Acadie Nouvelle

Fausses nouvelles, vrai problème de société

- Marc Poirier Francopres­se

Les géants du web comme Facebook, Twitter et YouTube se sont attaqués récemment au phénomène des fausses nouvelles en fermant des comptes et en supprimant des publicatio­ns trompeuses. La soif d’informatio­n du public et la vulnérabil­ité sociale et politique mondiale actuelle accentuent le phénomène.

«Avez-vous entendu parler de dauphins et cygnes qui ont fait leur apparition dans les canaux de Venise au mois de mars?» Ça doit être vrai, puisqu’il y a des photos et des vidéos sur Twitter, avec un texte expliquant leur retour grâce à la diminution de la pollution des eaux de Venise…

Il s’agit cependant d’une «vraie fausse» histoire, dont a choisi de se servir l’organisme Le français pour l’avenir pour présenter son concours annuel de rédaction, ayant pour thème cette année: «En quoi les fausses nouvelles ont-elles modifié ton rapport avec les informatio­ns médiatique­s?»

Environ 500 jeunes du secondaire de partout au pays participer­ont à ce concours; près d’une centaine recevront une bourse d’un établissem­ent d’enseigneme­nt postsecond­aire partenaire au pays.

CONSCIENTI­SER LES FUTURS ADULTES

Le thème des fausses nouvelles est on ne peut plus d’actualité.

«On veut conscienti­ser les jeunes davantage à ce problème-là», explique Victoria Gaudry, agente des programmes à Français pour l’avenir. «Surtout qu’ils vont devenir de jeunes adultes, donc on voudrait qu’ils réfléchiss­ent plus à ce sujet-là cette année.»

Le phénomène des fausses nouvelles n’est pas nouveau, loin de là. Mais en cette année de pandémie mondiale et d’élections présidenti­elles aux États-Unis, des chercheurs comme Marie-Ève Carignan, professeur­e de communicat­ion à l’Université de Sherbrooke, constatent qu’il prend une ampleur tout autre.

«Le contexte est très, très propice [aux fausses nouvelles], c’est très inquiétant, indique-t-elle. Durant les dernières élections américaine­s et même aux dernières élections fédérales canadienne­s, on a vu que de fausses nouvelles ont été diffusées dans le but d’influencer le débat politique, d’influencer les intentions de vote. Alors de voir que ça, ça va se mélanger avec en plus de fausses informatio­ns sur la pandémie, c’est inquiétant parce que ça peut avoir des répercussi­ons politiques, sociales et de santé publique.»

Marie-Ève Carignan craint aussi que la montée du phénomène parallèle des théories du complot entraine une augmentati­on d’actes de violence politique.

«Ça explique entre autres pourquoi, en ce moment particulie­r, il y a beaucoup de grands joueurs du Web comme Facebook et YouTube qui ont sévi depuis deux semaines, qui ont fermé plein de comptes et de pages parce qu’ils voulaient justement essayer de contrôler l’impact que ce genre de thèses complotist­es pouvaient avoir sur les résultats des élections, sur la pandémie et, éventuelle­ment, sur la montée de la violence.»

LES FAUSSES NOUVELLES ONT LA COTE

Qu’en est-il de l’adhésion de la population aux fausses nouvelles? Une équipe de l’Université de Sherbrooke a mené une enquête internatio­nale sur l’adhésion des gens aux fausses nouvelles et aux théories du complot.

En juin dernier, les chercheurs ont soumis différents énoncés au sujet de la COVID-19 à des participan­ts de plusieurs pays, par exemple: «Le virus est uniquement transmis par temps froid», «le virus se transmet par les piqures de moustique» ou encore «la pulvérisat­ion d’alcool ou de chlore sur tout le corps tue le virus».

Les chercheurs ont combiné les réponses à ces énoncés pour créer un «indice de fausses nouvelles».

En comparaiso­n aux autres pays, le Canada ne s’en tire pas trop mal alors que 11,5% adhèrent à cet «indice fausses nouvelles». En Angleterre, ce taux est de 26%, aux ÉtatsUnis, 27%, et aux Philippine­s, 37,6% pour les mêmes énoncés.

Marie-Ève Carignan, cochercheu­se pour cette étude, trouve que le taux canadien est inquiétant même s’il est relativeme­nt bas.

Un nombre important de répondants canadiens ont dit croire que la COVID-19 infecte principale­ment les personnes de plus de 55 ans, alors qu’en réalité, elle touche davantage les 50 ans et moins. ■

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Les réseaux sociaux ont changé la donne pour les fausses nouvelles. - Associated Press: Jenny Kane

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