Moncton: le logement abordable, question de priorité
L’agent de la Ville de Moncton, Vincent Merola a expliqué que les municipalités peinaient à agrandir leur nombre de logements abordables, à cause de la législation provinciale notamment. Et si c’était plutôt une question de volonté politique?
M. Merola a rappelé que la Loi sur l’urbanisme du Nouveau-Brunswick interdisait aux municipalités de créer des «zones inclusives», comme à Montréal. Ce type d’arrêté oblige les promoteurs à intégrer une certaine proportion de logements abordables dans leurs projets immobiliers.
«C’est un choix que nos communautés devraient avoir le droit de prendre. La décision en reviendrait au conseil municipal, mais j’aimerais explorer cette solution», a déclaré l’agent de développement communautaire pendant une réunion du comité sur la pauvreté et l’inclusion sociale de Moncton, le 27 octobre.
Le maire de Fredericton, Mike O’Brien a exprimé le même souhait en janvier, selon le Telegraph Journal. Il réagissait au taux d’inoccupation de sa ville, qui a descendu de 2,1 à 1,4% entre 2018 et 2019.
LE GOUVERNEMENT ÉCOUTE
«Dans nos discussions avec les gouvernements locaux jusqu’à présent, ceux-ci n’ont
pas demandé que le zonage inclusif soit ajouté à la Loi, a pourtant indiqué le relationniste du gouvernement, Jean Bertin. Cela dit, nous continuons de travailler avec eux quotidiennement et si ça devient une de leurs priorités, c’est quelque chose à laquelle nous pourrions réfléchir.»
Le directeur de l’association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick (AFMNB) a souligné que le mémoire remis par son organisme au gouvernement en prévision de la future réforme municipale était général et manquait de détails.
«S’il y a des trous dans la loi, on va demander à les combler, a-t-il promis. Le logement inclusif est quelque chose d’important, qui pourrait se retrouver [dans nos recommandations]. J’ai eu une discussion hier avec l’association des logements abordables. Je n’ai en revanche pas encore reçu de requêtes de mes membres à ce sujet.»
LES MUNICIPALITÉS PEUVENT AGIR
Le gouvernement précise que la Loi sur l’urbanisme donne déjà des outils aux municipalités pour augmenter leur nombre de logements abordables. Les administrations locales ont le droit de conclure des ententes de zonage incitatif ou primé, qui permettent d’assouplir certaines exigences si les promoteurs en respectent d’autres ou prennent des mesures d’intérêt public.
«Nous ne connaissons aucun gouvernement local qui a profité de la possibilité de créer des zonages incitatifs ou primés pour soutenir le logement abordable», a pointé M. Bertin.
Le chef du Parti vert, David Coon a aussi fait remarquer en janvier que les municipalités disposaient de la possibilité de créer plus d’habitats sociaux, en négociant par exemple avec les promoteurs qui réclament des dérogations aux arrêtés (comme sur la hauteur d’un bâtiment).
L’élu a avancé que ces requêtes étaient courantes, selon le Telegraph Journal.
MONCTON ATTEND ET RÉFLÉCHIT
Pour l’instant, la Ville de Moncton a agi en faveur de la création de logements sociaux en acceptant de soutenir à hauteur de 6 millions $ sur trois ans un projet nommé Marée Montante.
L’organisme souhaite créer des habitats permanents pour 125 personnes, encadrés par sept gestionnaires de cas. Il attend toutefois l’engagement du gouvernement à donner les six millions $ qui lui manquent pour commencer.
L’un des rôles premiers que peut jouer la Ville de Moncton consiste à s’assurer que l’ensemble des politiques et des règlements d’urbanisme permet d’élaborer un large éventail d’options de logements, selon le plan de mise en oeuvre du logement abordable la Ville.
«Le service d’urbanisme a fait des recherches considérables à propos des zonages incitatifs ou primés, a seulement déclaré l’urbaniste de Moncton, Andrew Smith. La Ville continue à explorer l’utilisation potentielle de cet outil pour faciliter l’augmentation du nombre de logements abordables.» ■