Syphilis: plus de cas et des cliniques de dépistage fermées
Les cas de syphilis sont en hausse depuis quelques années et le Dr Réjean Thomas constate même qu’ils ont doublé par rapport à l’an dernier dans sa clinique médicale l’Actuel.
Il n’y a pas eu de diminution des cas depuis le début de la pandémie, et il s’inquiète qu’avec cette crise sanitaire, la prévention des infections transmises sexuellement (ITS) ne soit reléguée à l’arrière-plan.
Le Dr Thomas avait constaté soigner plus de cas qu’à l’habitude dans la clinique montréalaise, spécialisée en matière des ITS et du VIH/sida. Ses collègues aussi. Il a donc sorti les chiffres des consultations, qui l’ont confirmé.
Sa clinique traite actuellement chaque mois entre 80 et 100 cas de syphilis ainsi que des personnes avec lesquelles elles ont été en contact. Il s’agit du double de l’an dernier. «Il n’y a pas eu de baisse durant la pandémie», constate le docteur qui est aussi le président de l’Actuel, bien connu pour ses efforts dans la lutte contre les infections transmissibles sexuellement et par le sang. «On le voit en clinique, on le voit dans nos urgences».
«J’ai eu cinq patients juste ce matin», a-t-il relaté en entrevue vendredi dernier. «Et je suis juste un médecin parmi d’autres».
Mais si la syphilis n’a pas pris de pause — la gonorrhée non plus, ajoute-t-il — beaucoup de centres de dépistage ont fermé lors de la première vague de la pandémie. Cela n’a pas aidé les gens aux prises avec une ITS, surtout qu’en plus l’accès aux médecins était ardu lors de cette période.
«C’est clair que la prévention des ITS n’est pas une priorité depuis mars». La clinique l’Actuel est restée ouverte. Un choix qui a été fait par ses dirigeants, car pour eux, la clinique est «un service essentiel», puisqu’elle s’occupe de populations vulnérables, dont des patients infectés par le VIH.
Mais il constate les effets sur le terrain. Il a vu un patient qui s’est rendu de clinique en clinique, pendant trois mois, sans que la syphilis ne soit diagnostiquée. Les symptômes sont parfois difficiles à déceler, souligne le Dr Thomas. En plus, beaucoup de personnes atteintes sont asymptomatiques: d’où l’importance du dépistage, insiste-t-il.
Si le réseau de la Santé est débordé et que le délestage se généralise, il ne faut absolument pas que les cliniques de dépistage ferment, car les conséquences de cette infection sont graves, et il faut les traiter avant que ces personnes ne développent de sévères complications, s’inquiète le médecin. La Presse Canadienne