Les plaques tectoniques ont bougé à Rome
Le bon pape François a fait une déclaration extraordinaire en indiquant qu’il reconnaissait les unions civiles de même sexe. Cela a dû faire bouger les plaques tectoniques qui supportent la basilique Saint-Pierre de Rome et provoqué un tsunami qui s’est propagé à la grandeur de la planète. Cependant avec la montée inquiétante et inéluctable des cas de COVID-19 partout dans le monde, où tant de gens sont aux prises avec les conséquences désastreuses, il semble que la réaction se fait attendre comme un boomerang, peut-être?
Beaucoup de gens se sentent abandonnés par l’Église catholique depuis longtemps. Les églises sont vides et les fidèles ont décrochés, car ils ne retrouvent plus dans ce culte le réconfort et la compréhension nécessaire, la source où s’abreuver lorsqu’ils ont soif, l’amour de leur personne faillible et la compréhension que nous sommes tous des pécheurs sur notre chemin de Damas cherchant un guide, un mot de compassion, une lumière pour nous soutenir et nous encourager.
C’est évident que la fermeture de l’Église sur l’homosexualité, particulièrement soutenue par les papes précédents, s’ensuivit d’autant plus la rigidité, à notre époque contemporaine, sur tout ce qui touche la réalité d’une grande partie de l’humanité, que ce soit le divorce, la contraception, le célibat des prêtres et l’incapacité de cette institution millénaire de reconnaître l’égalité des femmes et leur droit sacré sur leur corps.
On peut se demander si cela n’a pas contribué à cacher l’horreur criminelle des prêtres pédophiles, qu’on déplaçait d’une paroisse à une autre et qui continuaient d’abuser des enfants et de détruire tant de vies.
Les recherches démontrent que la pédophilie est innée, qu’on n’a pas trouvé le moyen de la guérir, mais qu’on s’applique à la contrôler puisque tous les pédophiles ne sont pas condamnés à devenir des agresseurs. On ne peut que s’indigner et dénoncer que l’Église catholique ait été un abri protégé et heureux pour les prêtres qui commettaient ces actes criminels envers les enfants.
Une honte pour cette institution supposée faire briller la lumière de Dieu sur cette terre comme dans les cieux. Elle a besoin de faire un grand examen de conscience et de déboulonner des certitudes qui ont facilité ces abus criminels. Il y a cependant dans cette horrible noirceur des signes encourageants. Le pape vient de nommer 13 nouveaux cardinaux, dont le premier archevêque américain d’origine noir, Wilton Gregory, de Washington.
Ce nouveau cardinal a marqué un point tournant lorsqu’il a remplacé ses prédécesseurs, les cardinaux Theodore McCarrick et Donald Wuerl, tous deux impliqués dans la crise des abus sexuels de l’Église américaine impliquant 300 prêtres prédateurs et plus d’un millier de mineurs, certains ayant moins de 10 ans, sur une période de 70 ans. Le pape a enlevé au premier son titre de cardinal et de prêtre tandis que le deuxième a quitté son poste.
Un grand défi pour l’Église catholique a toujours été de réconcilier l’âme et le corps. En fait, le corps est plus souvent vu comme source de péchés, mais difficile d’être humain, d’être croyant, sans corps, sans besoin, sans faiblesse, sans faute.
Comme on constate souvent tout existe en opposition pour maintenir un équilibre vital pour toutes choses, toutes personnes: le bien et le mal, le jour et la nuit, la joie et la tristesse ou le yin et le yang, comme l’enseigne la philosophie chinoise. À quand la possibilité pour les prêtres de se marier, de vivre en toute lumière une partie de leur humanitude? À quand la possibilité pour les femmes de devenir prêtres? Il me semble que cela fait plus d’un demisiècle qu’on débat de ces questions. Je crois que si l’institution catholique ne peut faire ce virage essentiel, elle manquera le bateau. Si l’Église n’est pas capable d’ouvrir la chrétienté à ces deux seules conditions, eh bien elle tombera comme toute autre chose qui devient désuète et qu’on ne respecte plus. Se réformer, s’adapter, changer ou mourir, voilà la question. ■