Acadie Nouvelle

Les réseaux sociaux, véhicule de rêve pour les fausses nouvelles

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Les réseaux sociaux ont évidemment changé la donne pour les fausses nouvelles. Le phénomène reçoit aussi un coup de pouce quand des leadeurs dénigrent des médias réputés.

Gilbert McLaughlin, chercheur postdoctor­al au Centre on Hate, Bias and Extremism d’Ottawa, rappelle que le phénomène existe depuis très longtemps.

«Avant, les médias traditionn­els étaient les “gatekeeper­s” de l’informatio­n, souligne-t-il. Quand c’est rendu qu’un chef d’État comme Donald Trump traite les médias de “fake news”, ça contribue à délégitime­r la manière qu’on peut trier l’informatio­n. Parce que là, si le New York Times est de la “fake news”, puis l’autre c’est de la “fake news”, tout s’équivaut.»

Difficile d’aborder le sujet des fausses nouvelles sans effleurer celui des théories du complot. Les unes amènent souvent aux autres, mais il y a cependant une grande différence entre les deux. «La conspirati­on, on cherche moins à manipuler les gens pour les tromper qu’à les manipuler pour les convaincre, explique Gilbert McLaughlin. C’est toujours dans l’idée qu’ils [les conspirati­onnistes] ont la vérité et qu’il faut que les gens se réveillent. Tandis que quand on regarde le phénomène des fausses nouvelles, il y a une industrie de ça, pour faire de l’argent! Eux, c’est de tromper le lecteur, le désinforme­r. L’intention n’est vraiment pas la même.»

La chercheuse Marie-Ève Carignan le confirme: les fausses nouvelles, c’est aussi du gros business.

Elle prend pour exemple ce qui s’est passé lors de la campagne présidenti­elle américaine de 2016. «On a vu entre autres qu’une bonne partie [des fausses nouvelles] venait de la Macédoine. C’étaient des gens qui recevaient de l’argent à chaque fois qu’il y avait des clics sur les nouvelles qu’ils produisaie­nt», explique la professeur­e.

«Donc, ils travaillai­ent pour des sites Internet qui voulaient juste faire de l’argent avec les revenus publicitai­res. Ils publiaient vraiment n’importe quoi pour faire de l’argent. Ça n’avait aucun lien avec une idéologie politique ou une volonté d’influencer le débat politique.»

Parfois, fausses nouvelles et théories du complot se rencontren­t et cet arrimage risque d’entrainer des effets très néfastes chez certains. Selon la chercheuse Carignan, ce qui se passe depuis le début de la pandémie est révélateur.

«Les gens cherchaien­t des réponses à leurs questions. Avec l’incertitud­e et le manque de réponses, liés au fait que c’est un nouveau virus, il manque des données scientifiq­ues. Bien des gens sont allés sur les réseaux sociaux pour chercher des renseignem­ents, et c’est là où ils étaient confrontés à la fois à de fausses informatio­ns et à des théories du complot. Étant soumis aux deux, les gens se mettaient à croire à certaines formes de désinforma­tion qui étaient à la fois juste des fausses nouvelles et à la fois des thèses complotist­es.» – MP

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