 pour conseiller le gouverneme­nt sur la façon de protéger les droits des femmes et des filles confrontée­s à la violence et à l’insécurité. Elle est chargée de faire avancer la politique étrangère féministe du gouverneme­nt.

Elle a déclaré lundi devant les députés que les femmes méritent un siège à toutes les tables internatio­nales lorsqu’il s’agit de faire progresser la paix et la sécurité.

«Je reconnais que ‘‘féministe’’ est souvent un mot très chargé, en particulie­r lorsqu’il est associé à des questions de sécurité et de défense», a-t-elle dit. «Mais je trouve que, presque sans exception, lorsque l’on analyse le concept, c’est une chose avec laquelle la grande majorité des Canadiens sont d’accord.» ■

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