Acadie Nouvelle

Projet de recyclage de métaux de navires: wô les moteurs!, dit le maire de Dalhousie

- Réal Fradette real.fradette@acadienouv­elle.com

Un entreprene­ur de la Gaspésie veut faire du port de Dalhousie un centre de recyclage de métaux de navires. Un premier rafiot, le traversier Apollo, devrait apparaître dans le secteur la semaine prochaine dans le but d’y être démantelé. Trois autres devraient suivre sous peu. Mais pas si vite, intervient le maire Normand Pelletier. Il ne veut pas des déchets des autres chez lui sans autorisati­on préalable.

René Renault, de Saint-Siméon, près de Bonaventur­e, est à la tête de Dalhousie Marine Recyclers NB. Il a acheté le traversier long de 109 mètres de la Société Apollo de Godbout pour la somme symbolique de 1$, lundi.

Le navire désaffecté doit quitter le port du Groupe Océan, de Québec, lundi ou mercredi, là où il est amarré depuis le printemps. À l’aide de remorqueur­s, le périple jusqu’à sa destinatio­n finale, le port de Dalhousie, devrait prendre 48 heures si la météo le permet.

«Ça fait deux ans que je travaille à ce projet, a indiqué M. Renault lorsque joint par le journal. Nous avons les cisailles pour découper l’acier qu’on va récupérer. Cet acier est déjà vendu. On veut faire travailler des entreprise­s de Dalhousie. Mais il faut donner la chance à la pomme de mûrir.»

Cependant, selon le maire de Dalhousie, le promoteur gaspésien va un peu vite en affaires et il risque d’avoir une bien mauvaise surprise la semaine prochaine.

«M. Renault n’a pas les autorisati­ons du Port de Dalhousie pour venir y ancrer ses bateaux. Il doit aussi en discuter avec les départemen­ts fédéraux de transport et d’environnem­ent, mais il n’a fait aucune de ces démarches. Dans ces conditions, on ne veut pas de ça chez nous. On ne veut pas des déchets des autres sans autorisati­ons légales. Nous sommes favorables à tout trafic au port qui va apporter du positif à la Ville et à la communauté tout en créant des emplois. Mais il y a des étapes à suivre et des autorisati­ons à recevoir avant», a commenté Normand Pelletier, pas du tout intéressé à voir flotter un bateau en lambeaux pendant des semaines en face de la municipali­té du Restigouch­e.

L’élu ajoute que le Port de Dalhousie étudie actuelleme­nt la possibilit­é de prendre des actions légales contre le promoteur.

«C’est comme si j’allais défaire des autos dans votre cour sans vous demander la permission. Ça ne se fait pas», compare-t-il.

M. Renault affirme pourtant détenir une lettre des autorités du port de Dalhousie lui permettant d’y accoster les quatre navires qu’il vient d’acheter.

«Nous allons y amener des navires pour les démanteler. Nous aurons en mains 12 000 tonnes de fer de la meilleure qualité. Ça ne sera pas une cour à scrap. On veut amener du développem­ent industriel dans la baie des Chaleurs. Sinon, la Turquie est prête à nous accueillir», fait savoir le promoteur.

Le traversier Apollo a une petite histoire bien à lui. Il devait être transformé en récif artificiel pour les plongeurs ce printemps en le coulant au large de Godbout, sur la CôteNord. Ce projet a été abandonné lorsque d’importante­s quantités d’amiante ont été découverte­s à bord.

Auparavant, ce navire, construit en Allemagne et âgé de 50 ans, avait été acquis en catastroph­e et sans inspection par la Société des traversier­s du Québec (STQ) en janvier 2019. Il devait remplacer temporaire­ment un autre traversier faisant la liaison entre Matane, Godbout et Baie-Comeau.

L’Apollo n’a été mis en service que 17 jours, le temps d’entrer en collision à deux reprises avec des quais, et aurait coûté 5,5 millions $ au Trésor québécois, selon diverses sources.

En septembre, la STQ avait versé 2 millions $ pour le démantèlem­ent du navire, mais cette somme n’a pu servir qu’à démonter 30% de la structure.

Philippe Filion, du Groupe Océan, mentionne que l’Apollo devait quitter le quai de l’entreprise au plus tard le 1er novembre afin de faire de la place à d’autres navires sur lesquels des contrats de rénovation sont prévus.

«Nous avons été mandatés pour le réparer avant de le faire couler comme récif artificiel, mais il a fallu arrêter les travaux par faute de financemen­t en mai. On voulait que ce navire quitte notre port pour laisser la place à nos clients. Nous étions pris avec un bateau qui ne nous appartient pas et qui bloque une partie de notre quai», a-t-il indiqué.

Jean-Yves Bouffard, maire de Godbout et président de la Société Apollo, comprend la position de Groupe Océan. Quand l’offre du promoteur René Renault est arrivée sur la table, elle a été acceptée.

«Cette compagnie de Dalhousie nous garantit de faire le travail. Nous avions un autre acheteur intéressé, mais il aurait pris l’Apollo seulement à la fin novembre. Le Groupe Océan nous demande de le sortir depuis mai. On a étiré l’élastique au maximum», a-t-il soutenu. ■

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Le traversier Apollo a connu une fin abrupte lorsque mis au rancart après avoir heurté des quais à deux reprises en 2019. - Gracieuset­é
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