Les étudiants étonnamment au rendez-vous dans les collèges et universités
Les établissements postsecondaires francophones canadiens voyaient venir le mois de septembre avec appréhension et résignation, convaincus que la COVID-19 allait provoquer une saignée dans les inscriptions. De façon générale, ça ne s’est pas produit; à certains endroits, on a même fait mieux.
«Dans le meilleur des cas, on pensait à une baisse de 10%, et de façon plus réaliste, de 25%», avoue Daniel Giroux, président du Collège Boréal, basé à Sudbury, dans le nord de l’Ontario.
«Nous sommes présentement à une baisse de 4%, ce qui est vraiment impressionnant pour nous. C’est une belle surprise, il n’y a aucun doute.»
Le collège accueille cet automne 1493 étudiantes et étudiants, comparativement à 1431 l’an dernier. Et le président croit que les inscriptions seront encore meilleures en janvier, ce qui pourrait faire en sorte que le total d’étudiants cette année dépasserait celui de 2019.
«TRÈS SURPRENANT»
Les nouvelles sont bonnes également à l’Université Sainte-Anne, en NouvelleÉcosse, où on craignait une baisse d’inscriptions de 25% à 35%.
«On n’a pas encore de chiffres officiels, mais c’est beaucoup mieux que ce à quoi on s’attendait; on est près du chiffre record de l’an dernier! C’est très surprenant», indique le recteur Alister Surette.
Au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, qui lutte pour sa survie, les inscriptions sont sensiblement les mêmes que celles des dernières années.
Les admissions à l’Université de SaintBoniface, au Manitoba, et à l’Université d’Ottawa sont comparables à celles de l’année dernière.
Le Collège communautaire du NouveauBrunswick compte seulement 44 étudiants en moins, pour un total de près de 2000 inscriptions.
La diminution des étudiants internationaux n’est que de 18. Les chiffres sont meilleurs que ceux d’il y a deux ans.
L’UNIVERSITÉ DE MONCTON À SON PLUS HAUT DEPUIS 2016
La surprise est aussi rendez-vous à l’Université de Moncton, avec une augmentation de 161 étudiants à temps complet, une troisième hausse consécutive pour l’établissement. L’effectif total pour la rentrée est de 4521, soit le plus haut niveau depuis 2016.
«On s’attendait au pire. On se disait que si on pouvait maintenir nos chiffres, on serait très contents», mentionne Jean-Paul Loyer, directeur général de la gestion stratégique de l’effectif étudiant.
«On a été agréablement surpris. Quand il y a une grosse crise comme la COVID-19 qui arrive, tout le monde est devant l’inconnu.»
L’institution acadienne a réussi à augmenter ses inscriptions malgré une baisse de 47 étudiants internationaux, 5,7% de moins qu’en 2019.
C’est donc dire que l’augmentation des admissions canadiennes a plus que compensé cette perte.
«Ce sont les étudiants du Nouveau-Brunswick qui ont sauvé la donne», ajoute Jean-Paul Loyer, qui estime que l’université a réussi à attirer de 32% à 34% des finissants des écoles secondaires de la province, un taux beaucoup plus haut que la plupart des universités québécoises et d’ailleurs, selon lui. Qu’est-ce qui explique ces chiffres? Le recteur de l’Université Sainte-Anne, Alister Surette dit avoir de la difficulté à cerner les causes exactes, mais il croit que les restrictions sur les voyages et les déplacements imposées par la COVID-19 y sont pour beaucoup.
«J’imagine que plusieurs étudiants canadiens qui pensaient prendre une année de congé se retrouvent avec un nombre d’emplois limité. Le nombre d’activités personnelles est limité», souligne-t-il.
«Peut-être que les étudiants ont pensé qu’il était mieux de s’inscrire au lieu de manquer une année, même si c’est à distance ou que ce sera différent. Peut-être aussi que les étudiants pensent moins à voyager.»
L’Université de Moncton donne une part de crédit pour ces bons résultats à la création, il y a quelques années, d’une direction consacrée au recrutement et à la rétention des étudiants, que dirige Jean-Paul Loyer.
«Contrairement à ce que des gens pensent, ça prend des stratégies. Il faut regarder les pays où on veut aller, développer des stratégies de promotions et de marketing relationnel. C’est aussi d’être sur place, développer des partenariats internationaux.» ■