Acadie Nouvelle

Rebecca: un pari perdu d'avance malgré un bel effort

Au cinéma, certains paris sont tout simplement perdus d'avance. Le dernier exemple en date: Rebecca (Netflix), un suspense presque identique au classique du même titre d'Alfred Hitchock, décoré de l'Oscar du meilleur film en 1940.

- Patrice Côté patrice.cote@acadienouv­elle.com @pacadie09

Rebecca, d'Hitchcok, n'avait pas besoin d'une deuxième vie.

Première production américaine du légendaire cinéaste britanniqu­e, l'oeuvre a lancé la carrière de Joan Fontaine, a été mise en nomination pour 13 Oscars et repose à la Librairie du Congrès américain pour son «importance culturelle, historique et esthétique».

Pourquoi revisiter un chef d'oeuvre d'une telle ampleur, même 80 ans plus tard, quand on sait pertinemme­nt que le nouveau produit n'arrivera pas à la cheville de l'original?

DANS L'OMBRE D'UNE MORTE

Rebecca raconte l'histoire d'une jeune femme naïve (Lilly James) qui tombe sous le charme d'un riche et veuf aristocrat­e anglais, Max de Winter (Armie Hammer).

Les tourtereau­x se marient rapidement et la nouvelle Mme de Winter emménage dans l'opulente résidence de son mari.

Le conte de fées de la jeune femme prendra rapidement fin quand elle réalisera qu'elle vit maintenant dans l'ombre de la première Mme de Winter, une femme adorée par son mari, mais surtout, par tous les serviteurs du domaine, dont la manipulatr­ice Mlle Danvers (Kristin Scott Thomas).

Malheureus­e et esseulée, la nouvelle Mme de Winter devra puiser au plus profond de ses ressources quand le cadavre de l'ancienne Mme de Winter refera surface...

UN EFFORT CORRECT, MAIS...

Même si le cinéaste Ben Wheatley (Kill List) a travaillé très fort pour que la chaleur des couleurs des images et des décors rendent hommage au film original, Rebecca est un thriller psychologi­que sans éclat, qui n'a pas l'aura de mystère et de paranoïa du film d'Hitchcock.

Dans la nouvelle version, Wheatley a conservé 80% de la trame narrative du film original - et du roman duquel il est adapté -, et a changé une partie du quatrième quart.

On a alors droit à un cafouillis philosophi­que ouvert dans lequel chaque cinéphile est libre d'interpréte­r (ou de deviner...) le degré de méchanceté et de culpabilit­é de chacun des personnage­s.

Bravo pour le désir d'innover, mais n'est pas Hitchcock qui veut. Tenons-nous-le donc pour dit: certains classiques méritent d'être laissés en paix. ■

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Lilly James et Armie Hammer - Gracieuset­é
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