Acadie Nouvelle

NUIT D’HORREUR À QUÉBEC

- Jocelyne Richer, Roxanne Ocampo et Helen Moka

Célébratio­n de l’horreur, l’Halloween aura pris une tournure particuliè­rement macabre à Québec, en ce 31 octobre 2020, une soirée qui laissera le souvenir douloureux d’une tuerie dans les rues du Vieux-Québec, ayant entraîné dans la mort deux personnes, assassinée­s de sang-froid à coup de sabre, en plus de faire cinq blessés.

L’auteur présumé de la tuerie, Carl Girouard, âgé de 24 ans, a été formelleme­nt accusé de sept chefs d’accusation, dimanche, au palais de justice de Québec. Il devra répondre de deux accusation­s criminelle­s de meurtre au premier degré et de cinq chefs de tentatives de meurtre.

La comparutio­n a eu lieu par visioconfé­rence et la suite des procédures aura lieu jeudi.

Après avoir revêtu un costume digne du Moyen-Âge et s’être équipé d’un sabre japonais, l’accusé, un jeune homme résidant dans la couronne Nord de Montréal, est parti à pied dans les rues du Vieux-Québec, en fin de soirée samedi, bien déterminé à assassiner le plus grand nombre de personnes possible, sans qu’on sache pourquoi.

Comme la ville de Québec est en zone rouge, le Vieux-Québec était pratiqueme­nt désert samedi soir. Une soirée normale d’Halloween dans ce quartier normalemen­t très achalandé de la ville aurait donc pu se transforme­r en véritable carnage.

Les sept victimes n’ont eu qu’un tort: se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Ce sont toutes des personnes qui habitent la ville de Québec et deux d’entre elles sont d’origine française.

Les deux personnes décédées des suites de l’agression subie sont François Duchesne, âgé de 56 ans, et Suzanne Clermont, âgée de 61 ans.

M. Duchesne était le directeur des communicat­ions du Musée des Beaux-Art du Québec, a indiqué la ministre de la Culture Nathalie Roy. Quant à Mme Clermont, elle travaillai­t dans un salon de coiffure du Vieux-Québec.

L’identité des cinq blessés n’était toujours pas dévoilée dimanche. Parmi eux, certains ont subi des lacération­s profondes, mais la police n’a rien divulgué de leur état de santé.

AUCUNE MOTIVATION PARTICULIÈ­RE

Selon les témoignage­s recueillis auprès du suspect par la police de Québec dans les heures qui ont suivi son arrestatio­n, tout indique que l’auteur de ces crimes barbares n’avait aucune motivation particuliè­re. Les victimes auraient donc été choisies de façon aléatoire, au hasard des personnes croisées sur sa route.

Le geste était certaineme­nt prémédité, mais il ne s’agirait pas d’un attentat terroriste ni d’un geste motivé par la religion, a indiqué le chef de police de la ville de Québec, Robert Pigeon, en conférence de presse, dimanche matin.

«Présenteme­nt, il n’y a rien qui nous indique que les crimes ont été posés sur la base d’une motivation haineuse, religieuse, ethnique, d’orientatio­n sexuelle ou autre», a dit M. Pigeon, qui était entouré de la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, du maire de Québec, Régis Labeaume, et du ministre fédéral Jean-Yves Duclos.

Il s’agirait donc d’un geste isolé commis par un tueur solitaire, qui n’aurait pas d’antécédent­s judiciaire­s.

Le Vieux-Québec est pratiqueme­nt sous contrôle policier depuis samedi soir. On ne compte pas moins de 25 scènes de crime, dans les environs de la colline parlementa­ire, du Vieux-Québec, particuliè­rement aux alentours du Château Frontenac et du Vieux-Port, où le suspect a finalement été intercepté par la police, vers une heure, après une chasse à l’homme qui aura duré deux heures et demie.

On ignore toujours pourquoi le meurtrier a choisi la ville de Québec pour perpétrer ses crimes.

Le suspect, qui montrait des signes d’hypothermi­e au moment de son arrestatio­n, a été conduit à l’hôpital, mais il n’a subi aucune blessure. Il a été interrogé par la suite au bloc cellulaire.

On ne connaît pas son état mental. M. Pigeon n’a pas indiqué si l’individu avait des antécédent­s psychiatri­ques. Dimanche matin, il n’avait pas été évalué par un psychiatre. M. Pigeon n’a pas non plus voulu dire s’il tenait des propos cohérents aux policiers qui l’interrogea­ient.

En 2014, cependant, il aurait «verbalisé avoir l’intention de commettre des gestes comme ceux qu’il a posés» samedi, a révélé M. Pigeon, tenant cette informatio­n de source médicale.

On sait surtout qu’il a agi dans le but de «faire le plus de victimes possible», a-t-il soutenu.

Le chef de police n’a pas voulu confirmer des informatio­ns selon lesquelles le meurtrier avait en sa possession une arme à feu, en plus de son sabre.

Des témoins ont affirmé avoir entendu des coups de feu, qui auraient atteint mortelleme­nt leur voisine de la rue des Remparts, Suzanne Clermont.

Les samouraïs affectionn­aient le sabre japonais de type katana, qui est fait d’une longue lame courbée. Avec le manche, il peut atteindre environ un mètre. Ce n’est pas une arme prohibée au Québec.

L’enquête mènera la police à interroger des dizaines de personnes et à perquisiti­onner son domicile, a commenté le chef de police, afin de comprendre ce qui a pu se passer dans la tête du tueur. ■

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- La Presse canadienne: Jacques Boissinot Des voitures de police ont bloqué le Quai Saint-André là où les policiers ont arrêté un homme portant un costume médiéval.

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